Le dernier en date, chez Patrimoine Richardson, ayant été signalé par Finance et Investissement.

Mais méfions-nous des apparences. Oui, ce haut dirigeant de 57 ans aime jouer au golf. Cependant, on ne perçoit pas chez lui l’enthousiasme des nouveaux retraités à percer les secrets des verts et des trappes de sable. « Je voudrais améliorer mon golf mais au lieu de baisser mon handicap, je compte plutôt les balles que je perds ! », nous dit-il en riant, tout en avouant maintenir sa carte autour de 105 alors qu’une bonne moyenne se situe à 95.

En l’interrogeant sur son implication au conseil de Richardson, on constate rapidement qu’il n’a pas accepté une sinécure avec des jetons de présence.

« Une ou deux semaines après mon départ de Fiera, on m’a approché afin de participer au renouveau de cette firme indépendante de gestion de patrimoine. Très ancrée dans les valeurs familiales et les perspectives à long terme, Richardson évoque pour moi un Lombard Odier aux dimensions canadiennes », dit-il.

Rappelons qu’avant sa nomination au titre de président et chef de l’exploitation mondial de Fiera Capital en 2017, Vincent Duhamel était associé et chef de la direction chez Lombard Odier en Asie. Établi à Genève, ce spécialiste de la gestion de fortune et de la gestion d’actifs gère 475 G$ d’actifs pour le compte de ses clients.

À l’égard de l’industrie canadienne de la gestion privée, l’analyse de Vincent Duhamel est sans équivoque.

« Les banques dominent le secteur. Elles uniformisent la prestation de services et elles incitent les conseillers à vendre, encore et encore. Or, la plupart des clients veulent bénéficier d’attentions particulières. Pour croître, il faut soigner la relation à long terme. Les ventes se font alors, peu à peu », dit-il.

Vincent Duhamel identifie un second enjeu. « Beaucoup de conseillers en placement du milieu bancaire arrivent à l’âge de la retraite. Lorsqu’ils ont beaucoup de succès, ils tendent à vouloir rester en place le plus longtemps possible. Et lorsqu’ils partent, leurs clients peuvent ensuite se sentir mal servis », ajoute-t-il.

Aimerait-il mettre la main à la pâte et éventuellement s’impliquer au jour le jour dans la machine Richardson ? « Ce n’est pas à l’horizon. À cette étape-ci de ma carrière, je ne serais pas intéressé à faire, par exemple, des réunions stratégiques un mercredi matin sur les Teams et Zoom de ce monde ! », dit-il.

Cependant, Vincent Duhamel ne ferme pas la porte à un nouveau rôle qui comporterait « des défis de type macros, de ceux qui font une différence ».

Rappelons que lors de la dernière campagne électorale fédérale, Vincent Duhamel a porté les couleurs du Parti Conservateur dans le comté de Brome-Missisquoi. Selon une source du Parti conservateur rapportée par Radio-Canada, il était pressenti pour être ministre des Finances ou d’un important ministère à vocation économique dans l’éventualité où ce parti aurait remporté les élections.

Au cours de la campagne, il avait notamment évoqué le potentiel destructeur des déficits gouvernementaux. Il s’était également élevé contre le mandat de la Banque de l’infrastructure du Canada, qui fait, disait-il, double emploi avec des institutions existantes comme la Caisse de dépôt.

« En matière de déficits, la politique du gouvernement Trudeau est abominable », nous dit-il. La passion dans la voix, il évoque également la « légèreté » de ce gouvernement face à la gestion de la politique monétaire.

À l’évidence, celui qui a passé un peu plus de vingt ans en Asie notamment à titre de chef de la direction de State Street Global Advisors Asie et de directeur général de Goldman Sachs Asset Management Asia, est loin d’avoir dit son dernier mot.

« Jusqu’à présent, on ne m’a pas proposé quelque chose de suffisamment intéressant pour m’impliquer à temps plein, que ce soit dans une organisation ou une entreprise », dit-il.

Un peu plus d’un an après son départ de Fiera, comment voit-il maintenant l’entreprise fondée par Jean-Guy Desjardins ? « Ce fleuron québécois a connu une très forte croissance par acquisitions. Fiera a maintenant besoin de consolider ses acquisitions passées. Le grand défi de Fiera est celui de la relève, pour la pérennité de l’entreprise et pour rassurer les actionnaires », affirme-t-il.