Image de la Caisse de dépôt et placement à Montréal.
Crédit : La CDPQ

La CDPQ a dévoilé vendredi les résultats de son premier semestre, révélant un recul de son actif net qui s’établit à 333 milliards de dollars (G$) au 30 juin 2020. Au 31 décembre dernier, l’actif net s’élevait à 340,1 G$.

Tout au long de la conférence téléphonique avec les journalistes, le président et chef de la direction, Charles Emond, a insisté sur le fait que la Caisse n’est pas en crise, comme elle a pu l’être lors de la récession de 2008.

« Nous avons amplement les liquidités dont nous avons besoin et toute la marge de manœuvre requise, a-t-il assuré. Les liquidités que nous avons sont suffisantes pour répondre aux besoins de nos déposants, appuyer les entreprises du Québec et investir de façon agile, opportuniste, pour créer des rendements. »

Dans le communiqué publié en matinée, la Caisse tente justement de se faire rassurante en rappelant son rendement annualisé de 6,3 % sur une période de cinq ans et de 8,7 % sur dix ans.

Le PDG a résumé la performance négative de la Caisse à trois principaux facteurs, soit d’abord la fermeture des centres commerciaux en raison de la COVID-19. Il s’agit d’un secteur d’investissements majeurs pour son bras immobilier Ivanhoé Cambridge. Ces actifs sont évalués à 12 G$ au Canada.

En second lieu, Charles Emond évoque la sous-pondération de la CDPQ dans les grands titres technologiques (GAFA) et dans tout le secteur numérique en général.

« On a une économie qui est en train de se numériser. Il est important de s’ouvrir et de s’exposer à ce secteur-là qui va prendre de plus en plus d’importance », a reconnu le grand patron qui en a fait l’une des priorités de son plan d’action pour renouer avec la croissance.

Dans la catégorie Actions, le rendement négatif au terme du premier semestre de l’année se chiffre à 5 %.

Selon Charles Emond, c’est principalement en raison des attentes des déposants de la Caisse que celle-ci avait évité jusqu’ici d’investir de manière importante dans les entreprises technologiques sur les marchés boursiers.

La troisième cause du recul au premier semestre de 2020 serait les participations importantes détenues par la CDPQ dans de grands titres québécois qui ont eux aussi été victimes de la pandémie. Charles Emond soutient cependant que plusieurs de ces retards ont déjà été rattrapés dans le seul mois de juillet.

Cirque du Soleil

Parmi les pertes attribuables à des fleurons québécois, on peut souligner les graves problèmes rencontrés par le Cirque du Soleil. Dans la faillite de ce géant du divertissement, la Caisse de dépôt et placement du Québec a subi une perte de 170 M$ US.

Lors de la conférence téléphonique de vendredi, le PDG Charles Emond a révélé que la Caisse avait radié de ses livres la totalité de son investissement dans le cirque.

Par ailleurs, au moment où les créanciers tentent de relancer l’entreprise fondée par Guy Laliberté, la CDPQ n’a pas complètement fermé la porte à une participation future dans la nouvelle entité.

Toutefois, Charles Emond impose des conditions strictes, soit que le nouveau Cirque du Soleil connaisse du succès et que son niveau d’endettement soit jugé raisonnable.

Ivanhoé Cambridge

Une bonne part des pertes subies au cours du premier semestre est attribuable au portefeuille immobilier d’Ivanhoé Cambridge.

De manière plus précise, les portefeuilles Immeubles et Infrastructures ont connu un recul de 7,3 % depuis le début de l’année 2020, dont 11,7 % pour le seul portefeuille Immeubles.

Le poids de ce recul incombe principalement aux centres commerciaux, dont la valeur est en chute avec la fermeture de nombreuses bannières dans le commerce de détail. La hausse vertigineuse du commerce électronique rend davantage vulnérables ces investissements commerciaux.

Selon la présidente et cheffe de la direction d’Ivanhoé Cambridge, Nathalie Palladitcheff, on assiste surtout à un rattrapage du marché au Canada. Il semble que le phénomène observé ailleurs dans le monde n’avait pas encore véritablement sévi au pays.

Un virage a déjà été entrepris l’an dernier pour se départir de certains centres commerciaux et favoriser les investissements dans les secteurs industriels, logistiques, résidentiels et dans des immeubles de bureaux « de nouvelle génération », précise Nathalie Palladitcheff.

D’ici la fin de l’année, Charles Emond affirme qu’il faudra être « prudent, rigoureux, sélectif » face à une situation fragile et des mois qui s’annoncent difficiles en raison de l’incertitude qui entoure la crise sanitaire mondiale.