Un homme d'affaire avec un casque dans un désert ajoutant des pièces à un puzzle représentant un paysage vert avec un arbre.
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Selon la Banque du Canada (BdC), bien que la transition climatique puisse offrir des possibilités d’investissement favorisant la croissance verte, elle peut aussi présenter des risques pour le système financier et ses participants.

La vitesse de la transition vers la carboneutralité et la façon dont celle-ci se déroulera vont influencer la mesure avec laquelle les investisseurs réviseront leurs attentes par rapport aux bénéfices futurs de ces entreprises, ce qui pourrait entraîner une réévaluation soudaine de certains actifs financiers, soutient une étude réalisée par le personnel de la BdC.

Or, les entités financières, comme les banques, les caisses de retraite et les fonds d’investissement, qui contribuent au financement de ces entreprises pourraient ressentir les effets de ces réévaluations soudaines.

En raison des interconnexions au sein du système financier, la détresse financière d’une entité pourrait s’étendre à d’autres.

Dans son étude, le personnel de la BdC a donc cherché à en apprendre davantage sur la stabilité financière et sur le risque lié à la transition climatique.

À cette fin, il a élaboré un cadre méthodologique qui tient compte des effets directs d’un choc perturbateur lié à la transition climatique ainsi que des répercussions indirectes – ou systémiques – de ces effets directs.

Il a ensuite appliqué ce cadre en utilisant des données issues du système financier canadien.

Pour intégrer les effets directs, il a recouru aux scénarios de transition climatique et aux méthodes d’évaluation des risques financiers élaborés pour le projet pilote d’analyse de scénarios climatiques de la BdC et du Bureau du surintendant des institutions financières.

Le personnel de la BdC a ainsi mesuré les effets directs du choc – sous la forme de risques de crédit, de marché et de liquidité – lié à la transition climatique sur les entités du système financier visées par son étude, se penchant plus précisément sur les portefeuilles d’actifs et de dérivés publics et privés d’institutions de dépôt, de compagnies d’assurance vie, de fonds de pension et de fonds de placement.

Pour évaluer les effets indirects de la propagation potentielle du choc lié à la transition climatique sur un système financier interconnecté, le personnel de la BdC a eu recours à un modèle multi-agents pour explorer les canaux de transmission des chocs :

  • positions de participation croisée,
  • modèles d’affaires similaires,
  • expositions communes
  • et liquidations.

Celui-ci prend en considération des règles et hypothèses comportementales, ce qui permet de comprendre les interconnexions au sein du système financier.

Ainsi, il a pu constater que ces effets étaient généralement modestes, ce qui s’explique en partie par l’exposition limitée des entités financières canadiennes aux secteurs de l’économie enclins à subir les contrecoups négatifs de la transition climatique.

En dépit de cette exposition limitée, l’étude montre que les interconnexions existantes font en sorte de propager les répercussions des risques de transition dans l’ensemble du système financier.

Par exemple, certaines entités, comme les fonds d’investissement, pourraient en effet contribuer à propager et à amplifier les chocs liés à la transition climatique dans le système financier, tandis que d’autres, comme les caisses de retraite, pourraient aider à les contenir.

L’étude révèle entre autres que les expositions communes, les ventes en catastrophe et les participations croisées d’entités sont d’importants canaux de transmission.

Finalement, si cette étude a permis à la BdC d’améliorer sa compréhension des risques et des possibilités liés à la transition climatique, de manière plus générale, elle contribue aussi à l’élaboration d’outils standardisés pour l’évaluation et la surveillance des risques systémiques.