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« Les gens ont une réaction profondément émotionnelle envers à l’or », constate Mike Coop, spécialiste de portefeuille à Morningstar Gestion de placements. Beaucoup le voit comme « un produit sûr et sans danger ». Pourtant, nombre d’experts affirment qu’en posséder n’est pas une décision de placement avisé, particulièrement depuis sa hausse récente.

Voici pourquoi :

Pas un refuge

Un actif refuge serait un actif dont la valeur reste stable ou augmente, même en des temps incertains. L’or ne correspond pas vraiment à cette définition. Il est vrai que sa valeur a tendance à monter dans les périodes de volatilité, mais déjà ce n’est pas toujours le cas, et surtout il perd souvent ses gains lorsque la situation se stabilise.

« Entre 1980 et 1982, le prix de l’or a chuté de 52 %. Entre 2011 et 2015, il a perdu 42 %. Ce n’est pas comme ça que se comporte un refuge sûr », note Brian Dennehy, directeur général de FundExpert.

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D’autres estiment qu’un actif refuge protège contre l’érosion de l’inflation, mais encore là, l’or ne possède pas cette caractéristique. Entre 1980 et 2001, si l’on tient compte de l’inflation, le prix de l’or a chuté de 83 %, selon Brian Dennehy.

Et même si l’inflation était une raison d’investir dans cet actif, en ce moment la déflation est un risque plus élevé que l’inflation.

L’or soumis à la spéculation

Si le cours des actions varie pour diverses raisons pendant une courte période, sur le long terme, ce qui compte ce sont les données fondamentales. Le succès d’une entreprise dépend ainsi de facteurs tels que : les projets, le rendement du capital investi et la manière dont les actionnaires sont traités.

L’or ne verse pas de dividende, ne réalise pas de profit ni même de perte, son prix dépend finalement uniquement des investisseurs. Si ceux-ci en veulent, son prix augmente et, lorsqu’il n’est plus à la mode, son prix s’écroule.

« Cela veut dire que l’on se fie tout simplement à autrui pour être prêt à payer un prix plus élevé qu’on l’a fait soi-même », commente Mike Coop.

Deviner les tendances de l’or à court terme relève davantage de la spéculation que de l’investissement.

Pas une devise

Nombre d’investisseurs investissent pour avoir un revenu. Les dividendes des actions, par exemple, peuvent être réinvestis ou retirés pour payer des factures. L’or, lui, ne procure pas de revenu.

Toutefois, certains considèrent l’or comme une valeur physique sûre. Ils estiment qu’ils pourront puiser dans leur réserve lorsque ça ira mal, mais là encore ce n’est pas tout à fait exact. L’idée que l’on puisse acheter et vendre de l’or et s’en servir à la place des devises traditionnelle reste très improbable.

« On ne peut pas acheter un croque-monsieur avec un morceau d’or, et il faudrait que se produisent des choses assez extrêmes pour que les gens abandonnent leur propre devise pour la remplacer par l’or. La probabilité est infime, et on est un peu en retard si on décide de miser dessus après une hausse aussi importante de son prix », souligne Mike Coop.

Vers quoi se tourner?

Si l’or n’est pas le sauveur tant espéré, vers quoi se tourner? Selon Mike Coop, la meilleure police d’assurance en ce moment ne se trouve certainement pas dans un seul actif, mais plutôt dans une combinaison de placements bien diversifiée.

Les obligations gouvernementales de qualité supérieure ont très bien protégé les investisseurs contre les chutes du marché boursier, note-t-il. Certaines devises sont également souvent citées comme étant des refuges sûrs, comme le dollar américain ou le yen, mais les transactions sur les marchés de changes sont complexes et risquées.

Brian Dennehy propose à ceux qui veulent investir dans l’or de plutôt songer à investir dans les sociétés minières. Mike Coop conseille quant à lui d’opter pour des secteurs cycliques qui ont tendance à bien se comporter quand l’inflation augmente, comme les services bancaires et l’énergie.