En lui-même, le risque n’est ni bon ni mauvais. Finance 101 nous apprend que le marché doit offrir des rendements attendus plus élevés au fur et à mesure que la probabilité qu’il perde de la valeur ou que l’ampleur des pertes possibles augmente. Autrement, à choisir entre deux placements, personne ne choisirait le plus risqué des deux. Les investisseurs ont tendance à éliminer par à la concurrence les occasions de placement à fort rendement et à faible risque, et le risque est donc généralement la principale source du rendement des placements. C’est pourquoi les catégories d’actifs risqués comme les actions fournissent historiquement, à long terme, un rendement supérieur à celui des obligations. Mais des pertes importantes au mauvais moment, conjuguées à la tendance qu’a l’investisseur d’acheter au prix fort et de vendre à bas prix, peuvent se poser en sérieux obstacle à l’accumulation du patrimoine. La gestion efficace du risque est l’un des principaux ingrédients d’un placement réussi.

La première étape consiste à éviter ou à éliminer les sources de risque inutiles, c’est-à-dire celles que le marché ne récompense pas. En moyenne, les investisseurs ne devraient nullement être compensés du risque qu’ils peuvent éliminer par la diversification. C’est la notion qui est au coeur du modèle d’évaluation des actifs financiers, qui prédit que la sensibilité des actifs aux fluctuations du marché (mesurée par le bêta), un risque que les investisseurs ne peuvent pas éliminer par la diversification, est le seul type de risque que le marché récompense. Du moment que les actifs ne sont pas parfaitement corrélés, les combiner dans un portefeuille réduit le risque par rapport au risque moyen pondéré de chaque avoir. Parce que la diversification est facile, seule la contribution d’un actif au risque d’un portefeuille diversifié devrait déterminer son rendement escompté. Alors que le risque d’un portefeuille est inférieur à la somme des risques apportés par chacune de ses parties, son rendement est tout simplement la moyenne pondérée des rendements de ses avoirs. Par conséquent, dans la mesure où les actifs ne sont pas corrélés, les investisseurs peuvent réduire le risque par la diversification sans sacrifier le rendement.

Pour illustrer cela, prenons le cas de Lexicon Pharmaceuticals LXRX , une société américaine de biotechnologie qui n’a présentement aucun médicament sur le marché. Deux de ses médicaments en sont aux derniers stades de développement et doivent encore être approuvés par la FDA (l’administration des aliments et des médicaments aux États-Unis), sans quoi la compagnie demeurera non rentable. L’analyste des actions de Morningstar Karen Andersen estime que chaque médicament a 60 % de chances de recevoir cette approbation. Cela représente un risque énorme pour ceux qui ont investi dans cette action. Mais puisque l’aval de la FDA ne serait pas lié à la santé de l’économie ou à la performance d’autres compagnies, les investisseurs peuvent virtuellement éliminer ce risque en détenant ce titre dans un portefeuille diversifié. Donc, le marché ne devrait pas compenser les investisseurs pour le risque qu’ils ont pris. En l’absence de données spécifiques, c’est une bonne pratique que d’éviter la concentration dans un portefeuille.

Stratégies d’actions pour réduire le risque

Un portefeuille diversifié peut tout de même avoir un profil de risque/récompense défavorable. Contrairement aux prédictions du modèle d’évaluation des actifs financiers, il y a empiriquement peu de relation entre la sensibilité d’un actif aux fluctuations du marché (bêta) et ses rendements. D’ailleurs, les actifs au bêta supérieur offrent historiquement les rendements les plus faibles par rapport à leur volatilité. Cela pourrait créer une occasion pour les investisseurs de réduire le risque sans trop sacrifier le rendement en surpondérant les actions à faible volatilité.

Les actions à faible volatilité ont tendance à se sous-classer en période haussière. Les investisseurs qui ne veulent ni ne peuvent avoir recours au levier financier pour stimuler leur rendement peuvent être attirés par des actifs plus risqués, entraînant ainsi une surévaluation par rapport au risque encouru. Les investisseurs peuvent aussi trop payer pour des actions volatiles parce que celles-ci leur donnent une petite chance de gagner le gros lot, comme un billet de loterie.

La volatilité elle-même peut freiner le rendement.

Les FNB à faible volatilité, tel que le FNB BMO d’actions canadiennes à faible volatilité ZLB et iShares MSCI USA Minimum Volatility XMU , permettent aux investisseurs de réduire ce glissement. Détenir ces fonds comporte un coût. Ils seront vraisemblablement à la traîne en marché haussier et performants en marché baissier. Sur tout un cycle du marché, cela pourrait permettre aux investisseurs d’enregistrer des rendements comparables à ceux du marché mais à moindre risque. Toutefois, cette stratégie pourrait devenir moins efficace à mesure que de plus en plus d’investisseurs tentent d’en profiter.

