Le 6 août, il s’établissait à 3,50 %, soit un niveau supérieur aux obligations 10 ans du Canada (1,46 %), des États-Unis (2,22 %), de l’Allemagne (0,74 %) ou du Japon (0,42 %), selon Bloomberg et le ministère des Finances de la Chine (pour le rendement chinois).

Historiquement, les obligations chinoises performent mieux que celles des principaux marchés, souligne d’ailleurs une récente étude de Goldman Sachs.

Et, fait peu connu, la Chine abrite le troisième marché obligataire en importance du monde après celui des États-Unis et du Japon (le Canada arrive au 9e rang).

De plus, la valeur du marché obligataire chinois s’établissait à 4 240 G$ US ou 35 890 milliards de yuans chinois en juin 2014, soit au moment où les statistiques les plus récentes pour effectuer des comparaisons internationales étaient disponibles, selon Goldman Sachs.

C’est toute une progression depuis 10 ans, alors que le marché chinois dépassait à peine les 5 000 milliards de yuans (1 048 G$ CA) en 2004.

Deux facteurs expliquent cette croissance rapide.

Comme la dépendance aux prêts bancaires est importante en Chine, le gouvernement encourage les sociétés chinoises à se financer avec des obligations. Ce qui diversifie le risque de crédit concentré dans le système bancaire.

Le développement des infrastructures stimule aussi le marché obligataire en Chine. Même si ses revenus fiscaux augmentent rapidement, la Chine a besoin de nouvelles sources de revenu pour financer la construction des infrastructures.

Quatre types d’obligations sont disponibles en Chine :

Les obligations gouvernementales : elles sont émises par le ministère des Finances. Les gouvernements locaux peuvent aussi émettre des titres, qui ressemblent aux émissions des municipalités au Canada.

Les notes de la banque centrale : ce sont des produits à court terme émis par la Banque centrale de Chine, et ce, pour l’aider à déployer sa politique monétaire.

Les obligations financières : elles sont émises par les institutions financières telles que l’Agriculture Development Bank of China (ADBC).

Les obligations des entreprises non financières : elles comprennent les Enterprise Bonds (les titres des sociétés d’État comme China Telecom) et les Corporate Bonds (les titres des entreprises privées comme Alibaba Group, y compris le papier commercial).

S’exposer aux obligations chinoises

Les clients canadiens peuvent s’exposer de plusieurs manières au marché obligataire chinois, soulignent les spécialistes.

Ils peuvent d’abord acheter des titres obligataires chinois sur les marchés internationaux, comme aux États-Unis. Le cas échéant, ces obligations sont libellées en dollars américains.

Les clients peuvent s’exposer assez facilement à ce marché par l’intermédiaire des fonds communs. La Banque Royale du Canada (RBC) gère par exemple deux fonds comprenant une part de dette chinoise, soit le RBC Global High Yield Bond et le RBC Global Corporate Bond Fund.

Les clients peuvent aussi acheter directement des obligations d’entreprises chinoises aux États-Unis sans passer par un fonds commun.

Une autre manière de s’exposer au marché obligataire chinois consiste à acheter des obligations émises par des gouvernements étrangers, parfois aussi appellées «dim sum bond». Ces titres sont libellés en yuan chinois et sont assortis d’un taux de rendement chinois.

En novembre 2013, la Colombie-Britannique est devenue le premier gouvernement étranger à vendre des obligations sur le marché chinois. Elles sont arrivées à échéance en novembre 2014 et avaient un rendement de 2,25 %.

«Si un investisseur canadien achète une obligation de la Colombie-Britannique libellée en yuan, on considère cela comme une exposition au marché obligataire chinois», souligne Denis Senécal, premier vice-président et chef des placements, titres à revenu fixe canadiens chez BMO Gestion d’actifs.

Pourquoi ? Parce que le taux de rendement de l’obligation émise par la Colombie-Britannique est chinois, donc plus élevé que le taux de rendement au Canada. Par conséquent, il y a un écart de crédit, ou spread, avec le rendement obligataire des titres du gouvernement canadien et de celui des provinces.

Même si le marché obligataire chinois offshore (les émissions en dollar américain ou celles des gouvernements étrangers en yuan) est intéressant pour les clients canadiens, c’est toutefois le marché intérieur chinois (le marché onshore) qui présente le plus de potentiel, disent les analystes.

Le hic, c’est que ce vaste marché est relativement peu accessible aux investisseurs étrangers pour l’instant. «Le marché obligataire local chinois est partiellement accessible à quelques grands investisseurs étrangers grâce à un système de quotas», souligne Dagmara Fijalkowski, première vice-présidente et première gestionnaire de portefeuille, et chef des titres mondiaux à revenu fixe et devises (Toronto et Londres) chez RBC Gestion mondiale d’actifs.

Au coeur de ce système de quotas, on retrouve le Qualified Foreign Institutionnal Investor (QFII). Lancé en 2002, ce programme du gouvernement chinois donne aux investisseurs étrangers accès à l’Exchange Bond market (à la Bourse de Shanghai et de Shenzhen) et à l’Interbank bond market.

En 2011, Pékin a lancé le Renminbi Qualified Foreign Institutionnal Investor (RQFII). Il permet aux institutions financières étrangères accréditées d’ouvrir un compte en yuan dans l’un des centres d’échange du yuan implantés dans le monde (le Canada abrite le seul centre dans les Amériques) pour investir en Chine.

D’ailleurs, la Chine a récemment attribué au Canada un quota de RQFII totalisant 50 milliards de yuans (10,5 G$ CA), fait remarquer Justin Chan, chef adjoint des marchés globaux à Banque HSBC, à Hong Kong : «Cela permettra aux investisseurs locaux du Canada d’avoir accès au marché obligataire chinois».

HSBC est l’une des 32 sociétés étrangères telles que Morgan Stanley, la Société Générale, BNP Paribas et ING Bank, à qui les autorités chinoises ont élargi ce printemps l’accès au marché obligataire intérieur (onshore).

Au Canada, BMO est toujours en attente de sa demande d’accréditation pour être en mesure d’acheter directement des obligations gouvernementales ou corporatives sur le marché obligataire en Chine.

«C’est un processus qui est long, mais on l’aura certainement cette année», affirme Denis Senécal.