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« Dans la distribution, les coûts d’opération sont en hausse constante et les marges sont sous forte pression. L’enjeu réside dans l’augmentation des volumes de vente et la simplification des produits offerts, comme on l’a vu avec les banques. Parallèlement, les family offices [cabinets de gestion de patrimoine] sont en pleine expansion. Nous sommes dans une période de création accélérée de richesse et les bons gestionnaires de fortune sont en forte demande », explique Jean Morissette.

Praticien de la première heure avec la création de Partenaires Cartier à la fin des années 90, Jean Morissette est maintenant consultant en gestion de patrimoine.

Il estime que les manières de procéder des autorités réglementaires favorisent la tendance à la consolidation.

« Les interventions des autorités réglementaires vont beaucoup trop loin. Elles ne se contentent plus de définir les règles. Elles disent comment faire pour les respecter ! La réglementation est devenue d’une lourdeur folle. C’est au point où des distributeurs retirent des produits de leurs tablettes par crainte de manquer à leurs devoirs de connaissance du produit et du client. On a vu cela avec certaines banques », dit-il, en évoquant la TD et RBC qui ont décidé de limiter l’offre de produits d’investissement à leurs produits maison.

Jean Morissette ajoute que la consolidation affecte également les manufacturiers traditionnels de fonds d’investissement.

« Les frais de gestion des fonds communs sont en baisse continue. Les fonds négociés en Bourse prennent constamment des parts de marché », illustre-t-il.

Vers la gestion de fortune

En conséquence, des gestionnaires de portefeuille vont désormais exercer leurs talents dans l’univers de la gestion de fortune. « C’est un domaine où les rendements attendus sont élevés et où les moyens utilisés pour y parvenir sont complexes. Nous ne sommes pas dans le monde du 60/40 ! Les stratégies exigent beaucoup d’expertise. Et l’expertise des gestionnaires de portefeuille traditionnels se transfère bien dans l’univers des family offices», dit Jean Morissette.

Dans une synthèse intitulée Wealth Management Top Trends 2022, le cabinet-conseil CapGemini estime d’ailleurs que la « résurgence » des cabinets de gestion de patrimoine est l’une des grandes tendances de l’heure.

« Depuis un demi-siècle, leur croissance à travers le monde a été exponentielle », souligne CapGemini.

Le cabinet-conseil précise que la structure de coût des cabinets de gestion de patrimoine est plus légère, comparativement aux véhicules de placement traditionnels. De plus, le contrôle exercé par les investisseurs y est généralement supérieur, ce qui favorise un meilleur alignement des valeurs et intérêts de leurs clientèles.

S’il faut en croire CapGemini, les valeurs des millénariaux fortunés impulseront la croissance des produits axés sur les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Deux fois sur cinq, les héritiers fortunés de 40 ans et moins demanderont le score ESG des produits d’investissements, signale CapGemini.

« Que ce soit chez les investisseurs institutionnels ou individuels, personne n’échappe à l’approche ESG », constate Jean Morissette.

« Chez les conseillers, l’enjeu consiste à identifier les pratiques marketing abusives qu’on regroupe sous l’étiquette d’écoblanchiment. Le principe d’investissement ESG est universellement accepté mais on ne sait pas comment le valider avec certitude. Il faudra trouver moyen de vérifier les prétentions ESG des produits d’investissement … et de choisir les bons gestionnaires ! », dit Jean Morissette.