La jeune Québécoise, qui effectue des contrats de maquillage à temps perdu, diffuse chaque semaine une vidéo sur le thème de la beauté, qu’elle tourne dans sa chambre avant d’effectuer elle-même le montage.

Les revenus générés par ses vidéos ne l’ont pas incitée à en tourner davantage, mais lui ont permis d’investir dans l’achat d’équipement. «J’ai changé ma caméra plusieurs fois et je suis passée de MovieMaker à un logiciel de montage plus sophistiqué», explique-t-elle.

Cynthia Dulude a publié sa première vidéo en janvier 2011, puis est devenue Partenaire YouTube en juillet de la même année. À l’époque, seules les chaînes ayant généré un nombre appréciable de visionnements pouvaient devenir partenaires et, ainsi, tirer des revenus de leurs vidéos. Elles devaient également s’engager à ne pas utiliser de contenu sous droits d’auteur. Toutefois, depuis l’année dernière, quiconque respectant cette deuxième condition peut tirer des revenus de ses vidéos, peu importe leur popularité.

Une vidéo qui change sa vie

Harley Morenstein offre un autre exemple de revirement de carrière grâce à YouTube.

Ce Montréalais était professeur dans une école secondaire lorsqu’il a publié une vidéo humoristique sur YouTube en 2010. La popularité de cette vidéo, où on pouvait le voir manger des hamburgers surdimensionnés avec ses amis, l’a convaincu qu’il avait trouvé un filon prometteur. Il a fini par quitter son travail pour s’occuper à temps plein de sa chaîne YouTube, Epic Meal Time, qui compte maintenant pas moins de 900 000 abonnés.

Outre les vidéos qu’il tourne encore avec ses amis, sa chaîne YouTube diffuse depuis décembre dernier Epic Chef, une émission qui met en scène de véritables chefs préparant le même type de malbouffe outrancière à laquelle Epic Meal Time doit sa popularité.

Un mode de financement à définir

Toutefois, la plupart des partenaires YouTube n’ont pas les moyens de se transformer en boîte de production. Ils doivent habituellement tout faire eux-mêmes, et les plus populaires d’entre eux sont souvent récupérés par des producteurs télé.

Thomas Gauthier, un Montréalais de 18 ans qui tire environ 1 000 $ par mois de sa chaîne YouTube TomliVlogs, déplore le manque de reconnaissance pour les artisans comme lui. «C’est beaucoup vu comme un tremplin vers les médias traditionnels. Mon rêve, c’est que ça devienne une plateforme crédible qui puisse avoir son propre financement.»

La solution à ce problème pourrait venir des abonnements payants, un modèle qui a fait le succès de Netflix. Depuis le 9 mai, YouTube permet à certains de ses partenaires de facturer de 0,99 $ à 7,99 $ pour un abonnement mensuel à leur chaîne.

Les artisans de YouTube que nous avons interrogés sont toutefois sceptiques. «Ça ne fonctionnera pas, car chaque chaîne sur YouTube a au moins une concurrente offrant du contenu équivalent. Les utilisateurs ne suivront pas celles qui deviendront payantes», soutient Ashkan Karbasfrooshan, pdg de WatchMojo.com, une entreprise montréalaise ayant diffusé 7 000 vidéos sur YouTube.

Boom des revenus publicitaires

La courbe de croissance des revenus publicitaires engrangés par YouTube pourrait toutefois suffire à transformer en véritable industrie la production de vidéos pour YouTube.

WatchMojo.com, qui distribue ses vidéos sur différentes plateformes, a vu ses revenus issus de YouTube exploser au cours des derniers mois. «Avant, YouTube représentait environ 10 % de nos revenus. Aujourd’hui, il compte pour 25 à 33 % de nos revenus. On fait plus d’argent que jamais sur YouTube, mais pour ce faire, on doit générer beaucoup de vidéos et maintenir nos coûts de production très bas», dit M. Karbasfrooshan.

julien.brault@tc.tc