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Un groupe de cinéastes canadiens s’est associé à des vedettes hollywoodiennes pour demander au Festival international du film de Toronto (TIFF) de mettre fin à sa commandite avec la Banque Royale du Canada en raison du financement que cette dernière accorde à l’industrie pétrolière et gazière.

Les organisateurs de la campagne intitulée « RBC Off Screen » affirment que les antécédents de l’institution financière en matière d’investissement dans les combustibles fossiles vont à l’encontre des valeurs socialement progressistes que le festival du film prétend défendre.

Parmi les signataires de la lettre ouverte du groupe au TIFF faisant part de ses préoccupations figurent les vedettes du grand écran Mark Ruffalo, Rachel McAdams et Joaquin Phoenix, aux côtés de cinéastes et producteurs dont Avi Lewis, Elza Kephart et Jose Luis Gutierrez.

Elza Kephart et Jose Luis Gutierrez ont lancé la campagne et, selon eux, ils bénéficient du soutien de plus de 200 travailleurs de l’industrie. La déclaration du groupe soutient que la Banque Royale est l’un des plus grands financiers de projets pétroliers et gaziers au monde et finance des projets qui ont eu un impact négatif sur les terres autochtones et les groupes de personnes autochtones, noires et de couleur.

La vice-présidente des relations publiques du TIFF, Judy Lung, a affirmé dans un communiqué que le festival était sensible aux préoccupations soulevées en matière de durabilité et qu’il en parlait à la Banque Royale.

La porte-parole de la banque, Stephanie Bannan, a indiqué dans un communiqué que davantage d’actions étaient nécessaires pour lutter contre le changement climatique et que la société se réjouissait de l’occasion de discuter de ces problèmes avec les groupes autochtones et la communauté cinématographique.

« En ce qui concerne le changement climatique, nous sommes convaincus qu’il faut agir davantage et à un rythme plus rapide pour y faire face. Nous nous engageons activement avec nos clients et partenaires pour identifier les occasions d’en faire davantage pour atteindre les objectifs communs », a affirmé Stephanie Bannan.

« Nous nous efforçons également de travailler avec les communautés autochtones pour faire progresser collectivement la réconciliation. Nous sommes sensibles à l’inquiétude exprimée par les membres de la communauté cinématographique pour notre climat et nous serions heureux de pouvoir dialoguer. »

Louis Ramirez, militant pour le climat et porte-parole de la campagne, affirme que l’association du TIFF avec la Banque Royale ne correspond pas à ses objectifs de financer, d’aider et de promouvoir les talents créatifs issus des groupes de personnes autochtones, noires et de couleur au fil des ans.

C’est formidable si des organisations accordent des subventions aux cinéastes noirs, a expliqué Louis Ramirez, mais si cet argent est lié au démarrage d’installations de gaz naturel dans les communautés noires, par exemple, « alors il y a un problème ».

« Beaucoup de ces organisations cinématographiques comme le TIFF ont d’excellents programmes climatiques. Mais ces programmes climatiques prennent fin en réalité lorsqu’on s’attarde au portrait un peu plus large: d’où vient l’argent? Il y a cette myopie dès qu’il s’agit d’associations d’entreprises. »

Dans l’intérêt du changement social

La Québécoise Nadia Louis-Desmarchais, coréalisatrice de « Black Life: Untold Stories », a souligné que dans l’intérêt du changement social, il était important pour elle de signer la lettre.

« Quand j’ai appris que c’était quelque chose qu’il fallait faire maintenant, en tant que cinéaste, si je peux juste y participer un peu, bien sûr, je vais aider », a expliqué mardi Nadia Louis-Desmarchais sur le tapis rouge de la première de sa série documentaire, qui sera diffusée sur les ondes de CBC en octobre.

« Je pense qu’il est important que nous restions ensemble en ce moment. »

La lettre a été signée jusqu’à maintenant par environ 300 artisans du secteur, dont les Québécois Anaïs Barbeau-Lavalette, Paule Baillargeon et Charles Binamé.

La Banque Royale du Canada, Bulgari et Visa comptent parmi les principaux commanditaires du TIFF.

Le mois dernier, il a été annoncé que Bell, commanditaire principal, mettrait fin à son partenariat de plusieurs décennies avec le festival à la fin de l’édition en cours.

Le chef de la direction du festival, Cameron Bailey, a indiqué dans une précédente entrevue avec La Presse Canadienne que l’organisation cherchait un remplaçant pour éventuellement apposer son nom sur le siège social du centre-ville du TIFF, actuellement connu sous le nom de TIFF Bell Lightbox.

L’année dernière, les commanditaires ont contribué au financement de l’événement à hauteur d’environ 13,4 millions de dollars, ce qui représentait 28 % de ses revenus totaux.