Un homme d'affaire qui hésite entre deux chemins dont un mène aux ténèbres et l'autre à la lumière
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Ne perdez pas le sommeil pour leur survie. Les FNB à gestion passive représentent malgré tout la part du lion du marché canadien. Par exemple, 21 des 25 plus grands FNB préconisent la gestion passive. N’empêche. Alors que les fonds actifs – dont certains avec des tarifs plus compétitifs que jamais- envahissent le marché des FNB, il y a lieu de se poser quelques questions.

On évoque souvent les frais modiques pour justifier l’investissement avec les fonds passifs. Par exemple, les fonds communs actifs d’actions canadiennes affichent souvent des ratios de frais de gestion (RFG) pharaonesques se situant entre 2 % et 2,50 %. En même temps, vous est offerte la possibilité d’investir avec un FNB passif qui calque l’indice S&P/TSX Composé pour un RFG minuscule de 0,06 %. Mais alors que de plus en plus de FNB à gestion active sont offerts avec des RFG plus abordables, certains investisseurs se demandent s’ils ne pourraient pas avoir le meilleur des deux mondes : la possibilité de rendements supérieurs et des frais raisonnables. Est-ce la bonne stratégie?

Personnellement, je persiste à croire qu’un fonds passif bien conçu et à faible coût demeure le meilleur choix.

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Premièrement, même s’il est vrai que bien des FNB à gestion active sont offerts à des tarifs bien inférieurs à ceux des fonds communs équivalents, leurs frais demeurent généralement au-dessus de la barre des 0,50 %, ce qui demeure cher par rapport aux meilleurs FNB passifs.

Ensuite, si vous pensez que les frais constituent le seul facteur qui explique les rendements inférieurs des fonds actifs, vous faites peut-être erreur. En effet, dans un rapport dévastateur, la firme Standard and Poor’s démontre que les fonds communs d’actions offerts aux États-Unis ne parviennent pas à surpasser leur indice de référence, et ce peu importe que les frais soient déduits ou non des rendements. Plus précisément, sur une période de dix ans, les fonds d’actions gérés activement ont échoué le test dans seize catégories sur dix-sept!

Troisièmement, les gestionnaires actifs tendent à avoir, justement, un comportement « actif », c’est-à-dire à négocier un important volume de transactions. Ces nombreuses transactions engendrent des commissions qui enrichissent les banques d’affaires aux frais des investisseurs. Par contraste, les fonds passifs ne cherchent qu’à « mimer » le marché. Ils effectuent peu de transactions et sont pingres sur les commissions, en plus de déclencher peu de distributions de gains en capital imposables.

Quatrièmement, les fonds passifs de bonne qualité sont prévisibles : les investisseurs savent d’avance qu’ils obtiendront à peu près le rendement du marché. Le marché, lui, est très imprévisible sur de courtes périodes, mais sur le très long terme, on peut se faire une assez bonne idée de son rendement espéré. Par contre, les fonds gérés activement – surtout ceux présentant un indice ActiveShare élevé, c’est-à-dire ceux qui sont les plus différents de leur indice de référence, proposent un rendement à long terme beaucoup plus imprévisible : ils peuvent surpasser le marché de beaucoup, mais ils peuvent aussi se planter royalement.

Cinquièmement, je trouve que les fonds passifs conviennent mieux à la planification financière. Parlons franchement. La plupart des gens n’investissent pas pour la rigolade. Au contraire, ils visent un objectif capital : très souvent, c’est l’indépendance financière. Or, la poursuite de cet objectif est semée d’écueils. La vie a ce don de nous bousculer avec toutes sortes d’imprévus : perte d’emploi, problème de santé, la naissance de jumeaux, etc. Tous ces imprévus bouleversent la capacité d’épargner, d’investir et de préparer l’avenir. Dans ce contexte, recourir à la gestion active ne fait qu’en rajouter une couche, puisque les rendements à long terme sont moins prévisibles que ceux des fonds passifs.

Sixièmement, les fonds passifs protègent l’investisseur contre la dérive du gestionnaire. Il n’est pas rare de constater qu’un fonds actif d’actions canadiennes contient une bonne proportion d’actions américaines. Ou encore de liquidités. Personnellement, je déteste cette manie. Si j’achète un fonds d’actions canadiennes, c’est parce que je veux des actions canadiennes. N’est-ce pas clair? Achèteriez-vous un tube de dentifrice comptant 20% de crème solaire? Par contraste, un bon FNB passif fait toujours ce qu’il est supposé de faire : il calque l’indice de marché qui est précisé dans sa politique de placement.

Finalement, avec les fonds passifs, il n’y a pas d’excuses pour expliquer des mauvais rendements. Si un fonds passif ne reproduit pas son indice, vous pouvez le congédier sans hésiter. Par contre, un fonds actif peut toujours justifier une ou plusieurs mauvaises années par le fait (véridique) qu’aucune stratégie ne peut raisonnablement promettre de surpasser le marché tous les ans.

En conclusion, à mes yeux, même à frais égaux, il n’y a pas d’hésitation : les meilleurs fonds à gestion passive l’emportent haut la main pour les investisseurs qui veulent aller de l’avant et se bâtir un patrimoine!