Un homme d'affaire tenant la Terre entre ses mains.
hasloo / 123rf

Le président Biden envisage de nommer l’homme d’affaires indo-américain Ajay Banga au poste de président de la Banque mondiale. Sa candidature a été annoncée le 23 février. S’il est choisi, il succèdera à David Malpass pour les cinq prochaines années.

L’actuel président de l’institution, qui avait été nommé par Donald Trump, a annoncé le 15 février qu’il quittera son poste dès le 30 juin, soit près d’un an avant la fin prévue de son mandat. L’économiste, qui officiait à la tête de la Banque mondiale depuis le 9 avril 2019, n’a pas précisé les raisons de ce départ surprise. Une note citée par l’Agence France-Presse évoque un « nouveau défi ».

En tant que principal actionnaire de l’institution basée à Washington, avec 15,5 % des voix, les États-Unis ont la prérogative de choisir son président. La phase de dépôt des candidatures a débuté le 23 février et se termine le 29 mars. Trois candidats seront retenus sur une liste restreinte après cette date. Ils passeront ensuite des entretiens avec les administrateurs de la banque, qui feront connaître leur choix début mai, selon un communiqué de l’institution. La nomination est avalisée par le conseil d’administration.

Un champion recherché pour le climat

Le prochain responsable de la Banque mondiale devra assurer un engagement plus prononcé sur les questions du climat, disent les observateurs. Ajay Banga, 63 ans, pourrait être l’homme de la situation. Né à Pune, dans l’État du Maharashtra, au centre de l’Inde, au sein d’une famille de la minorité religieuse sikh, il a étudié au St Stephen’s College de New Delhi puis à l’Institut indien de management d’Ahmedabad, avant de débuter sa carrière dans des filiales de Nestlé et PepsiCo. Il a rejoint Citigroup à la fin des années 1990, où il a dirigé le développement de la stratégie de microfinancement. En 2009, il est entré chez Mastercard comme directeur des opérations avant d’être nommé directeur général un an plus tard, puis président du conseil d’administration en 2021. Il est actuellement vice-président du fonds de capital-investissement General Atlantic et président du conseil d’administration du groupe italien du luxe Exor.

Selon la Maison-Blanche, Ajay Banga « dispose de l’expérience nécessaire pour mobiliser les ressources privées comme publiques afin de faire face aux défis les plus urgents de notre époque, dont le réchauffement climatique ». Elle considère qu’il sera engagé en faveur de l’égalité des sexes et de l’inclusion, et que son expérience en Inde pourra l’aider « à avoir une perspective différente » de celle de ses prédécesseurs.

Récemment, Ajay Banga a codirigé le Partenariat pour l’Amérique centrale, une initiative lancée par la vice-présidente Kamala Harris dans le but de stimuler l’activité économique et l’emploi dans cette région. À cette occasion, il s’est prononcé pour une plus grande utilisation des obligations vertes pour accroître les financements en faveur du climat dans les pays en développement. Ces propos ont sonné comme de la musique aux oreilles du président Biden, qui souhaite que la Banque mondiale évolue dans son approche des changements climatiques.

Ajay Banga semble cocher toutes les cases sur la liste de l’institution, qui recherche des candidats témoignant d’« une expérience avérée de leadership », d’« une expérience de la gestion de grandes organisations » et d’« un engagement ferme envers la coopération multilatérale ».

Où sont les femmes ?

La concurrence pourrait venir du côté féminin. La Banque dit encourager « fortement la candidature de femmes ». Parmi les noms qui circulent : Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce, Gayle Smith, présidente de l’ONG ONE, Mafalda Duarte, experte du financement pour le climat, et Samantha Power, ancienne ambassadrice des Etats-Unis aux Nations unies.

Selon The Washington Post, le départ précipité de David Malpass pourrait s’expliquer entre autres du fait de ses nombreuses critiques envers la secrétaire au Trésor américain, Janet Yellen, et le conseiller de la Maison-Blanche pour le climat, John Kerry.

La personnalité de David Malpass ne faisait pas, en effet, l’unanimité au sein de l’administration Biden, en raison de son peu d’enthousiasme à s’engager dans la lutte aux changements climatiques et à réformer la Banque mondiale.

De passage en Inde, où elle participait à une réunion du G20, Janet Yellen a salué le choix de Ajay Banga. Le financement de la transition énergétique vers des économies moins carbonées et les modalités d’aide aux pays en développement figurent parmi les sujets discutés à Bangalore par les ministres des Finances des principales économies mondiales.

Avant de partir, David Malpass a néanmoins tenu à défendre son bilan. « Sous sa direction, la Banque a plus que doublé ses financements en faveur du climat dans les pays en développement, atteignant un montant record de 32 milliards de dollars l’année dernière », indique la Banque mondiale dans un communiqué.