
Le président et chef de la direction de la plus grande banque du pays affirme que le Canada doit devenir moins réticent au risque pour prospérer face aux bouleversements du commerce mondial.
Le président et chef de la direction de la Banque Royale du Canada, Dave McKay, constate que les gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux « ont peur de commettre des erreurs », ce qui allonge les délais d’approbation des projets et décourage les entreprises d’investir.
« Le temps coûte de l’argent. L’incertitude coûte de l’argent. Il est donc très difficile pour notre pays d’avancer avec confiance et rapidité, et le reste du monde le ressent », a-t-il déclaré mercredi devant la Chambre de commerce de Calgary.
Dave McKay a ajouté qu’il y avait eu plusieurs faux départs dans le cadre de nouveaux projets d’infrastructure majeurs, ce qui a dissuadé les entreprises d’investir des capitaux.
« De nombreuses équipes de direction se disent : “Je ne peux pas investir beaucoup plus d’énergie, d’argent et de temps dans ce projet s’il doit échouer”. Nous devons donc aller de l’avant, faire approuver ces projets, puis commencer à obtenir le financement nécessaire, car il est disponible. Il ne reste plus qu’à nous mettre d’accord. »
Dave McKay a fait ces remarques une semaine après que l’Alberta a annoncé qu’elle financerait les premiers travaux d’un nouveau projet de pipeline vers la côte nord de la Colombie-Britannique, dans l’espoir que le secteur privé prenne le relais.
Un tel projet permettrait à davantage de pétrole brut des sables bitumineux de l’Alberta d’accéder aux marchés lucratifs du Pacifique.
La première ministre de la province, Danielle Smith, et des dirigeants de l’industrie ont déclaré que les politiques fédérales, comme l’interdiction des pétroliers au large de la côte nord de la Colombie-Britannique et le plafonnement des émissions de gaz à effet de serre, ont rendu impossible pour les entreprises privées de justifier un tel projet.
L’Alberta compte déposer sa proposition ce printemps auprès du nouveau Bureau des grands projets, créé en vertu d’une loi fédérale visant à accélérer le développement des infrastructures jugées d’intérêt national.
Par ailleurs, le premier ministre Mark Carney a conclu mercredi une visite à Washington sans parvenir à un accord levant les droits de douane américains sur les produits canadiens.
Même sans la multitude de droits de douane imposés par le président Donald Trump, M. McKay a indiqué qu’il serait impératif pour le Canada de diversifier sa clientèle d’exportation afin de stimuler la productivité économique.
Il doute que le Canada sorte gagnant d’un accord commercial avec les États-Unis et espère que, si un accord est conclu, le pays ne retombera pas dans la complaisance.
« Je ne pense pas que nous en sortirons gagnants. Je ne sais pas à quel point ce sera pire », a-t-il dit.
Selon Dave McKay, il faudra donc tenter de conclure de « grands accords » avec des pays de l’Europe et de l’Asie en utilisant les ressources agricoles et énergétiques, qui sont en forte demande, comme leviers.