Une horloge qui court.
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Sonia Léveillé, Directrice Contrôle et évaluation des portefeuilles Gestion de patrimoine et Assurance de personnes, Desjardins, a partagé son expérience relative à la nécessité de son équipe d’adapter rapidement ses méthodes de travail depuis le début de la pandémie, lors d’un webinaire de l’Association des femmes en finance du Québec.

La gestionnaire a tenu à expliquer sa fonction. Son rôle n’est pas de prendre les décisions concernant les placements, mais plutôt de « refléter en temps réel, sur une base quotidienne, les transactions effectuées dans le fonds de placement ». Concrètement, elle doit, avec son équipe, calculer chaque jour la valeur marchande des titres détenus, achetés ou vendus, ce qui peut s’avérer une tâche colossale lorsque les marchés connaissent une instabilité persistante.

Cette activité est essentielle parce qu’elle donne chaque matin à tous les investisseurs les informations nécessaires sur leurs placements.

Pour Sonia Léveillé, les perturbations ont commencé le 27 février, à la suite d’une panne technologique à la Bourse de Toronto qui a forcé sa fermeture à 14h, plutôt qu’à 16h comme à l’habitude.

« Le 27 février a été un point de bascule. Il y a eu un déclenchement de notre cellule de crise et de notre plan de continuité des affaires à ce moment-là. »

Puis, avec le début de la pandémie, le S&P500 amorçait sa chute, et l’indice VIX, qui mesure la volatilité, est alors devenu central dans la surveillance des marchés, parce que « plus il bougeait, plus les contrôles devaient augmenter », confie Sonia Léveillé. La volatilité a explosé de 563%, un record.

Les perturbations du marché ont provoqué plusieurs réponses, notamment celles des banques centrales. Les effets de ces mesures sur les marchés se sont ressentis presque immédiatement.

« Les taux directeurs canadiens et américains ont baissé de 1,50%, ce qui a créé beaucoup de panique dans les marchés, tout le monde voulait vendre, ce qu’il ne faut absolument pas faire dans ce genre de circonstances. Il y a eu aussi beaucoup de rachats massifs de titres », explique la gestionnaire.

Composer avec le télétravail

Sonia Léveillé décrit le passage au télétravail comme une grande surprise, puisque le groupe n’était pas familié avec cette méthode de travail. L’adaptation s’est faite très rapidement et a mobilisé toutes les ressources disponibles.

« Le télétravail pour nous, d’habitude, est une exception, précise-t-elle. On en faisait à peine une fois par trimestre, parce que notre travail nécessite qu’on soit en étroite communication. Heureusement, notre plan de continuité des affaires était à jour et très efficace, et nous a permis de basculer rapidement vers ce nouveau mode de travail. Nous sommes passé de 0 télétravail à 100% télétravail en 24h. »

Cette adaptation a dû se faire dans des conditions de marché très instables, nécessitant des contrôles accrus et une vigilance sans précédent.

« Nous nous sommes retrouvés à devoir gérer, en plus de la volatilité, un volume d’activité sans précédent et l’introduction de nouveaux produits à taux négatifs, conséquence des baisses de taux d’intérêt », déclare la gestionnaire.

Elle précise que les temps de travail ont explosé, que les contrôle de fin de journée ont augmenté de 600%, et que des tâches qui, d’ordinaire, prenaient de 20 à 30 minutes, prenaient désormais 2h15 à compléter. Des retards de communication de données étaient inévitables et beaucoup plus important, ce qui a eu une conséquence non seulement sur les clients, mais aussi les employés qui se retrouvaient à travailler jusqu’aux petites heures du matin.

Sonia Léveillé confie, cependant, que son équipe a su parfaitement s’adapter aux changements imposés, et elle insiste sur la gestion efficace des personnes. Elle appelle les gestionnaires à veiller au bien-être de leurs employés et à leur confort en premier.