Plusieurs personnes devant un ordinateur regardant des graphiques financiers.
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Lentement mais sûrement, les FNB gagnent en popularité et tout indique que la croissance observée en ce qui a trait au nombre de manufacturiers, à la quantité de produits offerts, et à la valeur de l’actif sous gestion (ASG), va se poursuivre.

 « La croissance des FNB [au Canada] est très rapide, affirme Daniel Straus, vice-président, FNB et recherche, produits financiers, à la Financière Banque Nationale à Toronto. 2017 a été une année record, et 2018 a été excellente. Et bien que le marché américain du FNB soit, toutes proportions gardées, le double du marché canadien, nous allons encore observer beaucoup de croissance dans ce marché. Les États-Unis ont tendance à être un précurseur dans les produits financiers. Les FNB, c’est un party auquel tout le monde veut participer. Ils permettent, entre autres, une exposition à des milliers d’actions à travers le monde!»

Et toutes les données lui donnent raison. Selon un rapport de la BMO, si le secteur mondial des FNB devrait doubler au cours des cinq prochaines années, le secteur canadien va connaître une croissance encore plus rapide. Si en 2018, l’ASG canadien pour ces produits a atteint 156 G$, en 2024, il devrait se situer à 400 G$. Et en 2018, « il y a eu 20 G$ de nouvel argent dans les FNB au Canada », constate Raymond Kerzérho, directeur de la recherche chez PWL Capital.

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Entre 2007 et 2018, l’ASG des FNB a presque été multiplié par huit et leur part de marché a quadruplé par rapport à celle des FCP. Pendant la même période, l’ASG des FCP doublait. Attention, le FCP demeure, et de loin, le véhicule privilégié des investisseurs, à 990,4 G$ d’actifs sous gestion en 2018, selon les données de PWL Capital, mais les FNB grignotent du terrain. Inéluctablement, leur place est appelée à grandir, comme le nombre de joueurs et de produits. Selon Alain Desbiens, directeur des fonds négociés en bourse BMO Québec, « Bien qu’il y ait trois gros joueurs au Canada qui détiennent quelque 80% des actifs : BMO, Vanguard et iShares, nous sommes rendus à une quarantaine de distributeurs, selon la TD. Et le nombre de produits sur le marché est en constante augmentation. Il y a eu une centaine de nouveaux FNB en 2018 et il y en aura beaucoup plus cette année. » Bien sûr, la multiplication des joueurs exerce une pression à la baisse sur les frais de gestion.

L’intérêt des FNB

Plusieurs facteurs expliquent cette croissance en popularité du FNB au Canada. D’abord et avant tout : les frais de gestion. « Depuis la crise financière de 2008, les investisseurs semblent plus enclins à faire attention aux coûts, croit Daniel Straus, de la FBN. Ils sont très, très abordables et peuvent être très profitables. »

Selon PWL Capital, le ratio des frais de gestion (RFG) en moyenne pondérée est de 0,64% pour un FNB à gestion active contre 1,74% pour un FCP à gestion active. En gestion passive, le RFG est encore plus alléchant, pour un FNB, il est de 0,24% contre 0,68% pour un FCP. Encore mieux, les frais « vont continuer de baisser », croit Alain Desbiens, de la BMO.

Mais au-delà des frais de gestion, les FNB recèlent de nombreux autres avantages. « Ce sont des produits très transparents, faciles à échanger. Ils offrent de plus en plus une large gamme de stratégies, notamment en gestion active et ils permettent des stratégies avant-gardistes et novatrices afin de prendre de la valeur sur une longue période. C’est relativement nouveau », explique Guy Lamontagne, vice-président et chef des stratégies de placements chez Desjardins Gestion internationale d’actifs (DGIA).

Gestion active ou passive?

 Particularité toute canadienne, les FNB à gestion active sont beaucoup plus populaires ici que chez nos voisins du sud. La proportion est environ de 69% passive au Canada contre 31% active, tandis qu’aux États-Unis, c’est plutôt 88% passive contre 12% active, observe Raymond Kerzérho. « Si, au Canada, les grands joueurs de l’industrie ont fait beaucoup de promotion pour la gestion active, la gestion passive gagne du terrain, mais très lentement. »

Ceci dit, tous les experts interrogés s’entendent sur une chose, la gestion active, comme la gestion passive, va continuer de s’accroître, vu la popularité grandissante des FNB. Reste que pour Raymond Kerzérho, qui a produit une étude sur la « comparaison des fonds passifs et des fonds actifs », il n’y a aucun doute, les investisseurs devraient, et de loin, privilégier la gestion passive.

« Je n’ai pas encore vu d’étude sérieuse qui démontrait que la gestion active offrait quelconque avantage, dit-il. Par ailleurs, c’est plus cher, ça introduit une inconstance à capturer les primes du marché, c’est une distraction par rapport à d’autres activités qui ont de la valeur ajoutée, comme la répartition des actifs, travailler à minimiser les impôts, ou les frais et puis, je soupçonne que la gestion active induit de l’émotivité dans le processus. » En outre, explique-t-il, ce que beaucoup de conseillers font, c’est qu’ils achètent des FNB passifs afin de concevoir leur propre portefeuille actif.

Des FNB de FNB personnalisés, en quelque sorte.

Quant à Guy Lamontagne, le choix de FNB à gestion passive ou active revient fondamentalement à la question du profil de l’investisseur. Quelle est sa situation financière, quel est son profil de risque? « Ça dépend des marchés et de ce que l’investisseur recherche », pense-t-il.

Les grandes tendances

Outre la tendance haussière du FNB au Canada et ce qui semble être une progression vers la gestion passive, d’autres grandes tendances se dessinent dans cet univers. Daniel Straus observe un intérêt croissant pour les FNB thématiques quand le marché est haussier. « Les FNB qui se concentrent dans la robotique, le cannabis ou la blockchain, notamment. Dans ce cas, les investisseurs ont tendance à s’intéresser à des produits de “niche”, un peu plus coûteux et potentiellement plus dangereux. Je constate que c’est l’inverse quand le marché est baissier. Là, les FNB moins risqués gagnent en popularité. Comme les produits moins exposés à la volatilité : les “blue chips”, les “REITS”, les commodités ou les dividendes. »

Les FNB qui s’intéressent aux changements climatiques, aux investissements responsables, qui visent une réduction de l’intensité carbone ou qui évitent les investissements dans les énergies fossiles connaissent aussi un certain intérêt, croit Guy Lamontagne.

Quant à Raymond Kerzérho, l’intérêt pour les fonds passifs qui suivent tout simplement les indices sont populaires, comme les FNB de vente d’options d’achats couvertes sur actions, qui sont très populaires. « L’idée, c’est d’aller chercher des revenus », dit-il.

Enfin, pense Alain Desbiens, « les FNB vont continuer d’être une industrie perturbatrice. Et ça, c’est à l’avantage de tous. Des conseillers, comme des investisseurs ».

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