Un homme d'affaire sur un marche pied sur un toit qui regarde à l'horizon.
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Même si le déconfinement commence gentiment, la situation mettra du temps à revenir à la normale, prévoit une analyse économie réalisée par deux experts de CIBC. Il est ainsi difficile d’imaginer de grands rassemblements et certains secteurs comme les croisiéristes et les maisons de retraite pourraient faire face à des problèmes de réputation persistants. D’autres secteurs comme les sociétés pétrolières ou les transporteurs aériens ont subi une telle perte de demande qu’une remontée, même respectable prendra beaucoup de temps.

Mais même sans regarder des secteurs en particulier, les économies du monde auront du mal « à retrouver le niveau de PIB réel que la tendance de la croissance antérieure avait laissé présager », peut-on lire dans l’analyse.

Ainsi le PIB réel au quatrième trimestre de 2021 devrait être environ 2 % inférieur aux prévisions d’avant pandémie, assurent les experts de la CIBC.

Cette situation est toutefois assez commune après les chocs économiques. Ainsi, c’était déjà le cas après la crise de 2008-2009. Bien que l’insuffisance de croissance à l’époque s’expliquait notamment par le vieillissement de la population, on pourrait voir un phénomène analogue après la crise actuelle.

Cette fois, le marché de l’emploi pourrait souffrir de ce que les économistes appellent l’ « hystérèse », une situation où les gens au chômage perdent leurs compétences, décident de prendre une retraite plus hâtive ou sont forcés d’accepter un poste qui fait moins appel à leurs forces et entraîner une production horaire plus basse. Toutefois, la durée assez courte de chômage imposée par la pandémie pourrait atténuer certains de ces effets.

Diminution des mesures de stimulation

Les entreprises et ménages qui ont reçu de l’aide du gouvernement devraient être mieux placés pour la reprise. Ils pourront recommencer, respectivement, à dépenser et embaucher. Mais l’on peut se demander quelles seront les répercussions de ces mesures à moyen terme.

La dernière fois que des mesures massives ont été prises aux États-Unis, soit pendant le premier mandat de président Barack Obama, Washington était rapidement revenu à des contraintes budgétaires comme les États locaux, ce qui a eu un effet négatif prolongé sur la croissance.

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Toutefois, le Canada a déjà connu de tels ratios déficits/PIB, notamment après sa participation aux guerres mondiales, rappellent les experts de CIBC. Selon eux, la vie après le choc du coronavirus devrait réduire fortement les déficits sans avoir à recourir à des contraintes budgétaires actives. Ainsi la remontée de l’emploi fera baisser les prestations d’assurance-chômage.

« Même en supposant un déficit de 200 G$ cette année et, arbitrairement, un déficit additionnel de 100 G$ en 2021, la situation demeurerait gérable par rapport aux décennies passées », écrivent les deux experts.

Une baisse du prix de l’immobilier

De nombreux facteurs dépendant de la pandémie devraient avoir un effet à la baisse sur les prix de l’immobilier. Pour des raisons évidentes, comme la fermeture des frontières, on peut s’attendre à une baisse de l’immigration. Les immigrants ont été particulièrement importants sur les marchés locatifs, leur absence aura donc un gros impact.

On peut également s’attendre à ce que les nouveaux diplômés, dont les perspectives d’emploi ont été retardées, restent plus longtemps dans la maison familiale.

Ayant investi dans l’infrastructure nécessaire pour permettre le travail à domicile, il y a fort à parier que certains employeurs choisissent de recourir davantage à cette option. Finalement, le magasinage en ligne sera certainement néfaste aux centres d’achats et aux commerces de détail ayant pignon sur rue. On peut s’attendre à une vague de fermeture au sortir de cette récession. Et il faudra du temps avant que ces locaux vacants soient de nouveau occupés.

Ces différents éléments devraient avoir un impact sur la baisse à moyen terme sur les prix de l’immobilier.

Un impact sur les salaires et la chaîne d’approvisionnement

Il est possible que la forte capacité excédentaire sur le marché du travail exerce une pression à la baisse sur l’inflation des salaires. Cette nouvelle est particulièrement néfaste pour les nouveaux diplômés, car cela pourrait avoir des conséquences durables sur l’évolution future de leurs revenus, notent les auteurs de l’analyse de CIBC.

Ils rappellent ainsi une étude qui a démontré que l’obligation de devoir commencer plus bas dans l’échelle salariale avait un impact sur le salaire moyen pendant des décennies. Ainsi, selon l’étude réalisée par Philip Oeropoulos, l’entrée sur le marché du travail durant une année typique de récession entraînait non seulement une diminution de 9 % du salaire initial, mais aussi un salaire inférieur de 4,5 % cinq ans plus tard.

Un autre effet de la pandémie et de la fermeture des frontières qui en a découlé se verra certainement sur la chaîne d’approvisionnement. Avec la crise sanitaire, il n’était pas évident de maintenir l’approvisionnement de matériel important.

On peut s’attendre à ce que les entreprises choisissent au moins deux fournisseurs dans différents pays à l’avenir pour des soucis d’efficacité.

Si certains ajustements risquent d’être difficiles et pénibles, la situation post pandémie n’est pas aussi imprévisible que ce que l’on pensait et les gouvernements devraient arriver à surmonter les différentes embûches qui se profilent.