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Il y en a eu des rebondissements sur les marchés financiers en 2022, tellement que certains auraient pu se croire dans un film d’action qui n’épargnait pas ses protagonistes. Cela a inspiré le Groupe Ouellet Bolduc, un gestionnaire d’actifs chez Desjardins Gestion de patrimoine, pour sa conférence sur les perspectives boursières, économiques et financières pour 2023.

Intitulée Les marchés financiers en 3D et présentée en mode virtuel, la conférence a été conçue comme un long métrage à la manière des films de la saga Star Wars. Les concepteurs ont même poussé le concept jusqu’à s’inspirer de son fameux générique déroulant pour expliquer ce qui se passe sur la planète économique.

Inflation, hausse des taux, perturbations sur les chaînes d’approvisionnement, pénurie de main-d’œuvre, guerre en Ukraine… Les menaces n’ont pas manqué en 2022. Malgré le fait que les banques centrales ont sorti leur arme favorite — le resserrement de la politique monétaire — pour freiner la montée des prix, une récession se profile à l’horizon.

De quelle ampleur sera-t-elle ? À quoi faut-il s’attendre sur les marchés boursiers cette année ? Où seront les occasions d’investissement ? C’est à ces questions que les deux « Jedi de la finance », Daniel Ouellet, gestionnaire de portefeuille et Michel Villa, formateur boursier, ont tenté de répondre lors de la conférence qui a attiré plus de 1000 participants.

Une année de normalisation

Malgré son lot de surprises — notamment l’invasion de l’Ukraine par la Russie —, l’année 2022 a plutôt été celle de la « normalisation », selon Daniel Ouellet. Les cryptomonnaies ont démontré une fois de plus qu’elles étaient un véhicule financier à éviter. Quant aux titres technologiques, ils sont revenus sur terre provoquant ce qui pourrait bien être la « bulle techno 2.0 ». Groupe Ouellet Bolduc avait aussi prédit une deuxième année négative pour les taux obligataires, ce qui s’est confirmé.

Pour faire le point sur la situation en Ukraine, la firme a invité nulle autre que la journaliste Alexandra Sashka, qui a été correspondante à l’étranger pour Radio-Canada pendant 29 ans. Selon elle, malgré la mobilisation des pays membres de l’OTAN face à la menace russe, il est très difficile de prédire quand et comment le conflit pourrait se résoudre. Il est toutefois certain que l’économie de la Russie souffre et souffrira encore de la situation en raison des sanctions économiques et du départ de plus d’un million de Russes qui ont quitté le pays à la suite de la mobilisation de 300 000 réservistes annoncée par le président Vladimir Poutine l’automne dernier. Un coup dur pour l’économie à long terme puisque ce sont surtout des jeunes qui ont fui, selon la journaliste.

Récession : le scénario le plus probable

Selon Daniel Ouellet, il y aura bel et bien une récession en 2023, mais elle sera atypique. Trois facteurs font pencher la balance vers ce scénario : l’effet de la hausse des taux d’intérêt sur le portefeuille des ménages qui commence à se faire sentir, la baisse de l’effet de richesse et le recul du marché immobilier.

Cela dit, il est d’avis que la récession devrait être peu profonde puisque le marché du travail reste vigoureux (le taux de chômage ayant atteint un creux record de 3,8 % en décembre au Québec).

En raison des besoins de main-d’œuvre importants, les probabilités d’une récession légère se situent à 60 %, estime Jimmy Jean, économiste en chef et stratège au Mouvement Desjardins qui a été invité à parler des perspectives économiques.

Il n’exclut toutefois pas les risques d’une récession plus profonde si les mesures adoptées par les banques centrales ne réussissent pas à freiner l’inflation. On pourrait alors assister à une phase deux du resserrement monétaire qui causerait un recul économique plus sévère. Il estime les probabilités de ce scénario à 25 %. Un atterrissage en douceur est moins probable (15 %).

Même si la récession se révèle courte et peu profonde, il faudra attendre à 2024 pour assister à une éventuelle baisse des taux, selon Jimmy Jean.

Penser à contre-courant

Face au contexte actuel, que peut faire un gestionnaire de portefeuille ? Il doit « penser à contre-courant », affirme Daniel Ouellet. Un principe que le Groupe Ouellet Bolduc a appliqué l’an dernier en réduisant ses positions dans certaines actions détenues en portefeuille, notamment Nutrien et Suncor, dont le potentiel de hausse avait été atteint à la suite du conflit armé entre la Russie et l’Ukraine.

Avec les liquidités générées par la vente de ces titres, la firme a choisi d’investir sur les marchés européens qui, contrairement aux attentes, font très bien depuis trois mois, selon Daniel Ouellet. Le gestionnaire d’actifs s’est notamment tourné vers l’Allemagne en achetant une position de 2 % sur le DAX allemand.

En dépit de l’année tumultueuse, le Groupe Ouellet Bolduc estime s’en être bien tiré en 2022 ayant battu l’indice de référence dans ses différentes classes d’actifs.

En 2023, il se montrera plus « tactique qu’à l’habitude ». Il est optimiste face au marché des actions privilégiées, il a d’ailleurs commencé à augmenter ses positions qui sont passées de 19 % à 21 %.

Dans le choix des titres, il adopte une approche d’investissement ascendante en visant des entreprises de qualité qui sont sous-évaluées. Avec des multiples d’évaluation qui sont revenus à un point d’équilibre, elles présentent un potentiel de rendement sur cinq ans de 62 %, estime Daniel Ouellet.

Tout en se rangeant dans le clan des réalistes, ce dernier s’attend à des rendements positifs dans les trois classes d’actifs gérées par le Groupe cette année.