rawpixel / 123RF Banque d'images

Suite à une nouvelle analyse des indices précurseurs, «j’ai changé mon fusil d’épaule», a-t-il déclaré récemment à Québec, étonnant un parterre de quelque 120 analystes financiers réunis à l’invitation de l’Association CFA Québec.

Conscient que son virage ne plait à personne, le co-président de Cornerstone Macro a même répété à ses auditeurs «de ne pas tirer sur le messager» quand il leur annonce qu’ils disposent d’un mois ou deux pour repositionner leurs portefeuilles de façon plus défensive.

Originaire de Montréal, François Trahan a mérité en 2015 le titre de meilleur stratège financier aux États-Unis, rang qui lui a d’ailleurs été attribué neuf fois ces 12 dernières années.

Selon lui, l’indice ISM ( pour Institute of Supply Management qui prédit le niveau d’activité manufacturière) devrait bientôt culminer à 52 points, «52,5 si on est chanceux» aux États-Unis. C’est moins élevé que les sommets observés lors des cycles précédents (59,5 en 2011 et 57,1 en 2014).

Cette donnée devrait, dit M. Trahan, repasser dès le printemps sous la barre des 50 points, seuil qui indique un ralentissement de la croissance de l’économie. Et l’indice ISM devrait rester sous pression pour la majorité de 2017.

Depuis les années 80, les investisseurs se sont habitués à des atterrissages en douceur pour 79 % des cycles, mais, cette fois-ci, le stratège-vedette évalue plutôt à 79 % la probabilité d’une chute plus abrupte.

À cela s’ajoutent la surcapacité industrielle développée par la Chine et les vents de face qu’impose à l’économie japonaise sa décroissance démographique.

Le spécialiste se demande même si ces économies ne sont pas à risque d’être «poussées hors des rails» par le ralentissement de la consommation américaine.

Portefeuille défensif

Face à cela, le secteur boursier le plus à risque aux États-Unis serait celui des services financiers.

Il recommande même aux gestionnaires de portefeuille d’augmenter leur exposition aux titres à revenu fixe. Du côté des actions, il privilégie les sociétés américaines actives sur le marché domestique, notamment dans les secteurs des biens de consommation, des soins de santé, des services publics ou des télécommunications.

À ceux qui craignent la forte évaluation des titres «défensifs», il répond que celle-ci pourrait encore augmenter avec le ralentissement anticipé.

Risque Trump ?

Questionné sur les enjeux de la campagne présidentielle américaine ( la démocrate Clinton et le républicain Trump étaient alors au coude-à coude dans les sondages), l’expert, dont la firme a des bureaux à New-York et Washington, a rappelé que les autorités fiscales et monétaires ont maintenant moins d’outils pour influencer la croissance économique.

Et l’injection de dépenses d’infrastructures peut prendre deux ans avant de stimuler l’économie.

La réduction des impôts promise par les Républicains requerrait aussi l’approbation des deux Chambres, ce qui n’est pas acquis dans l’éventualité d’une victoire de Trump.

Par contre un président républicain pourrait annuler sans autorisation les négociations de libre échange ce qui représente «un risque pour le commerce mondial».