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La « fintech verticale » est l’innovation financière de l’heure. Elle touche les entreprises qui développent des technologies pour s’approprier leurs marchés verticaux à des fins de croissance. Et le mouvement ne fait que commencer, selon des participants à la dixième édition du Forum Fintech, présentée les 26 et 27 septembre à Montréal.

« L’idée derrière la fintech verticalisée est de créer un logiciel qui s’intègre dans le flux de travail des différents acteurs, que ce soit pour un segment de l’industrie ou pour une niche spécifique, et d’intégrer ensuite différents types de produits de services financiers dans ce flux », résume Jordan Huck, directeur général de Notch Financial.

La fintech verticalisée a créé un logiciel qui permet d’intégrer les différentes étapes de l’achat numérique de produits alimentaires de gros pour les restaurants et les distributeurs, de la prise de commande au paiement final.

L’exemple de Lightspeed

Le modèle verticalisé est utilisé par plusieurs grands joueurs du secteur, dont Lightspeed. L’entreprise fondée en 2005 à Montréal s’est concentrée à ses débuts sur la fourniture de logiciels de gestion de caisse aux détaillants et aux restaurants. Au fil du temps, les transactions transigées sur la plateforme de Lightspeed ont augmenté pour atteindre environ 100 milliards de volume annuel actuellement, selon son président, JD St-Martin. En 2019, l’entreprise a décidé de fournir sa propre solution de paiement à ses clients avant que des concurrents ne saisissent ce marché.

« Et nous ne faisons que commencer. Il y a beaucoup plus que nous pouvons faire autour des services financiers. Nous avons lancé nos produits de capital. Nous parlons maintenant de la paie et d’autres services pour continuer à approfondir les besoins verticaux de nos clients et, en fin de compte, continuer à être un guichet unique qui alimente tous leurs flux de production », déclare JD St-Martin.

Les données pour se rapprocher des clients

Les solutions verticales permettent aux fintechs de résoudre « chirurgicalement » les enjeux de leurs clients. Notch a organisé une centaine de rencontres avec des grossistes depuis un an afin de récolter de l’information sur les habitudes de paiement des utilisateurs de la plateforme. La compagnie utilise ces données pour développer de nouveaux services financiers. « La connaissance de votre secteur vertical détermine la feuille de route du logiciel. Lorsque vous l’intégrez dans le flux de production, vous êtes alors dans une position privilégiée », dit Jordan Huck.

La démarche qui consiste à utiliser les connaissances tirées des données pour améliorer les produits développés par les fintechs est excellente, souligne Kathryn Petralia, co-fondatrice et présidente de Keep Financial. La firme a eu recours à cette méthode pour bâtir sa plateforme de rémunération.

« Vous pouvez collecter des données par le biais de la paie, mais aussi par le biais d’autres sources auxquelles les employés peuvent vous donner accès. Vous pouvez ensuite leur proposer d’autres produits financiers et les aider à prendre des décisions sur leur vie financière au moment du paiement », illustre-t-elle.

Selon Steph Choo, associée chez Portage, qui a des investissements dans une soixantaine de fintechs, d’autres services financiers s’ajouteront bientôt aux solutions de paiements dans l’environnement de la fintech verticale. Elle pense notamment aux secteurs des hypothèques et de l’assurance, où il y a un potentiel important pour offrir de nouveaux services. Ce mouvement pourrait être amplifié par les progrès de l’intelligence artificielle générative, qui accélèrera « la convergence entre le vertical et l’horizontal »