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L’étude baromètre 2022 en assurance de LIMRA trace un survol d’un secteur de l’assurance vie où certaines carences sont plus importantes que jamais, en grande partie à cause de la pandémie.

Le rapport concerne uniquement les États-Unis, cependant la majorité des observations s’appliquent aussi au Canada, juge Chantal Mackenzie, vice-présidente régionale au Plan de protection du Canada, à Calgary. Il faut cependant se rappeler, note-t-elle, « que le marché canadien est financièrement plus conservateur ».

Les données finales ont été colligées à partir de 8 517 participants répartis entre quatre générations : la génération Z (1996-2003) représente 7% de l’échantillon, les millénariaux (1981-1997), 35%, la génération X (1965-1980), 28%, les « boomers » (1946-1964), 30%.

La statistique la plus marquante montre que l’écart entre ceux qui disent détenir de l’assurance vie et ceux qui signalent en avoir besoin s’est largement creusé depuis 2020. Après avoir atteint le seuil très mince de seulement 3% en 2013, cet écart s’est élargi à 18% en 2022.

En fait, cet écart est positif pour l’industrie « et tient en grande partie à l’effet de la pandémie, souligne Chantal Mackenzie. Plus de gens ont pris conscience d’un besoin pressant de couverture. »

Regarder vers l’intérieur

L’étude indique où reposent les opportunités, considère la spécialiste. Ainsi, un participant sur dix qui possède déjà de l’assurance vie affirme en avoir besoin davantage, tandis que 31% qui n’en ont pas disent qu’ils en ont besoin. « Les conseillers doivent se rappeler qu’au moins un client sur dix figurant dans leur book est conscient d’avoir des besoins accrus », dit-elle.

Depuis 2011, les taux de pénétration de produits d’assurance ont suivi des courbes fortement descendantes. Pour l’assurance vie, ce taux est passé de 63% à 50% en 2022, tandis qu’il est passé de 27% à 17% pour l’assurance invalidité. La pandémie a eu son effet aussi sur la perception de l’assurance invalidité: 53% des participants disent en avoir besoin.

« On s’occupe tous d’assurer nos autos et nos maisons, mais pas nos vies », déplore Chantal Mackenzie. Cela contribue à une situation de précarité très répandue car « la plupart des ménages ne se sont pas préparés à la perte du soutien économique principal, indique l’étude. Une personne interrogée sur 10 déclare que si ce soutien décédait, le ménage ressentirait des difficultés financières dans la semaine qui suivrait; 44% disent que cela prendrait moins de six mois. Seulement un répondant sur cinq dit avoir un filet de sécurité de cinq ans ou plus. »

Parler de la fin

L’étude montre un important obstacle psychologique à l’obtention d’assurance : 40% des participants se disent mal à l’aise d’aborder les questions de fin de vie. La façon de contourner cet obstacle est « de discuter plutôt avec les clients de questions de santé et de longévité pour en arriver finalement aux questions de décès, de succession et de besoins d’assurance », fait ressortir Chantal Mackenzie.

Comme on peut s’y attendre, plus on avance en âge et dans l’ordre des générations, plus les besoins en assurance sont comblés. La couverture est minime chez les membres de la génération Z, cependant ils ne représentent encore qu’un petit marché potentiel puisque peu d’entre eux ont atteint l’âge adulte. C’est parmi les millénariaux que le potentiel de marché est le plus important.

Cependant, les façons d’aborder les plus jeunes générations ont changé radicalement, là encore amplifiées par la pandémie et le Zooming systématique, ce qui met à l’honneur les voies d’accès numériques pour informer les clients, échanger avec eux et leur vendre des polices. « Les conseillers doivent être très conscients de cela, affirme Chantal Mackenzie. Les nouvelles générations vont magasiner leurs produits très différemment. »