Jeune femme caucasienne inquiète organisant les finances de la maison.
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Tanya Staples a présenté un aperçu de ses recherches sur la préparation des Canadiens et Canadiennes à la retraite à l’occasion du symposium de l’Institute of Advanced Financial Planners à Nanaimo (C.-B.), le 25 septembre dernier.

Tanya Staples est professeure en planification financière et en recherche à la School of Business du Conestoga College Institute of Technology and Advanced Learning. Elle détient un doctorat en planification financière personnelle à Kansas State University et présentera sa thèse le mois prochain.

« J’ai toujours pensé que notre façon d’aborder la santé reflète souvent notre façon d’aborder nos finances, a-t-elle affirmé à son auditoire. Éviter, éviter, ignorer, ignorer, jusqu’à ce que quelque chose de grave se produise. »

Elle a combiné ses propres recherches avec les résultats de l’Enquête canadienne sur les capacités financières de 2019. Tanya Staples a aussi appliqué le Health Belief Model (modèle des croyances en santé), élaboré par les services de santé publique des États-Unis dans les années 1950 pour comprendre comment les gens prennent des décisions liées à leur santé.

« Les individus ont certaines perceptions qui les motivent à adopter un comportement, a expliqué Tanya Staples. Ils sont motivés si les avantages perçus dépassent les obstacles et réduisent les menaces possibles. […] Ce modèle a été très efficace. »

L’intérêt de Tanya Staples pour les différences entre hommes et femmes remonte à son expérience comme consultante en régimes de retraite et avantages sociaux à la fin des années 1990 et au début des années 2000.

« Les femmes connaissent des parcours professionnels très morcelés, a-t-elle souligné. Elles entrent et sortent du marché du travail pour des responsabilités de soins. Elles ont moins accès, en général, à un régime de retraite, elles gagnent moins que leurs homologues masculins et tout cela les place en position de vulnérabilité face à la retraite. Nous observons une insécurité financière accrue chez les femmes canadiennes à la retraite. »

Tanya Staples a présenté cinq indicateurs d’une bonne préparation à la retraite :

  • avoir un compte de retraite ;
  • épargner pour la retraite ;
  • avoir calculé le montant dont on aura besoin ;
  • avoir consulté un conseiller ;
  • et faire confiance à ces conseils.

« Seulement deux femmes sur dix se disent très préparées pour la retraite, a rappelé Tanya Staples, citant une étude américaine de 2015. Nous savons que les femmes déclarent des niveaux plus faibles de connaissances financières, de confiance financière […] et de patrimoine accumulé. »

La confiance financière peut avoir un effet démesuré puisque, comme en santé, une grande partie de la planification de la retraite repose sur de bons comportements décisionnels.

« Quelle est notre responsabilité, en tant que planificateurs financiers, pour soutenir les femmes ? a demandé Tanya Staples à l’auditoire. Qu’est-ce qui empêche nos clientes de se préparer adéquatement à la retraite ? Qu’est-ce qui les encourage à s’engager dans cette planification ? Quels sont les avantages qui motivent les gens à vouloir atteindre la sécurité financière à la retraite ? Et quelles sont les menaces ? »

Dans sa thèse, elle définit les avantages perçus comme « la valeur attendue associée à l’acceptation et à la mise en œuvre du comportement recommandé. Les avantages perçus sont les effets positifs d’une action visant à réduire une menace… »

Elle en a recensé six :

  1. avoir plus de revenus que de dépenses ;
  2. devenir orienté vers des objectifs ;
  3. se sentir confiant à l’égard de la retraite ;
  4. devenir financièrement informé ;
  5. bien gérer son argent ;
  6. et prendre des décisions financières éclairées fondées sur les prix et la valeur.

Quatre obstacles nuisent à la préparation :

  1. l’endettement ;
  2. l’absence de fonds d’urgence ;
  3. un mauvais dossier de crédit ;
  4. et le sentiment de ne pas contrôler les finances du ménage.

Quant aux menaces à la préparation à la retraite, elles sont surtout psychologiques :

  • croire qu’on ne pourra pas se payer ce qu’on veut ;
  • craindre de manquer d’argent ;
  • ne pas suivre ses finances ;
  • éprouver des problèmes d’argent ;
  • avoir l’impression de « juste survivre » ;
  • et regretter des décisions financières après coup.

La moitié des femmes ignorent combien elles doivent épargner

Chez les femmes de 35 à 64 ans interrogées dans l’Enquête canadienne sur les capacités financières de 2019, Tanya Staples a noté que seulement 53 % des travailleuses non retraitées avaient calculé le montant nécessaire pour leur retraite. Un tiers des femmes se jugeaient compétentes ou très compétentes en finances, contre 47 % des hommes.

Les femmes sont aussi plus enclines à accepter et à faire confiance aux conseils financiers professionnels : 67 % se sont dites d’accord ou fortement d’accord, comparativement à 62 % des hommes.

L’appel à l’action de Tanya Staples comprend de l’éducation destinée aux femmes, mettant en avant les avantages de la planification de la retraite ; l’élimination des obstacles qui limitent leur capacité à gagner et à épargner ; ainsi que des politiques facilitant la conciliation entre responsabilités de soins et travail, et qui s’attaquent à « la précarité de l’emploi féminin ».

Elle prévoit également une nouvelle phase de recherche. Tanya Staples comparera les résultats de l’Enquête canadienne sur les capacités financières de 2024 avec ceux de 2019 afin de mesurer les effets de la pandémie sur ces dynamiques.

Avec cette recherche complémentaire et la conclusion de son doctorat, Staples s’impose comme une penseuse influente dans le domaine de la planification financière au Canada. Nous avons de la chance de l’avoir.