Une photo portrait de Stephan Bourbonnais.
Gracieuseté

On sait désormais où Stéphan Bourbonnais continuera sa carrière. À compter du 24 février prochain, il deviendra le président d’iA Gestion privée de patrimoine.

Il a quitté vendredi dernier le poste qu’il occupait depuis mars 2013, soit celui de premier vice-président et directeur régional, Est du Canada, Services Privés, Gestion de patrimoine TD (GPTD). Il dirigera l’organisation issue du regroupement de Patrimoine Hollis et iA Valeurs mobilières (iAVM) à partir des bureaux à Montréal.

« Je suis très excité et enthousiaste à la possibilité de travailler en collaboration avec une entreprise entièrement indépendante et soutenue par la force et la stabilité d’une institution financière qui est parmi les plus anciennes et les plus respectées au pays », a-t-il déclaré à Finance et Investissement.

Stéphan Bourbonnais succèdera ainsi à John Kelleway, qui lui-même avait succédé à Richard Legault.

Dans ses nouvelles fonctions, Stéphan Bourbonnais devra bien connaître l’organisation et s’y faire bien connaître afin de continuer de faire croître ce modèle d’affaires.

« Le groupe a changé de nom il n’y a pas longtemps. Mon mandat est de m’assurer qu’on fasse vivre cette culture-là d’entrepreneuriat, ce modèle indépendant. Il y a une place pour accueillir les indépendants dans notre industrie de la bonne façon et pour aider les clients également. C’est ce qui m’a attiré dans le nouveau projet », a indiqué Stéphan Bourbonnais.

« Je me considère comme un agent de changement. Je suis un passionné de l’industrie, des conseillers en placement et des entrepreneurs, ajoute-t-il.  [Mon rôle] va être de gagner le cœur et l’esprit des gens, une personne à la fois, et de m’assurer qu’on écoute bien les gens, que l’on comprenne bien les enjeux et que très rapidement, on puisse faire avancer les choses pour rejoindre les attentes et la satisfaction de tout le monde. »

Stéphan Bourbonnais, qui a évolué dans le secteur de la distribution de valeurs mobilières, d’abord à la Banque Nationale, puis à la Banque TD, trouvera chez son nouvel employeur un autre modèle d’affaires.

Généralement, pour les courtiers en placements détenus par les banques, cette dernière fournit un niveau de service relativement important aux conseillers en placement, mais limite leur part de rémunération. On parle dans le jargon de l’industrie d’une répartition 50-50, à savoir que la firme conserve environ la moitié des revenus bruts générés par le conseiller en placement afin de financer divers services qui lui sont rendus.

Or, chez iAVM, maintenant désignée iA Gestion privée de patrimoine, la part des revenus bruts générés qui va au conseiller est plus importante. En contrepartie, celui-ci prend davantage de dépenses à son compte et, selon le cas, peut en choisir à la pièce. On parle dans ce cas d’un modèle 80-20, où, en moyenne, le pourcentage des commissions qui revient au conseiller sur le total de ses ventes brutes, c’est-à-dire son taux de payout moyen, est de 80 %.

Lors du Pointage des courtiers québécois 2020, les conseillers en placement d’iAVM qui ont répondu au sondage affichaient un taux de payout moyen de 76,8 %, par rapport à 46,3 % pour l’ensemble des répondants des firmes de courtage ayant un modèle 50-50, soit la majorité des conseillers sondés.

L’actif sous gestion moyen par conseiller d’iAVM au 31 décembre 2019 s’élevait à 43,8 millions de dollars (M$) par rapport à 156,1 M$ au premier trimestre de 2020 pour la moyenne des répondants à ce pointage. Faire augmenter l’actif sous gestion par conseiller afin que celui-ci rattrape celui des pairs du secteur du plein exercice sera probablement un défi pour Stéphan Bourbonnais.

Toutefois, Stéphan Bourbonnais n’a pas peur des défis. Avec son équipe et son recrutement de talents, il a permis à Gestion de patrimoine TD (GPTD) d’accroître sa part de marché, dans un marché concurrentiel.

De 2014 à 2017, l’actif sous gestion (ASG) des activités québécoises de courtage de plein exercice de GPTD a augmenté de 5,7 G$ à 11,9 G$. Les revenus de ces activités sont passés de 41,4 M$ à 75 M$, et le nombre de conseillers en placement (CP) est passé de 65 à 88.

Entre 2014 et 2017, l’ASG de ces activités, exprimé en proportion de l’actif total des sociétés de courtage en placement, compilé par l’Institut de la statistique du Québec, est ainsi passé, environ, de 3,3 % à 5,7 %.

De 2017 à 2020, cette part de marché est plutôt restée stable à environ 5,7 % bien qu’il y ait eu une croissance de l’ASG chez GPTD, s’établissant à 13,6 G$ à la fin d’août 2020. À ce dernier moment, les revenus s’établissaient à 91,3 M$, et le nombre de CP, à 98.

« Ce fut une belle aventure qui a duré huit ans. De voir d’où on est parti et de voir la progression qu’on a eue au Québec… je regarde en arrière et j’ai beaucoup de fierté et d’appréciation pour les gens qui sont là », affirme Stéphan Bourbonnais.

Il ne quitte donc pas en mauvais terme avec GPTD : « Je ne quitte pas une organisation. J’en joins une nouvelle. C’est une opportunité unique. »

Le départ de Stéphan Bourbonnais risque aussi de constituer un défi pour Gestion de patrimoine TD, qui devra trouver un autre leader et composer avec l’incertitude découlant de cette situation.

Selon nos sources, le jour de l’annonce de son départ, certains conseillers de GPTD se faisaient courtiser par des réseaux concurrents. Dans une industrie où le recrutement de conseillers concurrents reste une avenue de croissance pour les firmes et est d’ordinaire assez commun, ce changement de leadership risque d’accentuer ce genre d’activités.