Un homme d'affaires devant un ordinateur des feuilles à la main.
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Vanguard s’est très récemment lancée dans l’indexation directe. Cette firme connue pour ses fonds négociés en Bourse (FNB) à faible coût qui suivent les indices de référence a récemment annoncé son intention d’acheter Just Invest, une société basée à Oakland, en Californie, qui utilise l’analyse de données, les algorithmes et la modélisation des risques pour gérer plus d’un milliard de dollars, rapporte Financial Planning.

Il s’agirait de la première acquisition en 47 ans pour Vanguard, un signe qui prouve l’intérêt que porte la firme à ce type d’investissement qui permet de reproduire la performance d’un fonds indiciel en achetant les titres sous-jacents plutôt qu’un produit qui les regroupe.

« Si j’étais à la place de Vanguard, je dirais que l’indexation directe menace en quelque sorte la proposition de valeur des FNB et des fonds communs de placement indiciels », déclare Tom O’Shea, directeur de recherche chez Cerulli Associates.

L’indexation directe offre plusieurs avantages notamment la récolte des pertes fiscales et l’investissement ESG. Avec le temps ce type de produits pourraient attirer les flux destinés à des produits comme les FNB ESG.

Ce type d’investissement n’est pas nouveau, mais n’était disponible qu’aux clients ultra-riches. Vanguard s’y intéresse déjà depuis quelques années, mais jusqu’ici la firme était limitée par les coûts, les données et les défis liés à la réglementation. Toutefois, avec la technologie introduite par les robots-conseillers, la firme a pu automatiser ce qui était traditionnellement un processus de construction et de rééquilibrage de portefeuille exigeant en matière de main-d’œuvre.

De plus, l’essor de l’investissement en actions fractionnées (aux États-Unis) et du courtage sans commission rend la stratégie accessible à d’autres que les investisseurs ultra-riches.

Depuis un an, Vanguard teste donc un service d’indexation directe et prévoit désormais d’utiliser Just Invest pour donner aux clients des banques, des courtiers et des conseillers indépendants « la possibilité de personnaliser les portefeuilles d’investissement pour refléter les valeurs des investisseurs, leurs objectifs financiers et leurs besoins en matière de récupération des pertes fiscales », selon un communiqué.

Vanguard n’est pas la seule firme intéressée par cette voie. En octobre dernier, Morgan Stanley a acheté Eaton Vance pour 7 milliards de dollars, une transaction qui incluait le pionnier de l’indexation directe, Parametric. De son côté, BlackRock a racheté Aperio, pionnier de l’indexation directe, en février et Charles Schwab devrait lancer un service d’indexation directe qui combine la technologie acquise auprès de Motif et de Stock Slices.

En fait, selon Tom O’Shea, deux tiers des sociétés de gestion d’actifs ont identifié la gestion des impôts et l’investissement ESG comme des opportunités importantes pour l’indexation directe. Un récent rapport de Celent est arrivé à la conclusion que la possibilité de récolter les pertes avec l’indexation directe peut générer une moyenne de 1% à 2% par an en alpha fiscal par rapport aux FNB ou aux fonds communs de placement.

L’indexation directe pourrait également faire en sorte de retenir les clients, car il leur sera plus difficile de changer de société lorsqu’il possède des parts fractionnées de 200 actions différentes au lieu de dix FNB.

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« Il y a un sentiment d’urgence de la part des grandes entreprises à s’assurer qu’elles entrent dans cet espace, assure Tom O’Shea. Si elles n’agissent pas rapidement, elles seront laissées pour compte. »