Un homme d'affaire qui tient un bouclier.
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Personne n’aime être à la baisse, comme c’est le cas de presque tous les investisseurs cette année pour leurs avoirs en actions. Or, certaines stratégies, de nature plus défensive, ont échappé aux pires ravages de la chute des marchés boursiers de cette année.

« Les caractéristiques défensives se présentent sous diverses formes », selon Karl Cheong, responsable de la distribution chez First Trust Portfolios Canada, basé à Toronto. Les fonds d’actions offerts par cette firme comprennent une série de fonds négociés en Bourse (FNB) « tampons » qui offrent une protection partielle contre les pertes du marché sans pour autant prendre des paris sectoriels.

Pour la plupart, cependant, les FNB d’actions à faible risque sont définis par leurs positions. « Les portefeuilles à faible volatilité ou défensifs se caractérisent par un poids plus élevé dans les secteurs défensifs et un poids plus faible dans les secteurs cycliques », rapporte Chris Heakes, directeur et gestionnaire de portefeuille chez BMO Asset Management à Toronto. En général, cela se traduit par une surpondération de secteurs tels que les services publics et les biens de consommation de base, et une sous-pondération des secteurs cycliques comme l’énergie et les matériaux.

Dans le choix des titres individuels, les investisseurs défensifs devraient privilégier les entreprises dont les marges bénéficiaires sont relativement élevées et qui sont relativement peu exposées aux produits de base, suggère Paul MacDonald, directeur des placements et gestionnaire de portefeuille chez Harvest Portfolios Group à Oakville, en Ontario. Une autre caractéristique de ces sociétés est que la demande pour leurs produits et services reste relativement stable dans les marchés haussiers  comme ceux baissiers.

Les actions des services publics, par exemple, ont enregistré des performances relativement bonnes, bien qu’elles soient souvent considérées comme sensibles au rendement dans un environnement de hausse des taux. « Le marché semble payer davantage pour la constance et la certitude des flux de trésorerie », constate Paul MacDonald, dont la société propose notamment le Harvest Equal Weight Global Utilities Income ETF.

La taille compte également pour Harvest, qui privilégie les grandes entreprises dont la capitalisation boursière est supérieure à 10 milliards de dollars (G$). « Les grandes entreprises ont prouvé leur capacité d’exécution à travers les cycles de marché, et leurs gammes de produits sont souvent diversifiées », analyse Paul MacDonald. Historiquement, ajoute-t-il, les sociétés à grande capitalisation ont fait preuve d’opportunisme en procédant à des acquisitions pendant les périodes de faiblesse du marché.

Les stratégies axées sur les dividendes sont une autre caractéristique associée à l’investissement défensif. « Elles peuvent être un autre moyen de constituer un portefeuille défensif », suggère Chris Heakes. Il cite le FNB BMO canadien de dividendes comme exemple de portefeuille composé de sociétés canadiennes à forte capitalisation, notamment des banques, des pipelines et des sociétés de télécommunications.

« Elles sont en croissance, mais elles ont toujours cette capacité à restituer du capital aux actionnaires sous forme de dividendes ou de rachats (d’actions), remarque Chris Heakes. Nous nous attendons à ce que le flux de dividendes reste assez régulier et qu’il augmente même un peu au fil du temps. Cela ajoute donc une certaine stabilité au portefeuille. »

Le rendement annualisé des distributions du FNB était de 4,48 % à la fin de septembre, soit environ 110 points de base de plus que celui de l’indice général des actions canadiennes de BMO. Et son rendement sur un an au 30 septembre, bien qu’il ne soit que faiblement positif à 1,2 %, a dépassé son homologue de l’indice de plus de 6,5 points de pourcentage.

La vente d’options d’achat couvertes, tout en réduisant les gains en capital potentiels, peut également réduire le risque tout en générant un revenu de prime fiscalement avantageux. Parmi les FNB d’actions qui offrent ces superpositions d’options figurent ceux qui font partie des familles BMO, Brompton, CI, Evolve, Harvest et Horizons.

« Lorsque les rendements sont très difficiles à obtenir sur le marché, cette stratégie d’options d’achat couvertes et le flux de trésorerie supplémentaire que vous pouvez gagner sont vraiment une composante d’une stratégie de rendement total », explique Paul MacDonald.

Les FNB d’actions à options d’achat couvertes de Harvest peuvent vendre des options d’achat sur un maximum de 33 % des actifs de chaque participation. « Nous voulons avoir la capacité de générer notre distribution mensuelle fixe, déclare Paul MacDonald, mais en même temps conserver une position acheteur. »

Diverses sociétés de FNB proposent des FNB à faible volatilité dont le mandat explicite est de fournir des écarts types de rendement plus faibles et une sensibilité réduite à la hausse des taux d’intérêt que les marchés au sens large. Les manufacturiers qui ont une gamme du genre sont BMO, Brompton, CI, CIBC, Fidelity, Invesco, iShares, TD et Vanguard.

Par exemple, la série de FNB à faible volatilité parrainée par la société Invesco Canada de Toronto englobe les marchés canadiens, américains et étrangers. Comme c’est le cas pour les stratégies à faible volatilité, la sélection des titres est fondée sur la recherche de faibles écarts-types. « Ces stratégies tendent historiquement à graviter vers des secteurs plus sûrs », note Darim Abdullah, vice-président et stratège des FNB chez Invesco Canada.

« L’idée des stratégies à faible volatilité est d’aider les clients à réduire potentiellement la volatilité globale et les ratios de capture de la baisse globale par rapport au marché élargi », explique Darim Abdullah. Ces stratégies y sont parvenues, ajoute-t-il, tant sur des périodes à long terme que depuis le début de l’année.

La stratégie défensive sur actions la plus distinctive est celle de First Trust. Ses FNB tampons offrent une exposition à l’indice large S&P 500 des actions américaines en combinaison avec des options qui limitent à la fois les gains et les pertes sur une période d’un an.

Lors de son dernier renouvellement d’un an en août, le First Trust Cboe Vest U.S. Equity Buffer ETF – AUG, vieux de trois ans, a été soumis à un plafond de 20,46 % sur les rendements avant frais. Plus important encore pour les investisseurs défensifs, toute perte serait réduite de 10 points de pourcentage. Depuis le début de l’année, ce FNB a rendu le marché baissier américain beaucoup moins douloureux. Sa perte de 14 % a été inférieure de près de 10 points de pourcentage à la chute de l’indice S&P 500.

Selon Karl Cheong de First Trust, les FNB tampons offrent aux investisseurs le rendement et le profil de risque d’un portefeuille 60-40 composé d’actions et de titres à revenu fixe, mais ils ne l’ont pas fait dans cet environnement de marché où les actions et les obligations ont baissé de plusieurs dizaines de pourcentages.

Selon lui, la stratégie tampon est plus quantifiable et prévisible que la sélection d’actions à faible volatilité, et peut offrir une protection dans n’importe quel environnement de marché. « Il n’y a vraiment pas de meilleure option pour un investisseur en actions qui veut investir de manière défensive, mais qui ne veut pas choisir un secteur ou un style particulier. »