Bill Morneau

Lors de sa comparution, mercredi, devant un comité de la Chambre des communes pour faire le point sur l’accord avorté qui aurait permis à UNIS de recevoir plus de 43,5 millions de dollars (M$) pour ses services, Bill Morneau a révélé d’autres liens qui unissent l’organisme UNIS et sa famille.

À l’été 2017, il dit que son épouse et l’une de ses filles ont voyagé au Kenya pour en apprendre davantage sur le travail d’UNIS là-bas. Plus tard cette année-là, il dit avoir voyagé avec sa famille en Équateur pour constater également le travail d’UNIS.

Bill Morneau dit avoir retrouvé des documents totalisant plus de 52 000 $ en dépenses de sa poche pour ces deux voyages, mais que cette somme ne constituait pas le coût total des missions humanitaires d’UNIS.

Il dit avoir donc fait un chèque de 41 366 $ mercredi, juste avant sa comparution devant le comité.

« Il a toujours été dans mon intention de payer le coût total de ces voyages et c’était ma responsabilité de m’assurer que c’était le cas. Ne pas le faire, même de façon non intentionnelle, est inapproprié. Je veux m’excuser pour cette erreur de ma part », a-t-il dit.

Ces excuses n’ont pas suffi au conservateur Pierre Poilievre, qui soutient que Bill Morneau a commis un acte illégal comme ministre, puisqu’il a accepté un voyage payé par un tiers. Pierre Poilievre a dit que le ministre avait perdu « l’autorité morale » et lui a demandé de démissionner.

Bill Morneau s’était déjà excusé de ne pas s’être retiré des discussions du cabinet lors de l’octroi du contrat, étant donné que ses filles ont des liens avec UNIS, l’une travaille même au sein de l’organisme.

Le ministre des Finances et le premier ministre Justin Trudeau font l’objet d’une enquête du commissaire à l’éthique pour de possibles violations des règles sur les conflits d’intérêts. Les libéraux soutiennent que ce sont des hauts fonctionnaires qui ont recommandé UNIS pour le contrat, car c’était la seule organisation au pays à pouvoir administrer un tel programme aussi rapidement et aussi largement.

Mardi, le plus haut fonctionnaire du Canada a déclaré qu’il ne pouvait s’imaginer que le ministre des Finances et le premier ministre puissent être absents des discussions sur un programme aussi vaste et aussi coûteux.

Mercredi après-midi, le bureau du premier ministre Justin Trudeau a annoncé qu’il avait accepté l’invitation du comité pour témoigner. La date et l’heure seront à déterminer.

Les étudiants réclament l’argent

Deux coalitions représentant des centaines de milliers d’étudiants de niveau postsecondaire au Canada demandent au gouvernement fédéral d’oublier sa Bourse pour le bénévolat étudiant et de réaffecter son budget de 900 M$ à d’autres programmes d’aide aux étudiants.

Le programme de bourse d’études, dévoilé pour la première fois par les libéraux en avril, proposait de verser aux étudiants jusqu’à 5000 $ pour leurs futurs droits de scolarité, en fonction du nombre d’heures de bénévolat effectué cet été.

Mais le déploiement de ce programme connaît des embûches depuis que l’organisme choisi par Ottawa pour l’administrer, UNIS, s’est retiré en pleine controverse éthique impliquant Justin Trudeau. L’organisme a déjà versé des honoraires à la mère et au frère du premier ministre.

Pour la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants et l’Alliance canadienne des associations étudiantes, il est clair que le programme ne fournira pas l’aide financière attendue.

La Fédération, qui représente 64 associations au pays, croit que les étudiants pourraient ne pas être en mesure d’accumuler suffisamment d’heures de bénévolat pour recevoir une bourse, car le mois d’août approche et on ne sait toujours pas à quel moment le programme sera disponible. La Fédération, qui soutient représenter 500 000 étudiants, demande aux libéraux de consacrer tout l’argent prévu au programme à une prestation d’urgence pour les étudiants sans emploi.

L’Alliance canadienne des associations étudiantes (23 membres, qui représentent 264 000 étudiants), croit-elle aussi que cet argent devrait être redirigé vers l’aide aux étudiants qui reprendront les cours en septembre, mais elle ne précise pas de mécanisme à utiliser.

L’Alliance estime néanmoins qu’il serait trop tard pour réaffecter des sommes dans la Prestation canadienne d’urgence pour les étudiants, créée pendant la pandémie, ou dans le programme Emplois d’été Canada, qui subventionne les salaires des étudiants dans les petites entreprises et les organismes sans but lucratif.