Une femme assise à un bureau devant un ordinateur. Elle écrit sur un bloc note.
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Aussi rigoureux et éprouvé soit-il, aucun processus d’investissement ne peut échapper aux ravages d’un effondrement du marché. C’est ainsi qu’en mars dernier, le marché haussier, vieux de 11 ans, est devenu l’une des premières victimes de la COVID-19.

« Il est certain que la situation actuelle amène sur le marché sont lot de ventes sans discernement », déclarait récemment Peter Tomiuk, premier vice-président de la stratégie FNB chez CI First Asset, une division de CI Investments Inc. basée à Toronto.

Alors que les gestionnaires de fonds, les conseillers et les investisseurs individuels constatent les récentes pertes désastreuses, la question se pose : Quels types d’entreprises sont les plus à même de résister à une récession mondiale imminente et sont bien placées pour se redresser au cours du prochain cycle de marché?

Parmi les FNB canadiens basés sur des facteurs, les plus connus sont ceux qui utilisent des critères de valeur, de croissance ou de faible volatilité. Les FNB qui emploient des facteurs de qualité demeurent moins connus, mais méritent peut-être plus d’attention dans le climat d’investissement volatile actuel. Bien que les méthodologies diffèrent quelque peu entre les gestionnaires de fonds, celles-ci ont des éléments communs dans leur façon de voir la qualité, soit des indicateurs de rentabilité, de constance des bénéfices et de solidité du bilan.

« La qualité a été l’un des facteurs les plus performants au cours des quatre à cinq dernières années. C’est un facteur qui n’a peut-être pas eu autant d’écho auprès des investisseurs parce qu’il est plus récent », déclare Chris Heakes, directeur et gestionnaire de portefeuille, FNB, de la société torontoise BMO Asset Management Inc. Lancés en 2014, les FNB BMO sont les plus anciens de tous les FNB spécifiquement dédiés aux facteurs de qualité.

Avec des fonds dans les catégories des actions mondiales, américaines et européennes, BMO est l’un des trois fournisseurs canadiens dont les FNB à facteur de qualité utilisent les indices de MSCI. Les stratégies MSCI reposent sur trois caractéristiques fondamentales : un rendement élevé des capitaux propres, une croissance stable des bénéfices d’une année à l’autre et un faible levier financier. Les pondérations des actions dans les FNB BMO et CI First Asset sont dérivées d’une combinaison des scores de qualité MSCI et de la capitalisation boursière.

« La qualité consiste en fait à identifier les meilleures entreprises du monde », explique Chris Heakes, ajoutant qu’il peut s’agir d’entreprises de croissance ou de valeur. « Je pense que c’est presque un style d’investissement à la  »Warren Buffett », où l’on recherche des entreprises qui ont une sorte d’avantage concurrentiel et qui réussissent vraiment bien dans leurs secteurs respectifs. »

Les FNB BMO sont largement diversifiés en termes de nombre de titres. À la fin du mois de février, les FNB américains et européens détenaient chacun des actions de 125 sociétés par actions, tandis que le FNB mondial en détenait 329. La pondération maximale par action lors du rééquilibrage semestriel est plafonnée à 5 %.

« Nous aimons cette diversification ; je pense que c’est en partie ce qui rend la plupart des FNB attrayants pour les clients finaux », explique Chris Heakes. Dans les mandats mondiaux et américains, la plus grande pondération sectorielle récente est celle des technologies de l’information, avec les méga-caps américaines Microsoft Corp. et Apple Inc. en tête. Dans le FNB européen, c’est le secteur des soins de santé qui est le plus important, avec en tête la société suisse Roche Holding AG.

Dans la catégorie des actions canadiennes se trouve le CI First Asset MSCI Canada Quality Index Class ETF, sur le marché depuis 2016. Il détient un portefeuille concentré de 25 actions de grande et moyenne capitalisation, les services financiers étant le secteur le plus important. Un nouveau fonds est le iShares Edge MSCI USA Quality Factor Index ETF, proposé par la société torontoise BlackRock Asset Management Canada Ltd. Lancé en septembre 2019, il se distingue de son rival, le FNB d’actions américaines offert par la BMO, car il utilise des pondérations sectorielles neutres en accord avec le vaste indice MSCI USA.

