Par contre, «en ce qui concerne le taux de remplacement à la retraite du revenu des travailleurs de la classe moyenne, le Québec se retrouve parmi les pays les moins performants», ajoute-t-il.

En octobre, lors du colloque sur la retraite organisé à Québec par le Cercle finance du Québec, Patrik Marier et Roland Villeneuve, vice-président aux politiques et aux programmes à la Régie des rentes du Québec (RRQ), ont présenté un éventail de mesures en vigueur à l’étranger dont le Québec pourrait s’inspirer.

Selon le Mercer Melbourne Global Index de 2013, le système de retraite du Canada se classe 6e sur 20 pays.

La firme recommande que des mesures soient prises afin d’accroître l’épargne des ménages, de développer des produits attrayants pour ceux qui n’ont pas de régime complémentaire de retraite et d’encourager les travailleurs à retarder leur départ à la retraite.

Remplacement du revenu

D’après Roland Villeneuve, les experts de la RRQ estiment qu’au Canada, les régimes «obligatoires» du Québec versent à l’individu qui gagne un salaire moyen 47 % de cette somme quand il quitte le travail à 65 ans. Le salaire moyen annuel se chiffrait à environ 43 700 $ en septembre 2013, selon Statistique Canada.

Par comparaison, aux Pays-Bas, l’individu qui gagne un salaire moyen reçoit des seuls régimes «obligatoires» 88,1 % du montant de son revenu une fois à la retraite.

Pour la moyenne des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le taux de remplacement du revenu s’établit à 57,3 % pour le travailleur moyen.

Au Québec, lorsqu’un travailleur veut maintenir à la retraite un revenu équivalant à 60 % de son revenu durant sa vie active, il doit placer une part croissante de son épargne-retraite dans des outils facultatifs dès qu’il gagne plus de 33 000 $, selon un autre document fourni par la RRQ.

En Suède, avec les régimes obligatoires seulement, le travailleur qui gagne une fois et demie le salaire moyen obtient 68,7 % de son revenu lorsqu’il est à la retraite.

KiwiSaver

Pour améliorer le taux de remplacement du revenu de retraite de ses citoyens, le Québec peut s’inspirer de la Nouvelle-Zélande et de son régime de retraite, le KiwiSaver.

Ce dernier s’apparente au Régime volontaire d’épargne-retraite (RVER) que le gouvernement du Québec a récemment adopté.

Attention, dit le politologue Patrik Marier : là-bas, il n’y a pas de REER et les employeurs doivent obligatoirement contribuer au KiwiSaver du travailleur admissible.

Le régime a été plus populaire que prévu, notamment parce qu’à l’instar du Régime d’accession à la propriété (RAP) au Canada, il permet l’utilisation de fonds pour l’achat d’une résidence.

Les travailleurs néo-zélandais peuvent décider de ne pas participer au KiwiSaver, mais le gouvernement verse 1 000 $NZ, soit 894 $ CA, au compte de chaque nouveau cotisant.

Grâce à cette «subvention», selon Denis Latulippe, directeur de l’École d’actuariat de l’Université Laval, «la Nouvelle-Zélande va plus loin que ce qui se fait ici» et elle mise sur l’accroissement des connaissances financières des travailleurs.

De plus, le cotisant au KiwiSaver jouit d’un nombre d’options de placement plus étendu que ce qui est prévu dans le RVER, observe Patrik Marier.

Selon lui, le RVER devrait avoir des balises plus fermes pour protéger les participants. Le fonds «par défaut» devrait être géré par la Caisse de dépôt et placement du Québec, ou comme en Alberta, par un organisme gouverné par un conseil d’administration public.

Pays-Bas

La réforme adoptée aux Pays-Bas en 2012 retient l’attention de plusieurs experts, dont ceux qui ont participé au comité sur l’avenir du système de retraite québécois présidé par Alban D’Amours.

Cet intérêt est lié à la volonté de ce groupe d’assurer la pérennité des régimes complémentaires à prestations déterminées, selon Denis Latulippe, ancien actuaire en chef à la RRQ.

«Les régimes néerlandais ont mieux traversé la dernière crise que ceux d’autres pays», affirme l’actuaire.

Ils sont construits pour des «catégories professionnelles» et ont désormais l’obligation de maintenir un plein financement, explique le professeur Patrik Marier.

Le taux de capitalisation requis pour l’équilibre est «aux alentours de 130 %», selon le rapport D’Amours. Cela signifie que les régimes sont équilibrés lorsque la valeur actualisée des promesses faites aux travailleurs et aux retraités équivaut à 130 %.

Cependant, ils ont l’avantage d’être souples. En cas de déficit, ajoute Patrik Marier, l’indexation des rentes est suspendue. Les prestations peuvent également diminuer et les cotisations peuvent augmenter lorsque les régimes sont déficitaires.

Changer l’âge légal

En Hollande, comme dans la plupart des pays d’Europe continentale, note Denis Latulippe, «l’âge légal» de la retraite augmente progressivement de 65 à 67 ans. L’autre tendance qu’il remarque est le resserrement des critères pour les retraites anticipées.

Par ailleurs, en France, ajoute le professeur Patrik Marier, on a «introduit par la porte d’en-arrière» des changements qui mènent vers un report de la fin de carrière et cela sans toucher à l’âge légal.

Cela se fait en augmentant le nombre d’années de cotisation nécessaires à l’obtention d’une retraite à taux plein.

Simplicité

Pour le chercheur, il ne faudrait surtout pas s’inspirer de la complexité du système du Royaume-Uni, «quasi impossible à comprendre et à gérer» en raison d’une multitude de facteurs à considérer par les individus au moment de prendre une décision.

À cause des huit ou neuf programmes dont il faut tenir compte depuis le lancement du CELI, et bientôt, celui des RVER, le système canadien «est déjà de plus en plus compliqué», prévient Patrik Marier

De son côté, Denis Latulippe soutient qu’il «n’existe pas de modèle unique capable d’assurer la performance d’un système de retraite». Il prône plutôt «un système mixte et diversifié comme garantie de succès».