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« Un portefeuille est comme une famille. Ce n’est pas parce que quelqu’un traîne de la patte qu’il faut l’exclure de la famille. »

Voilà l’analogie qu’a utilisé Chris Heakes, vice-président et directeur de portefeuille, Placements de produits structurés mondiaux, FNB BMO, lors d’une table ronde sur les titres à revenu organisé par BMO Gestion mondiale d’actifs, à la fin de janvier.

Dans un portefeuille de client, les titres à revenu fixe peuvent à la fois jouer un rôle de préservation du capital et de diversification, a-t-il souligné à cette occasion. En effet, on observe une faible corrélation entre les rendements des titres à revenu fixe et ceux des actions, en général.

« Ces deux fonctions des titres à revenu fixe sont liées. La raison pour laquelle les obligations préservent le capital est parce qu’ils diversifient le portefeuille. C’est le cœur du rôle du revenu fixe », a ajouté Chris Heakes.

Malgré ces éléments, les titres à revenu fixe sont contre le vent, notamment en raison de la hausse prévue du taux directeur à la fois aux États-Unis et au Canada découlant de la pression inflationniste. Lorsque les taux d’intérêt montent, le prix des obligations baisse et vice-versa.

Lors de la table ronde, différents panélistes ont présenté leurs perspectives par rapport aux titres à revenu fixe pour 2022.

Selon Chris Heakes, on peut s’attendre, d’ici 2023, à une hausse du taux directeur de 100 points de base aux États-Unis et peut-être de 150 points de base au Canada.

« La hausse des taux d’intérêt est un défi de taille pour les marchés des titres à revenu fixe. Une duration plus courte et des stratégies de titres de créance de qualité supérieure devraient générer un rendement supérieur si la réouverture économique reprend et si d’autres hausses de taux ont lieu comme prévu », a-t-il noté.

Il existe des occasions dans la partie à courte échéance et la partie à longue échéance de la courbe des rendements obligataires, mais peu entre deux, selon Jimmy Karam, directeur général, négociation de FNB, BMO Marchés des capitaux.

En effet, d’après lui, le marché anticipe sept hausses du taux directeur en 2022, ce qui est un scénario un peu agressif. La non-réalisation de ce scénario crée une occasion selon lui dans la partie à courte échéance. Dans la partie à longue échéance, il entrevoit des occasions entre autres parce que la courbe des taux devrait s’aplatir, selon lui.

C’est pourquoi il recommande la stratégie de l’enclume, où la pondération en obligations est concentrée dans les deux extrémités de la courbe des taux.

Afin de composer avec l’inflation, il invite les conseillers à considérer les fonds ayant comme actif les titres du trésor indexés à l’inflation, les Treasury Inflation-Protected Securities (TIPS), comme le ZTIP.F – FINB BMO TIPS à court terme (parts couvertes) ou le QTIP – FINB TIPS américains Mackenzie (couvert en $ CA).

« Les TIPS américains sont indexés à l’IPC pour que le taux d’intérêt payable reste le même et contribue à atténuer l’érosion par l’inflation de la valeur de ces versements. Le ZTIP se concentre également sur les obligations du Trésor à duration plus courte, ce qui est important pour profiter de l’anticipation de l’inflation à court terme », a noté Elmer Atagu, directeur général, négociation de FNB, RBC Marchés des Capitaux.

Tout comme Chris Heakes, Jimmy Karam juge que les actions privilégiées canadiennes à taux révisable continuent de profiter de la hausse et de l’amélioration des écarts de taux.

Ainsi, la hausse des taux d’intérêt profite aux actions privilégiées, puisque les dividendes sont révisés à un taux plus élevé. De plus, les changements de réglementation ont ouvert la voie à l’émission de titres de créance hybrides au Canada et les émetteurs sont plus nombreux à choisir d’en émettre pour remplacer les actions privilégiées.

« Ce mouvement a accéléré le rachat des actions privilégiées et réduit leur émission. La quête incessante de rendement, conjuguée à la pression exercée par l’insuffisance de l’offre, devrait encore pousser les prix à la hausse », lit-on dans un résumé de ses positions. Pour atteindre une exposition convenable, il évoque les fonds ZPR – FINB BMO échelonné actions privilégiées et HPR – FNB Horizons actif actions privilégiées.

Séries en dollars américains

Les investisseurs canadiens, spécifiquement les retraités migrateurs, pourraient envisager de détenir des séries de FNB libellées en dollars américains ($ US), ont noté Chris Heakes et Jimmy Karam, lors de la table ronde.

Chez BMO Gestion mondiale d’actifs, ce type de fonds a la déclinaison « .U » à la suite du symbole boursier du fonds. Selon les panélistes, il y aurait plusieurs raisons de les utiliser.

Les retraités migrateurs détenant des dollars américains peuvent ainsi éviter d’importants écarts de taux de change en conservant leur argent en dollars américains et en investissant dans la catégorie U.

« Les FNB domiciliés au Canada ne sont pas assujettis aux règles fiscales américaines sur les successions. Si vous achetez un SPY/VOO/IVV, etc., vous devrez produire un formulaire T1135 pour les actifs de plus de 100 000 $ », a évoqué Jimmy Karam.

De plus, les placements américains non couverts peuvent offrir une protection naturelle aux Canadiens en cas de vente massive, puisque les situations d’aversion pour le risque typiques sont synonymes d’appréciation du dollar américain. Par exemple, le taux de change $ US/$ CAN a bondi à 1,45 lors de la dernière vente massive de mars 2020, lit-on dans une note de la conférence.