Parmi les autres acteurs de l’investissement dans les facteurs de qualité, on peut citer Fidelity Investments Canada ULC, dont les FNB dans les catégories canadienne, américaine et internationale sont basés sur des indices de qualité exclusifs développés par l’organisation Fidelity aux États-Unis. Ces stratégies visent à identifier les entreprises dont les niveaux de rentabilité sont élevés et stables. Pour la plupart des secteurs, Fidelity utilise trois facteurs de qualité : la marge financière disponible (free cash flow margin), le rendement du capital investi et la stabilité des flux de trésorerie disponibles. Pour le secteur bancaire, il existe deux facteurs de qualité : le rendement des capitaux propres et le ratio d’endettement.

Ailleurs, la qualité peut s’inscrire dans une stratégie multifactorielle. C’est le cas de la suite de FNB liés sur les dividendes de qualité (iShares Core MSCI suite of quality dividend ETFs), et des FNB à croissance de dividendes de qualité CI WisdomTree. Ces derniers utilisent deux facteurs de qualité : des moyennes historiques sur trois ans pour le rendement des capitaux propres et le rendement des actifs.

« Un des éléments des entreprises qui présentent des caractéristiques de qualité est la croissance constante des actifs ainsi que le rendement des capitaux propres », explique Peter Tomiuk.

Parmi les stratégies multifactorielles, on trouve le CI WisdomTree Canada Quality Dividend Growth Index ETF, qui intègre la qualité, les dividendes et la croissance. Selon Peter Tomiuk, ce FNB peut être considéré comme une solution de base en matière d’actions canadiennes pour les investisseurs.

Au cours des périodes précédant le krach, qui se sont terminées le 29 février, les FNB à facteur de qualité ayant au moins trois ans d’existence ont été parmi les plus performants dans leurs catégories respectives. Les trois plus anciens – le FNB BMO MSCI All Country World High Quality Index, le FNB BMO MSCI USA High Quality Index et le FNB BMO MSCI Europe High Quality Hedged to CAD Index – ont chacun obtenu la meilleure note Morningstar de cinq étoiles pour les rendements corrigés du risque. Il en va de même pour le CI First Asset’s MSCI-based quality ETF.

« Nous avons vu de nombreuses preuves que la qualité fournit des rendements raisonnablement stables, déclare Peter Tomiuk. On a tendance à voir un peu plus de surperformance quand on est en fin de cycle ou en période de ralentissement économique, car les investisseurs sont prêts à payer une prime pour la qualité et la stabilité dans ces périodes. »

Dans le sillage du marché baissier qui a débuté en mars avec de multiples chutes du marché et une extrême volatilité, il n’y a pas d’image claire de la façon dont les stratégies vont se comporter. Toutefois, Chris Heakes affirme que les entreprises qui ont un historique de rentabilité constante, de solides flux de trésorerie disponibles et de faibles niveaux d’endettement sont mieux placées pour faire face à la pandémie de coronavirus et à la récession mondiale. Bien que la qualité n’ait pas encore été reconnue comme un autre facteur, « elle a tendance à bien servir les investisseurs ».

Les stratégies de qualité auraient tendance à être à la traîne, dit Chris Heakes, dans un environnement qui était un marché haussier « quelque peu aveugle » où chaque action se redresse. « Si vous obtenez ce grand rebondissement alors que tout le monde se sent bien et injecte de l’argent dans les actifs, prêt à prendre des risques supplémentaires – peut-être prêt à prendre trop de risques – les actifs de qualité se porteront toujours bien mais ils pourraient avoir un profil de croissance un peu plus mesuré. »

Il va sans dire que la sous-performance dans un marché surchauffé est le moindre des soucis des investisseurs de nos jours.