5 tas de pièces de plus en plus hauts. Sur chacun on voit une petite plante.
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Les facteurs ESG, ou « environnementaux, sociaux et de gouvernance », ont récemment fait l’objet de discussions de la part du Global Investor Board (GIB) de l’AIMA. Ce comité est composé de hauts dirigeants d’investisseurs institutionnels mondiaux (représentant des intérêts sur les marchés publics et privés). Il est chargé de superviser les activités de sensibilisation des investisseurs de l’AIMA, ainsi que de faire progresser les bonnes pratiques et l’éducation du secteur des investissements alternatifs.

Il n’existe pas d’approche unique permettant l’interprétation des critères ESG – Il existe plutôt différentes approches pour aborder l’ESG, la géographie, la culture, la politique, la réglementation, les attitudes philosophiques, estime le GIN, et chacune d’elles jouent un rôle dans la position que prendra un gestionnaire d’actif.

  • Géographie : Certains pays sont axés davantage sur la Gouvernance (Japon, Corée du Sud), tandis que d’autres se concentrent davantage sur l’Environnement (Singapour, Canada, Suède, Hong Kong) ou sur la diversité, l’équité et l’inclusion dans la catégorie Social (États-Unis, Canada).  D’autres pays, comme les Pays-Bas, misent sur les trois aspects, E, S et G.
  • Climat : Les approches diffèrent en ce qui concerne le climat, les combustibles fossiles/les objectifs zéro émission nette. Certains gestionnaires d’actifs excluent ou se désinvestissent, tandis que d’autres s’engagent de manière proactive directement auprès des entreprises et investissent dans la durabilité. D’autres gestionnaires d’actifs se sont détournés de l’engagement auprès des producteurs de combustibles fossiles pour s’engager auprès des grands producteurs sectoriels, c’est-à-dire les services publics, les transports et l’aviation.
  • Réglementation : Certains gouvernements encouragent les allocataires à s’orienter doucement vers l’ESG sans influencer les investissements (Canada), certains exigent des allocataires qu’ils soient des modèles (Suède) tandis que d’autres ne font pas de l’ESG une priorité (Japon). Cependant, l’obligation fiduciaire reste globalement axée sur les rendements financiers, bien que le ministère américain du travail soit en train d’annuler la règle actuelle selon laquelle les fiduciaires ERISA doivent fonder leurs décisions d’investissement uniquement sur des facteurs pécuniaires.  D’autres fiduciaires, comme certains fonds de pension européens, ont intégré l’ESG dans leur obligation fiduciaire.

Les gestionnaires d’actifs se trouvent eux-mêmes à différentes étapes du parcours ESG : Beaucoup en sont encore à déterminer leurs propres politiques. Dans le cas des gestionnaires d’actifs qui sont déjà engagés dans leur parcours ESG, plusieurs ne considèrent pas les facteurs ESG comme un simple facteur d’atténuation des risques, mais bien comme une opportunité d’atteindre des objectifs de rendement. Les efforts ESG sont indépendants de la classe d’actifs et c’est là où l’on peut obtenir un effet de levier qui compte. Par exemple, il y a très peu d’effet de levier dans une structure de fonds de fonds, mais dans le cas où un capital d’amorçage est fourni, il peut exercer une grande influence.

Les attentes des gestionnaires d’actifs diffèrent selon les entreprises et les stratégies :

  • Les conversations actives avec les administrateurs sont importantes : Les gestionnaires d’actifs incluent les facteurs ESG dans le cadre d’une conversation active visant à déterminer la qualité des administrateurs. Il n’est pas nécessaire d’être tout pour tout le monde, mais l’intention compte. Les gestionnaires d’actifs cherchent à comprendre et veulent voir des évaluations honnêtes de l’état d’avancement d’un administrateur dans le processus et veulent le voir joindre le geste à la parole, vivre les exigences découlant de sa politique et éviter l’écoblanchiment. Certains gestionnaires d’actifs insistent effectivement pour que les administrateurs adoptent l’investissement responsable à l’échelle mondiale pour conserver ou attirer leurs investissements.
  • Les définitions, la nomenclature et les termes peuvent être dynamiques : Bien que les définitions des termes ESG, IR, durabilité, et impact, diffèrent légèrement à travers le monde, les gestionnaires d’actifs peuvent considérer ces termes comme de la sémantique – il est plus important que les administrateurs montrent objectivement ce qu’ils ont défini comme étant leur philosophie, leurs objectifs et leur politique.
  • L’intégration ESG peut différer selon la classe d’actifs ou la stratégie : La barre n’est pas placée à la même hauteur pour tous les administrateurs et toutes les stratégies. Les gestionnaires d’actifs reconnaissent que l’intégration de l’ESG au niveau d’un fonds peut être difficile pour certaines stratégies (trading, revenu fixe, etc.), mais ils espèrent qu’un administrateur de qualité considère l’ESG de manière générale au niveau de l’entreprise et tient compte des critères ESG (par exemple, en matière de recrutement, de diversité, d’économies d’énergie) qu’il peut contrôler. Les classes d’actifs du marché privé, en particulier les infrastructures ou l’immobilier, peuvent s’y conformer plus aisément, notamment en raison de la réglementation qui impose des normes énergétiques et une communication adéquate des données. On s’attend beaucoup moins à ce que les stratégies impliquant des périodes de détention à court terme s’intègrent facilement dans un cadre ESG en comparaison des stratégies comportant des détentions à plus long terme.
  • Possibilité d’impact et rôle des pairs : Si la capacité d’un fonds à avoir un impact ESG significatif est élevée, et que de nombreux pairs le font déjà, alors les gestionnaires d’actifs auront des attentes plus élevées lors de la sélection d’un administrateur. Si la capacité d’impact est faible (en raison de la stratégie ou de la taille), il y aura moins de pression sur un administrateur pour intégrer l’ESG.  Cela dit, il y aura toujours des normes ESG minimales à respecter.
  • Volonté de travailler avec des administrateurs émergents : Les gestionnaires d’actifs sont prêts à travailler avec les administrateurs émergents dans le cadre de leur parcours d’intégration de l’ESG et considèrent cela comme un processus évolutif.  Cela dit, les administrateurs établis ont souvent des failles à plusieurs égards et ont aussi besoin d’aide dans leur processus d’évolution ESG.
  • Recherches : Certains gestionnaires d’actifs ne retireront pas nécessairement un administrateur de leur analyse s’il n’a pas intégré l’ESG, mais ils examineront d’abord ceux qui l’ont fait, car cela peut refléter la capacité de leadership d’un administrateur en général. D’autres gestionnaires d’actifs n’envisagent pas d’investir si l’ESG ne fait pas partie intégrante du processus d’investissement de l’administrateur.
  • La diligence raisonnable et la communication des données sont importantes : Les modèles de diligence raisonnable (versions de l’AIMA, versions personnalisées des gestionnaires d’actifs ou autres versions de tiers), la documentation sur l’empreinte carbone et les autres rapports de divulgation ou de données constituent une partie importante du suivi des administrateurs externes par les gestionnaires d’actifs et peuvent être un bon point de départ pour la discussion.