Un homme cagoulé qui a l'air très suspect. Il a une main posée sur un écran transparent sur lequel apparaît des signes informatiques.
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La cybersécurité est un enjeu critique pour les entreprises, les gouvernements et les particuliers à travers le monde, et les experts du domaine prédisent que les défis en matière de sécurité numérique continueront de croître dans les années à venir.

Si les technologies progressent, il en va de même pour les compétences des cyberpirates qui cherchent constamment à exploiter les vulnérabilités des systèmes. Pour les organisations, garder une longueur d’avance en matière de cybersécurité, est un défi de tous les jours.

Un article du Forum économique mondial, rédigé par des chercheurs du Centre for Long-Term Cybersecurity (CLTC) de l’Université de Californie, à Berkeley, identifie sept tendances à surveiller d’ici 2030.

  1. Des progrès, mais pas partout

Malgré les investissements publics et privés dans les technologies de sécurité et la lutte contre la cybercriminalité qui sont en cours dans de nombreux pays, les progrès en la matière seront probablement inégalement répartis entre les communautés et les zones géographiques.

Pour dépasser le seuil de « pauvreté cybernétique », les experts suggèrent d’enseigner la cybersécurité dès l’école primaire et de réglementer plus efficacement les cryptomonnaies. Ils prédisent également que les mots de passe pourraient devenir obsolètes d’ici 2030 (enfin !). Plutôt que d’essayer de défendre des forteresses, il faudra renforcer sa résilience et sa capacité de récupération des données.

  1. Une crise de confiance qui s’accentue

L’érosion de la confiance en ligne est sur le point de s’aggraver et de continuer à saper les relations et les institutions hors ligne. Les progrès de l’intelligence artificielle (IA) et de l’apprentissage automatique rendent difficile la distinction entre les humains et les machines en ligne, ce qui pourrait inciter de nombreuses personnes à reporter leurs activités hors ligne voire à revenir à l’utilisation d’appareils analogiques.

La cybersécurité consistera moins à assurer la confidentialité, qu’à protéger l’intégrité et la provenance des informations.

Alors que les sociétés ont besoin de s’unir pour faire face à des enjeux planétaires comme les changements climatiques, la méfiance qui s’installe pourrait entraîner un recul de la coopération nationale et internationale.

  1. Un mélange d’optimisme et d’inquiétude

Il y a à la fois de l’optimisme et de l’inquiétude quant au rythme rapide des progrès scientifiques et de l’adoption commerciale des technologies d’IA et de l’apprentissage automatique. L’IA est source d’innovation dans de nombreux domaines, notamment la médecine et les transports, mais elle facilite aussi les cybercrimes. Quant aux modèles d’apprentissage automatique, ils pourraient être utilisés pour des objectifs illicites ou sournois.

Les gouvernements et les organisations manquent encore de connaissances spécialisées pour mettre en place des systèmes de surveillance et de contrôles adéquats.

  1. Les dangers de la souveraineté numérique

La tendance à la fragmentation de l’internet, qui veut que chaque pays développe son propre réseau, devrait se poursuivre, selon les experts. La « souveraineté numérique » a toutefois des avantages (limités) et des inconvénients majeurs. Si elle peut permettre aux communautés locales de mieux définir leur sécurité numérique, elle peut également provoquer un Far West de désinformation, de surveillance et de cyberattaques plus puissantes émanant d’États voyous qui seraient isolés de l’internet mondial.

  1. L’efficacité de la réglementation n’est pas encore prouvée

La réglementation en matière de protection de la vie privée, telle que le Règlement général sur la protection des données (RGPD) adopté par le Parlement européen, pourrait atteindre ses objectifs politiques d’ici 2030.

Cependant, l’efficacité des méthodes de gestion des données personnelles reste incertaine. Selon les experts, nous pourrions vivre dans un monde où les notions contemporaines de protection de la vie privée auront été abandonnées.

  1. Incertitude du métavers

Les avis sont partagés quant à savoir si le métavers sera pleinement réalisé d’ici 2030. Certains estiment que les nouveaux problèmes de protection de la vie privée et de sécurité que poseraient un métavers nécessitent une accélération de l’innovation politique. D’autres prévoient un futur dystopique où les gens fuiraient le monde réel pour un monde virtuel, devenant des consommateurs passifs. L’éducation à la pensée critique est considérée comme essentielle pour éviter cette dystopie.

  1. Souveraineté et évolution de la dynamique du pouvoir

Les frontières entre les gouvernements et les entreprises privées risquent de s’effacer davantage, ce qui pourrait permettre aux grandes entreprises technologiques de prendre une place plus importante dans les décisions politiques, y compris au Conseil de sécurité des Nations unies. Une crainte exprimée par des participants à des ateliers organisés par les chercheurs.

Aux États-Unis, la tendance à la souveraineté numérique, les divergences réglementaires internationales et l’absence d’un cadre pratique pour déterminer les compromis à faire en matière de conformité sont des sources de préoccupation. Le secteur public est considéré comme un acheteur et un investisseur clé dans la mise en place de garde-fous pour la cybersécurité.

Ces tendances soulignent la nécessité pour les décideurs de rester vigilants et de s’adapter constamment aux évolutions du paysage numérique. Les progrès technologiques et les vulnérabilités de la sécurité numérique sont en constante évolution, et il est crucial de prendre les mesures nécessaires pour renforcer la résilience et la capacité de récupération face aux cybermenaces, ont souligné les auteurs.