
La décision du nouveau gouvernement fédéral de ne pas déposer de budget avant l’automne prochain met en doute la crédibilité fiscale du Canada, prévient un rapport des économistes du Mouvement Desjardins.
Au cours des 50 dernières années, les seules autres fois où un gouvernement canadien n’a pas déposé de budget au printemps, c’était en raison d’urgences majeures — le 11 septembre et la pandémie — qui ont repoussé le budget plus tôt ou un peu plus tard qu’au printemps.
Alors que le pays traverse une période de profond bouleversement dans l’une de ses relations économiques et géopolitiques les plus cruciales, les économistes de Desjardins considèrent le manque de transparence fiscale de la nouvelle administration comme « préoccupant ». Cette inquiétude s’explique par les attentes entourant une hausse des dépenses publiques et une réduction des impôts en réponse aux menaces que fait peser le commerce américain sur l’économie — des choix qui risquent d’aggraver les déficits au cours des prochaines années.
Ces déficits plus élevés auront également des effets incertains sur la dette fédérale, selon le rapport.
« Alors que les prévisions de déficit ont été publiées dans les programmes électoraux fédéraux, les projections de la dette ne l’ont pas été. Par conséquent, les Canadiens ne savent pas ce que l’explosion des déficits signifiera pour l’encours de la dette, dont le coût sera supporté par les contribuables actuels et futurs », note le rapport.
« Le retard dans la publication d’un plan budgétaire complet introduit un certain degré d’opacité à un moment où les marchés mondiaux sont susceptibles d’examiner de près les bilans souverains », ajoute le rapport, qui précise que le Canada risque de ce fait de voir sa note de crédit abaissée.
« Le Canada se trouve à un moment unique de son histoire, où des menaces économiques exceptionnelles provenant du sud de la frontière appellent des mesures exceptionnelles. Mais ces mesures exceptionnelles doivent s’accompagner d’une transparence et d’une responsabilité exceptionnelles. »
Le report du budget fédéral à l’automne ne permet pas d’obtenir la transparence nécessaire sur les finances fédérales, selon le rapport.
« La crédibilité budgétaire durement acquise par le gouvernement du Canada pourrait s’en trouver menacée », conclut-il.