Un homme d'affaires assis sur un tas de billets vert.
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À la suite de la crise de 2008, le paiement en actions de prime de départ des cadres est devenu une pratique plus répandue. Cette pratique a notamment pour mérite de lier davantage la valeur de la prime à celle de l’entreprise au moment de son encaissement, notamment dans le cas d’entreprise dont la valeur pourrait être plombée pour des raisons délictuelles.

Il semble toutefois que les scandales qui ont frappé la société Wells Fargo & Co. depuis 2016 en lien avec la création de millions de comptes d’épargne frauduleux ont déclenché la mise en place d’une série d’examens rigoureux, menés tant par la banque que par les autorités de réglementation. Des examens devant être effectués avant le versement des dites primes, ce qui affecterait la génération de cadres actuellement en voie de prendre sa retraite de Wells Fargo, bien que la majorité d’entre eux n’aient aucunement été impliqué dans cette pratique, rapporte un article de ThinkAdvisor.

Selon l’article, ce processus d’examen créé par les régulateurs vise à empêcher la fuite de cadres avec des « parachutes dorés » alors que l’institution qui les emploie souffrirait de problèmes financiers susceptibles d’affecter les clients. Ce processus impose toutefois aux banques de compléter pour chacun des demandeurs visant la retraite, des documents qui peuvent contenir jusqu’à 50 pages chacun confirmant leur probité.  Ces documents sont ensuite vérifiés par différents organismes de réglementation, un processus particulièrement long qui retarde selon des témoignages le moment où les retraités sont en mesure de toucher leur prime.

« Nous avons travaillé avec diligence et de manière constructive avec nos régulateurs dans ce processus de révision, mais le processus est très détaillé et a malheureusement causé des retards à un certain nombre d’anciens employés, a reconnu Wells Fargo dans une déclaration. Nous regrettons que tout ancien employé qui devrait recevoir des paiements après son départ ait subi un retard, et nous sommes impatients de terminer le processus de révision. »

Si la situation des cadres de Wells Fargo n’attire peut-être pas la sympathie du public, les employés d’autres institutions se questionnent sur la probabilité qu’une telle situation leur arrive.

« C’est la crainte : vous serez au mauvais endroit au mauvais moment – vous n’avez rien fait de mal mais vous serez jugé d’une manière politique, potentiellement arbitraire, a déclaré Alan Johnson, directeur général du consultant en rémunération Johnson Associates. C’est comme des retombées nucléaires. La bombe n’est pas tombée sur vous, mais vous étiez à moins de 8 kilomètres de là. »

Des retards récurrents

Ces retards d’indemnisations seraient devenus très courants depuis la crise de 2008. En versant une part plus importante de la rémunération annuelle sous forme d’actions, en en bloquant la vente pendant des années et en rendant possible leur éventuelle récupération, les actionnaires ont cherché à protéger leurs intérêts à long terme en invoquant qu’ils étaient alignés sur ceux des personnes chargées de la gestion de l’entreprise. Une volonté qui a sans doute contribué à leur confiance dans l’industrie.

Ainsi alors qu’avant la crise, les dirigeants des banques les mieux rémunérés recevaient environ 30 % de leurs revenus sous forme de rémunération à long terme, cette proportion, aujourd’hui, est évaluée entre 50 % à 60 % du revenu, selon Johnson Associates.

Les cinq salariés les mieux payés de Wells Fargo ont reçu 70 % de leur salaire sous cette forme. Une pratique qui a permis de punir certains des responsables des accrocs faits à la réputation de la banque. Ainsi, peu après les scandales de 2016, l’institution a annoncé son intention de retenir des millions de dollars en actions non payées destinés à certains de ses plus hauts dirigeants, dont l’ancien directeur général John Stumpf et la directrice de la banque de proximité, Carrie Tolstedt.

Le mois dernier, l’OCC a annoncé des poursuites civiles contre huit anciens cadres de Wells Fargo, qui cherche à imposer des pénalités d’environ 59 millions de dollars. John Stumpf et deux autres cadres ont réglé leur différend. Carrie Tolstedt et quatre de ses collègues se battent contre ces accusations.