Une capture d'écran d'Olivo

Il y a deux ans, David Stréliski, chef du Conseil et président du conseil d’administration de Koïos Intelligence promettait « un outil unique, facile d’utilisation et accessible par tous les joueurs de l’écosystème de l’assurance, autant par les consommateurs, que les courtiers et les assureurs » qui fonctionnerait comme un « Airbnb de l’assurance ».

Après un gros travail de développement, Olivo est enfin prêt à être lancé sur le marché et risque bien de bouleverser le domaine de l’assurance. Cet outil se basant sur l’intelligence artificielle (IA) et le traitement automatique du langage permet de répondre aux questions des clients, gérer leurs requêtes et surtout les relier aux assureurs et aux courtiers.

Avec cette application, Mohamed Hanini, PDG, fondateur et Chef scientifique de Koïos Intelligence, précise que le but n’est pas d’éliminer le courtier, mais bien d’accélérer son travail.

« On est un éditeur de logiciel, pas un assureur. On ne vend pas de l’assurance, mais on offre aux assureurs, aux compagnies d’assurance et aux firmes de courtage, une plateforme en assurance qui permet de fluidifier le processus de la souscription. On commercialise une plateforme chez les courtiers et les grandes compagnies d’assurance et c’est à eux de convaincre les consommateurs », explique-t-il en entrevue avec Finance et Investissement.

Accélérer un long processus

Proposer un produit d’assurance vie à un client prend énormément de temps pour un courtier. Il faut rencontrer le client, lui expliquer les produits, établir un prix, faire une soumission à l’assureur et cela n’offre aucune garantie que le client ne décidera pas finalement de refuser l’offre.

Olivo entre directement en relation avec le client qui peut discuter avec lui, lui poser ses questions et obtenir des réponses sans qu’un humain n’intervienne. Il peut finalement offrir une proposition au client en fonction de leur conversation et des informations fournies.

« L’application se base sur la moyenne des prix et donne la cotation selon la valeur de la couverture », décrit Mohamed Hanini.

Si le programme permet d’éviter au conseiller de convaincre le client, il permet aussi d’accélérer la prise d’informations. Effectivement, le système de dialogue vient avec un tableau de bord pour l’assureur et le courtier qui réunit les informations et permet de voir les produits qui manquent au client ou ceux qui se recoupent.

« C’est comme un système de triage, finalement, commente Mohamed Hanini. Il y a toute une saisie automatique de données ou d’informations en temps réel. Ce qui permet d’accélérer tout le processus de souscription d’un courtier ou d’un assureur. »

En plus de l’assurance vie, Olivo fonctionne également pour l’assurance de dommage, l’assurance voyage et actuellement Koïos Intelligence se penche sur l’assurance maladie pour que celle-ci soit également disponible.

Un système qui mesure l’intention du consommateur

Ce qui est impressionnant avec Olivo c’est qu’il s’agit réellement d’un programme avec lequel le consommateur peut discuter, affirme Mohamed Hanini. Actuellement, la plupart des systèmes de dialogue offerts sur le marché sont guidés. « On nous parle d’IA, mais clairement il y a des règles de décision derrière. »

Olivo, propose pour sa part une conversation ouverte. Même pas besoin d’interface, le consommateur peut dialoguer avec une boîte, même si bien sûr il peut aussi utiliser le clavardage. « On n’a même pas besoin d’ordinateur, ça pourrait être indexé à Alexa de l’assurance », ajoute le PDG de la startup.

Comme le programme mesure l’intention du consommateur, il est capable de comprendre ce qu’il veut dire malgré les fautes de diction ou d’orthographe.

« Le traitement de langage naturel est basé sur des mesures de similarité en prenant en considération le contexte », explique Mohamed Hanini. On propose un système de dialogue dynamique qui offre une expérience client sans équivalent. Ce qui est très intéressant, c’est que via une conversation user friendly, on est en mesure de remplir le formulaire et avoir une cotation. »

« Pour nous, l’expérience client, donc le consommateur, est au centre du produit. Si on veut réussir avec les assureurs, il faut vraiment que le client soit séduit par la techno », ajoute-t-il.

Une belle croissance en vue

Malgré la pandémie actuelle, Koïos Intelligence prévoit un futur brillant pour Olivo. Puisque leur produit est en ligne, la société n’a été que peu impactée par la pandémie et envisage même de nombreuses embauches en 2020.

Koïos Intelligence compte déjà deux clients, deux signatures fermes obtenues fin 2019, début 2020. La première phase de lancement avec eux est prévue en septembre. « Ça nous prend 3-4 mois pour personnaliser l’application pour les clients, donc pour qu’elle fonctionne selon leurs formulaires », explique Mohamed Hanini.

En plus de ces clients, la compagnie est en discussion avancée avec une dizaine de clients.

« Quand je dis discuter, on parlait de l’intégration et du prix. On est genre à la sixième rencontre, donc c’est assez avancé », précise Mohamed Hanini.

En raison de ces développements, la startup, qui compte une vingtaine d’employés entre Montréal et leur structure en Tunisie, compte faire de nombreuses embauches d’ici la fin de l’année. « Ça va dépendre bien sûr de la phase commerciale, mais on sera en mesure d’atteindre 45-50 personnes à la fin de l’année dans le meilleur scénario. Dans le scénario moyen, on sera entre 35-40. »

Koïos Intelligence compte toutefois déjà une dizaine de postes à combler pour des scientifiques de données et des développeurs.

Finalement, Koïos Intelligence prévoit une grande levée de fonds en automne. La startup estime que le moment est venu de demander de l’aide aux bailleurs de fonds pour se développer à l’international, notamment en Amérique du Nord et surtout sur le marché américain. « C’est là où il y a le plus d’assureurs au monde et là où ce genre de produit pourra être révolutionnaire », commente le PDG.

La startup se tourne seulement maintenant vers les rondes de financement, car ses fondateurs refusaient de demander des fonds en proposant seulement une idée.

« Certaines startups évoluent de manière spéculative. Nous on voulait développer un beau produit, avoir des ventes et ensuite lever des fonds de manière organique. Selon moi, c’est comme cela qu’une compagnie s’enracine », conclut-il.