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Le taux d’emploi au Canada continuera de baisser et la croissance des salaires ralentira en 2024, mais le marché de l’emploi résistera mieux que lors des ralentissements précédents, selon un rapport publié lundi par les Services économiques TD.

Le marché de l’emploi du pays a bien résisté aux hausses de taux d’intérêt de la Banque du Canada l’année dernière, avec une croissance de 2,4 %, soit l’ajout d’environ 500 000 nouveaux emplois nets. Le taux de chômage au dernier trimestre 2023 était de 5,8%, similaire au même trimestre en 2019.

« Alors que la création d’emplois dans le secteur privé s’est considérablement ralentie ces derniers mois, les pertes massives d’emplois ne se sont pas matérialisées comme certains prévisionnistes l’avaient anticipé », indique le rapport.

Si l’affaiblissement de la demande de main-d’œuvre a été la principale cause de l’augmentation des taux de chômage par le passé, ce cycle-ci, c’est l’abondance de l’offre de main-d’œuvre qui sera le principal moteur de l’augmentation du chômage, selon la Banque TD. Alors que les taux d’emploi dans chaque province ont dépassé la croissance de la main-d’œuvre en 2023, chaque province connaîtra des taux de croissance de la main-d’œuvre plus élevés que les taux d’emploi cette année.

Le rapport prévoit que le Québec, l’Ontario et la Colombie-Britannique connaîtront les plus fortes hausses du taux de chômage, de l’ordre de 1 % à 1,6 %. En revanche, en Alberta et dans les Maritimes, il n’augmentera que d’un demi pour cent ou moins, la croissance de l’emploi pouvant mieux suivre celle de la population active dans ces régions.

En ce qui concerne les secteurs spécifiques, la TD s’attend à ce que les services publics (en particulier les soins de santé), la construction et les industries pétrolières et gazières voient davantage de postes vacants par rapport aux niveaux de 2015 à 2019, ce qui profitera à l’Alberta, riche en combustibles fossiles, et aux provinces maritimes, où les services publics sont nombreux. En revanche, les taux de vacance dans l’industrie manufacturière et les services tels que la finance, l’assurance et l’immobilier sont retombés à leurs niveaux d’avant la pandémie.

Le taux de participation au marché du travail s’est stabilisé grâce aux niveaux d’immigration historiques des deux dernières années, qui ont attiré au Canada un grand nombre de personnes en âge de travailler. Toutefois, le vieillissement des baby-boomers, le nombre important de demandeurs d’emploi découragés et l’allongement de la durée des études exerceront à nouveau une pression à la baisse sur le taux d’activité à court terme, selon la Banque TD.

La croissance des salaires au Canada est passée du pic de 8 % atteint lors de la pandémie à 5,5 % en glissement annuel en décembre, mais elle reste deux fois plus élevée que la moyenne d’avant la pandémie.

« À l’avenir, nous prévoyons un ralentissement de la croissance des salaires nationaux en raison du ralentissement de l’emploi, de l’augmentation du taux de chômage et de la diminution des postes vacants », avertit le rapport.

Tout comme le taux de chômage, la pression à la baisse sur les salaires variera d’une province à l’autre. Le rapport prévoit que les salaires en Colombie-Britannique, en Ontario, en Nouvelle-Écosse et dans l’Île-du-Prince-Édouard diminueront plus rapidement au cours des prochains trimestres, tandis que la Saskatchewan, le Manitoba, le Québec et l’Alberta connaîtront toujours des salaires élevés en raison du resserrement de leur marché de l’emploi et, à l’exception de l’Alberta, de leur taux de syndicalisation plus élevé.

« Le marché du travail canadien est relativement bien placé pour faire face au ralentissement macroéconomique à venir, affirme le rapport. Contrairement aux ralentissements précédents, et à moins d’événements majeurs imprévus, la poursuite mais le ralentissement des embauches, en l’absence de licenciements importants dans l’ensemble de l’économie, devrait rester un point central. »