Un homme d'affaire avec des jumelles debout sur un toit d'immeuble observant l'horizon avec des jumelles.
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Aucun budget fédéral n’ayant encore été déposé cette année, les investisseurs devront suivre mercredi le discours du trône du gouvernement libéral pour obtenir un aperçu de la politique budgétaire. Les marchés, quant à eux, devront probablement attendre la fin de l’automne pour obtenir des plans de dépenses détaillés, selon les économistes.

Ce discours du trône sera le deuxième du gouvernement en moins d’un an, bien qu’il sera prononcé dans un environnement économique radicalement différent de celui dans lequel les libéraux ont présenté leur programme post-électoral en décembre.

Le budget fédéral 2020, prévu pour mars, a été mis sur la glace en raison de la pandémie de la COVID-19. Dans une mise à jour financière divulguée en juillet, le gouvernement prévoyait un déficit fédéral de 343,2 milliards de dollars cette année, avec une lente reprise économique jusqu’à l’année prochaine.

Dans un rapport publié vendredi, l’économiste en chef de CIBC World Markets, Avery Shenfeld, a déclaré que « le moment est mal choisi » pour les libéraux d’annoncer un plan ambitieux et écologique visant à reconstruire l’économie.

« Ce sont peut-être des objectifs louables, mais ils nécessitent une coopération fédérale-provinciale étendue et une innovation politique considérable pour être atteints, et les gouvernements de tout le pays ont d’autres préoccupations ces jours-ci », a-t-il expliqué.

Le gouvernement devra plutôt se concentrer à contenir le virus à mesure que les cas se multiplient dans certaines régions du pays, et à aider les entreprises à rester solvables jusqu’à la réouverture complète de l’économie.

« Il ne fait aucun doute que le public jugera ce gouvernement sur sa capacité à faire cela, et ces efforts ne seront pas bon marché », selon le rapport de la CIBC.

Un rapport de la Banque Scotia publié vendredi a donné une vision encore plus sombre des perspectives dun programme fiscal qui pourrait être présenté mercredi. Les discours du Trône sont « généralement remplis de généralités et de souhaits susceptibles de se traduire ou non en véritables politiques », selon la note de recherche.

Au début du mois, les économistes de la Banque Scotia Jean-François Perrault et Rebekah Young ont déclaré que le gouvernement devait agir pour augmenter la participation des femmes au marché du travail en complétant l’Allocation canadienne pour enfants et en augmentant le crédit d’impôt pour la garde d’enfants.

La Chambre de commerce du Canada a proposé une aide d’urgence pour la garde d’enfants en étendant la Subvention salariale d’urgence du Canada. Celle-ci pourrait inclure l’embauche de gardes d’enfants à domicile afin de permettre aux propriétaires d’entreprises de retourner au travail.

Jean-François Perrault et Rebekah Young ont également déclaré que les libéraux devaient s’engager à un ancrage fiscal tel qu’un ratio dette/PIB afin de contrôler les dépenses publiques – une proposition reprise par l’Institut C.D. Howe et d’autres.

Les déficits du gouvernement fédéral sont soutenables dans le contexte actuel en raison des taux d’intérêt qui sont très bas, mais le contrôle de ces rendements au-delà de l’année prochaine nécessite un plan fiscal devant permettre une réduction du déficit au fur et à mesure de la reprise économique, a écrit Avery Shenfeld de la CIBC.

« Les marchés obligataires écouteront avec attention le ton sur lequel sera livré le discours du trône pour voir si le gouvernement voit les choses de la même façon, même si le dépôt d’un budget sera nécessaire pour s’en assurer », a-t-il ajouté.