Un homme d'affaire qui pleure accroché à une flèche rouge qui descend.
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Dans la dernière décennie, les fonds négociés en Bourse (FNB) ont su se tailler une place dans le portefeuille des investisseurs. Une popularité qui commence à susciter l’inquiétude. Seront-ils la source de la prochaine crise financière ?

C’est ce qu’avance Michael Burry dans un récent article de Bloomberg. Le gestionnaire de fonds de couverture et personnage central du film et du livre The Big Short, qui avait prédit la crise financière de 2008, établit un parallèle entre les FNB et les titres garantis par créances (TGC, ou CDOs en anglais), ces titres complexes qui ont presque détruit le système financier mondial. Il craint qu’une vente massive des titres de créances fasse chuter les marchés.

Raymond Kerzérho, directeur de la recherche chez PWL Capital, ne partage pas cet avis. Il se porte plutôt à la défense des FNB dans un récent billet de blogue. Selon lui, les comparer aux TGC, « c’est faire fausse route ».

La différence entre FNB et TGC

Si les TGC ont dérapé en 2008, c’est parce qu’ils regroupaient des actifs de mauvaise qualité — des hypothèques non assurées — qui étaient présentés aux investisseurs comme étant relativement sûrs. Le problème, c’est que les agences d’évaluation de crédit ont « terriblement surestimé la qualité d’un grand nombre de ces TGC ». Le résultat a été qu’une tranche importante de ces actifs toxiques a été invendue et s’est retrouvée dans le bilan des institutions financières.

« On présumait [que les TGC] étaient de bonne qualité en s’appuyant sur l’idée que le risque peut être réduit par la diversification des actifs (détenir beaucoup de prêts dans l’entité ad hoc) et par la création de catégories de rang plus élevé [pour les remboursements de capital]. »

C’est là toute la différence entre les FNB et les TGC, selon lui. « Les FNB ne restructurent pas les flux de trésorerie des actifs sous-jacents », tous les détenteurs étant traités de la même manière. Aussi, « les FNB courants n’investissent que dans des actions et des obligations cotées en bourse. Ces actifs sous-jacents sont soumis à des normes de divulgation de l’information rigoureuses et sont relativement liquides, alors que les actifs sous-jacents des TGC peuvent être assez opaques » soutient M. Kerzérho.

Les investisseurs savent donc ce qu’ils obtiennent lorsqu’ils achètent un FNB connu. « Ils peuvent sous-estimer le risque des actions ou des obligations à un certain moment, mais ce n’est pas un défaut du FNB en soi, c’est plutôt une erreur de jugement concernant une catégorie d’actifs », dit-il.

Des inquiétudes

Il n’est pas étonné que le scénario élaboré par Michael Burry trouve écho chez certains investisseurs.

« C’est une personnalité publique qui a été au cœur d’une crise qui a marqué et, surtout, qu’il avait prédite. Cela dit, sa critique des fonds indiciels et des FNB, voulant que les gens achètent à l’aveugle et qu’ils risquent de tirer la plogue en même temps, n’est pas nouvelle. »

Cet élément a été analysé en profondeur chez PWL Capital. « Le succès fulgurant des FNB peut faire peur, mais ce n’est pas là le fond du problème. Il est davantage sur la façon dont sont créés ces produits financiers et leur processus de remboursement. »

Les FNB répondent à un besoin du marché. « Les investisseurs sont de plus en plus conscients que les rendements sont limités et que ce n’est pas un bon calcul de payer des frais de 1 % à 2 % pour gérer son argent. »

Les récents soubresauts de la bourse et les signes d’une récession possible ne semblent pas inquiéter les investisseurs outre mesure, selon M. Kerzérho. « On reçoit des appels à l’occasion. Même s’ils ont confiance dans les FNB, les gens posent des questions et veulent s’assurer que leurs placements vont bien. C’est à nous de bien les informer. »