Les investisseurs peuvent obtenir des améliorations comparables de leurs rendements au cours des marchés baissiers en ciblant les actions de qualité, celles qui ont une forte rentabilité, un avantage concurrentiel viable et des bénéfices stables. Malgré un certain chevauchement entre les actions de qualité et les actions à faible volatilité, toutes les actions de qualité n’affichent pas une faible volatilité ( Google GOOG , par exemple), et les actions à faible volatilité n’ont pas toutes une rentabilité extrêmement élevée (j’en veux pour exemple la plupart des actions de services publics).

3M MMM est un bon exemple de titre de qualité. La société fabrique de nombreux produits de consommation et industriels, notamment des autocollants et du ruban adhésif (ruban Scotch), des enduits et des systèmes de filtrage. Elle possède un solide portefeuille de brevets et présente un avantage de coût par rapport à ses pairs, et elle investit énormément dans le développement de ses produits pour maintenir son avance, ce qui lui donne une forte bastille économique. Les produits de 3M ont tendance à représenter une faible portion des dépenses totales de ses clients. Selon Keith Schoonmaker, directeur à Morningstar de la recherche sur les actions et responsable du secteur des valeurs industrielles, cela signifie que les consommateurs sont plus susceptibles d’aller voir ailleurs pour réduire leurs coûts avant de laisser tomber les produits 3M. Cela donne à la firme une certaine flexibilité pour augmenter ses prix. En période de récession, les sociétés de qualité comme 3M peuvent subir de plus petites chutes de bénéfices que ses concurrentes moins avantagées, qui doivent peut-être s’en remettre davantage aux réductions de prix et qui peuvent avoir du mal en cas de hausse des coûts. Par conséquent, les sociétés de qualité ont tendance à comporter moins de risque au niveau de leurs affaires et peuvent permettre aux investisseurs de préserver leur patrimoine en période baissière.

Stratégies de portefeuille

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Stratégies de portefeuille

Même si les investisseurs peuvent réduire le risque au sein de leur portefeuille d’actions en surpondérant les actions de qualité et celles à faible volatilité, il pourrait être encore nécessaire de limiter la participation aux actions. La meilleure chose à faire est de ne prendre que les risques dont on peut s’accommoder. En général, la probabilité de perte dans les catégories d’actifs volatiles est plus forte sur de courtes durées. C’est donc une bonne pratique de conserver l’argent dont on a besoin à court terme (moins de trois ans) dans des actifs moins risqués comme les liquidités et les obligations de qualité supérieure à court terme. Néanmoins, même les investisseurs ayant un horizon à long terme feraient bien de réduire leur participation aux actions si les grosses fluctuations boursières leur sont insupportables. De nombreux investisseurs paniquent et vendent leurs placements lorsque les pertes deviennent trop douloureuses, pour se raccrocher au wagon lorsque la conjoncture est bonne et que les évaluations sont gonflées. Cela peut expliquer pourquoi les rendements que gagnent les investisseurs ont tendance à traîner par rapport aux rendements des fonds dans lesquels ils investissent.

Limiter la participation aux actions peut susciter des coûts de substitution élevés. Les options de vente peuvent être une solution viable quoiqu’onéreuse pour se protéger. Les options de vente font office d’assurance contre la chute de valeur d’un actif et donnent aux investisseurs qui détiennent cet actif la possibilité de plafonner leurs pertes potentielles tout en participant à une hausse éventuelle du marché. Mais comme pour toute assurance, les investisseurs doivent payer une prime pour cette protection, et cela peut éroder les rendements. Les investisseurs peuvent réduire le coût de cette protection en achetant des options de vente comportant un prix de levée plus faible, acceptant ainsi plus de risque et se protégeant seulement contre les grosses pertes. Les options de vente permettent aux investisseurs de rester sur le marché même après que le prix du marché a chuté au-dessous du prix de levée d’option (les investisseurs peuvent vendre cette option pour comptabiliser le gain de compensation).

Les ordres de vente stop ont une fonction similaire aux options de vente et ne comportent pas de coût spécifique. Toutefois, contrairement aux options de vente, ces ordres de vente expulsent les investisseurs du marché lorsqu’elles sont déclenchées, ce qui peut entraîner une imposition sur les gains en capital et des occasions manquées. Une hausse de la volatilité boursière peut déclencher un ordre de vente stop même si la baisse de valeur n’était que temporaire.

Il n’y a pas de solution miracle pour gérer le compromis entre le risque et les rendements. Toutefois, il est impératif de ne prendre que les risques que le marché récompense et ceux dont on peut s’accommoder. Ce sont les préférences des investisseurs en matière de risque qui devraient régir leurs objectifs de rendement, et non l’inverse.