L’Organisme canadien de réglementation des investissements (OCRI) affirme que Fitch Learning, son partenaire dans le cadre de son nouveau régime de compétences, soutient l’organisme de réglementation dans la conception des examens, mais pas dans les cours. La déclaration de l’organisme de réglementation fait suite à l’annonce par Fitch Learning de l’acquisition des activités de formation de Moody’s, y compris celles du Canadian Securities Institute (CSI).
Le nouveau programme de compétences de l’OCRI pour le personnel des courtiers en valeurs mobilières, fondé exclusivement sur des examens, sans exigence de cours préalable, entrera en vigueur le 1er janvier 2026. Ce changement mettra fin à l’accord historique entre le régulateur (et ses prédécesseurs) et le Canadian Securities Institute (CSI), jusque-là fournisseur exclusif de formation pour le secteur.
L’automne dernier, l’OCRI annonçait avoir retenu Fitch Learning, fournisseur mondial de formations financières basé à Londres, pour concevoir et administrer ses examens. Or, Fitch Learning vient tout juste d’annoncer l’acquisition du CSI, propriété de Moody’s, ainsi que de Moody’s Analytics Learning Solutions, un acteur mondial de la formation en analyse de crédit.
Lorsqu’on lui a demandé si Fitch Learning fournirait un programme d’études, l’organisme de réglementation a répondu dans un courrier électronique que son modèle de compétence était « proposé sur la base des meilleures pratiques, qui incluent la séparation des cours préparatoires ».
« Nous continuerons à travailler avec Fitch pour favoriser un marché de l’éducation sain pour les prestataires de cours préparatoires, sans modifier notre engagement et nos attentes envers Fitch pour nous aider à atteindre nos objectifs, indique le courriel. Fitch Learning comprend cela et s’engage à soutenir nos objectifs comme prévu, notamment en s’engageant à ne pas agir en tant que prestataire de cours préparatoires pour les examens de l’OCRI conçus et dispensés dans le cadre du nouveau modèle de compétence. »
Interrogé sur la possibilité que Fitch développe un programme d’études complet, plutôt que de simples cours préparatoires, l’OCRI précise que Fitch Learning participe à la conception du programme et des examens, mais pas à celle des cours, destinés aux personnes agréées par les courtiers en valeurs mobilières.
Fitch Learning n’a pas répondu à une demande de commentaires ; la société avait précédemment déclaré à Advisor.ca qu’elle réservait les entrevues jusqu’à la conclusion de l’accord avec Moody’s, probablement au quatrième trimestre.
Rod Burylo, gestionnaire de portefeuille associé chez Equate Asset Management à Oakville, en Ontario, et formateur en éthique à Calgary, en Alberta, souligne que la possibilité d’offrir davantage de formations à divers acteurs du secteur était « un atout majeur » de l’acquisition. Rod Burylo a été invité à siéger au comité d’éthique de CSI.
Rod Burylo estime que les capacités technologiques facilitent la diffusion de contenu. « Il est dans l’intérêt de l’industrie non seulement d’augmenter l’offre [éducative], mais aussi de le faire à un prix raisonnable », affirme-t-il. Idéalement, ce contenu devrait être axé spécifiquement sur les services financiers canadiens, précise-t-il. Parallèlement, Rod Burylo reconnaît les préoccupations concernant un éventuel monopole dans le domaine de l’éducation, qui pourrait entraîner une augmentation des prix.
Suite à la fermeture de l’IFSE Institute, le CSI est le seul fournisseur de compétences en matière de fonds communs de placement qui relèvent de la compétence des Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM), même si l’on s’attend à ce que ces compétences soient finalement intégrées dans les nouvelles compétences de l’OCRI. Les ACVM ont déclaré qu’elles continuaient d’évaluer les répercussions sur le secteur de la fermeture de l’IFSE et de l’acquisition du CSI par Fitch Learning.
« Certaines questions se posent […] quant à savoir si cette compétence [en matière de fonds communs de placement] sera incluse dans une phase future du projet de compétences et comment elle sera traitée », précise Michael Thom, directeur général de CFA Societies Canada.
Selon Michael Thom, la plus grande question qui se pose avant le lancement du nouveau régime de compétences le 1er janvier est de savoir « à quoi ressemblera le paysage des prestataires de préparation aux examens pour les nouveaux examens ; et nous ne le savons tout simplement pas pour l’instant ».
Dans l’ensemble, Michael Thom adopte une « approche attentiste » à mesure que le nouveau régime de compétences évolue. Dans l’état actuel des choses, il se réjouit de « cette nouvelle orientation positive » pour la formation dans le secteur, assure-t-il.
John Waldron, fondateur du fournisseur de services éducatifs Learnedly Canada Toronto, continue de se demander, comme il l’a fait pendant le processus de consultation sur les compétences, si le secteur est suffisamment important, en particulier dans certaines catégories d’enregistrement, pour soutenir un marché concurrentiel de haute qualité entre les fournisseurs de services éducatifs grâce à un modèle de compétences ouvert. Le bilinguisme officiel du Canada ajoute à la complexité. Selon lui, le régulateur pourrait éventuellement devoir jouer lui-même le rôle de fournisseur de programmes d’études.
Dans l’éventualité d’un développement de programmes d’études, John Waldron suggère à l’OCRI de publier une déclaration détaillant les supports à développer et les circonstances qui nécessiteraient le développement de supports supplémentaires. Fitch Learning devrait publier un document similaire, selon lui, et expliquer comment il garantirait le maintien d’une séparation entre les examens et le contenu du CSI, afin de gérer le conflit d’intérêts.