Un homme d'affaire tenant devant son visage un papier avec un smiley qui sourit. Dans son autre main, il a une feuille noire avec un smiley pas content.
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La stratégie est relativement simple. Acheter au début d’année l’action de la banque qui a affiché le pire rendement l’année précédente et conserver le titre un an. Depuis 2000, cette stratégie a procuré un rendement annuel composé de 17% (sans le dividende), rapporte le Globe and Mail. Un panier comprenant les cinq plus grandes banques canadiennes (RBC, TD, Scotia, BMO et CIBC) aurait plutôt dégagé un rendement annuel de 11%. La stratégie ressemble au «Dogs of Dow», qui consiste à miser sur les 10 sociétés de l’indice américain Dow Jones dont le rendement du dividende est le plus élevé.

L’idée derrière ce pari est que les grandes banques canadiennes finissent par faire «un retour à la moyenne». Par le passé, leurs dirigeants sont généralement parvenus à corriger le tir lorsqu’elles se distançaient de leurs paires. Miser sur l’éclopée permet de mettre la main sur un titre à une évaluation plus basse et à un dividende plus élevé. Dans ces conditions, la probabilité que «les derniers seront les premiers», comme le chante Céline Dion, est plus élevée.

Au tour de la CIBC?

Cette année, c’est la CIBC qui est en queue de peloton. Son titre a reculé de 12,95% en 2018. En tenant compte du dividende, le titre affiche un rendement négatif de 8,40%.

Mario Mendonca, de Valeurs mobilières TD, fait partie de ceux qui trouvent l’évaluation attrayante. Le titre s’échange à 8,11 fois les prévisions de bénéfice des 12 prochains mois, comparativement à une moyenne de 9,56 fois pour les comparables, selon une recension de Reuters. Le rendement du dividende atteint maintenant 5,26%.

L’analyste reconnaît qu’il y a des inquiétudes du côté du ralentissement de la croissance des prêts hypothécaires au Canada. D’ailleurs, la CIBC est la plus exposée aux aléas du marché résidentiel canadien. Il juge cependant que ces risques sont pris en compte dans l’évaluation. Il anticipe qu’une augmentation des marges et une meilleure gestion des coûts permettront de faire croître le bénéfice par action. Il émet une recommandation d’achat et une cible de 145$.

Bien des analystes restent sur les lignes de côté, malgré tout. C’est le cas d’Eric Compton, de Morningstar. Il note que la CIBC est la plus exposée au marché hypothécaire canadien, «particulièrement les prêts non assurés». Sans voir un scénario catastrophe comme la crise immobilière américaine de 2007, il pense qu’un ralentissement immobilier plomberait davantage la CIBC que ses concurrentes. En combinant, le déploiement de la stratégie aux États-Unis et les difficultés au Canada, l’analyste croit que le rendement sur le capital stagnera à moyen terme.

La BMO dépasse la moyenne en 2018

La stratégie a réussi en 2018. L’action de la BMO a fait mieux («moins pire», dans ce cas-ci) que la moyenne. Le titre a décliné de 7,94% en 2018. En tenant compte du dividende, le rendement total est à la baisse de 4,04%.

Ceci ne veut pas dire qu’il s’agissait du meilleur choix. La RBC et la TD ont limité leurs pertes totales à 1,69% et 0,90%, respectivement. Par contre, les revers de la Scotia et de la CIBC permettent à la BMO de faire mieux par rapport à la moyenne.

La stratégie n’est toutefois pas une garantie. La Scotia a été en queue de peloton deux années consécutives en 2015 et 2016 (un revers pour les investisseurs qui ont misé sur la Scotia en 2016). La recension du Globe and Mail affirme cependant que la stratégie a fonctionné 69% du temps.