La prudence des emprunteurs et la dégradation des perspectives économiques ont entraîné une légère baisse des bénéfices de la Banque Scotia au deuxième trimestre par rapport à l’année dernière, alors que l’institution financière réserve davantage d’argent pour les prêts douteux.
La banque a déclaré un bénéfice net de 2,03 milliards de dollars (G$) au deuxième trimestre (T2), en baisse par rapport à 2,09 G$ un an plus tôt, ses provisions pour pertes sur créances ayant augmenté de 391 millions de dollars par rapport à l’année précédente pour atteindre 1,4 G$.
« Bien que nous n’ayons pas constaté de détérioration significative du crédit, nos indicateurs prospectifs de base se sont détériorés », a expliqué le président et chef de la direction, Scott Thomson, lors d’une conférence téléphonique sur les résultats mardi.
Il a indiqué que les dépôts augmentent et que la croissance des prêts hypothécaires ralentit, les consommateurs devenant plus prudents, tandis que l’activité sur les marchés financiers a ralenti en avril en raison de l’intensification de l’incertitude tarifaire.
Scott Thomson s’est toutefois dit optimiste quant à la fin des élections canadiennes et la stabilité politique à venir, qui aidera le pays à se concentrer sur les questions de croissance et de productivité.
« Bien que la baisse de confiance des consommateurs et des entreprises ait un impact sur la croissance des prêts à court terme et l’activité sur les marchés financiers, l’avenir s’annonce prometteur pour le Canada », a-t-il souligné.
Affirmant sa confiance dans ses finances, la Banque Scotia a augmenté son dividende trimestriel à 1,10 $ par action, contre 1,06 $ par action. Il s’agit de sa première augmentation en deux ans.
Avec un ratio des actions ordinaires et assimilées de 13,2 %, bien supérieur au minimum obligatoire de 11,5 %, la banque a également lancé un programme de rachat d’actions afin de stimuler le cours de son action et de reverser des liquidités aux actionnaires.
Cette augmentation du versement aux actionnaires intervient alors que la Banque Scotia a annoncé un bénéfice de 1,48 $ par action pour le trimestre clos le 30 avril, comparativement à 1,57 $ par action au même trimestre l’an dernier.
Les revenus ont totalisé 9,08 G$, contre 8,35 G$.
Sur une base ajustée, la Banque Scotia a déclaré un bénéfice de 1,52 $ par action, en baisse par rapport à un bénéfice ajusté de 1,58 $ par action un an plus tôt.
Les analystes s’attendaient en moyenne à un bénéfice ajusté de 1,56 $ par action, selon les données fournies par LSEG Data & Analytics.
Les provisions en cause
Selon John Aiken, analyste de Jefferies, ce manque à gagner était en grande partie dû à la hausse des provisions, même si, par ailleurs, les résultats étaient solides.
« Bien que la croissance sous-jacente soit encore freinée par certains obstacles, nous pensons que cela est dû au contexte opérationnel et pas nécessairement à une spécificité de Scotia », a-t-il précisé dans une note.
Gabriel Dechaine, analyste de la Banque Nationale, a indiqué que la division bancaire canadienne de la Banque Scotia présentait des préoccupations, notamment en raison d’une croissance négative des bénéfices et d’une stagnation des volumes de prêts. Il a également pointé du doigt les provisions comme étant la cause de ce résultat inférieur aux attentes.
« La raison pour laquelle la Banque Scotia n’a pas répondu aux attentes est entièrement due à un ajout plus important que prévu aux provisions, ce qui est une approche conservatrice que nous croyons appropriée dans le climat économique actuel », a-t-il précisé.
La Banque Scotia a indiqué que ses provisions constituées l’aideront à faire face aux incertitudes à venir et que ses provisions pour les prêts douteux — le segment dont le remboursement est incertain — devraient être suffisamment élevées pour rester stables tout au long de l’année.
« Nous ne constatons aucune zone de tension majeure dans nos portefeuilles, et nous sommes plutôt confiants, à la lecture des données canadiennes, quant à la stabilisation des impayés hypothécaires. Je constate une stabilisation des impayés automobiles », a souligné Phil Thomas, chef, Gestion du risque.
« Ainsi, pour les deux prochains trimestres et compte tenu de nos prévisions, nous anticipons une relative stabilité aux taux actuels », a-t-il ajouté.
Les agences de crédit indiquent que les consommateurs ont plus de mal à payer leurs factures. Un rapport d’Equifax publié mardi mentionne notamment que les taux d’impayés ont augmenté de 8,9 % sur un an pour les non-titulaires de prêts hypothécaires et de 6,5 % pour les titulaires de prêts hypothécaires.
Selon Phil Thomas, la pression exercée par les consommateurs se manifeste moins par des impayés et davantage par des dépenses prudentes. Il a indiqué que les consommateurs voyagent moins à l’étranger, font davantage d’épiceries à petit budget et hésitent davantage à faire des offres immobilières en raison de l’incertitude entourant l’emploi.
« On constate un certain ralentissement, mais cela ne se reflète pas au quotidien, a avancé M. Thomas. En fin de compte, c’est pourquoi nous avons augmenté notre provision pour risque de 18 points de base afin d’être prêts à faire face à une éventuelle hausse du chômage, à des licenciements et à un impact significatif sur le consommateur canadien. »