Panneau de la banque laurentienne
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Au moment où elle promet de réparer les ponts avec sa clientèle échaudée par la panne informatique de septembre, la Banque Laurentienne met à pied 2 % de ses employés. Son nouveau patron assure que la décision n’aura pas d’effet négatif sur les clients.

« On est très prudent par rapport à comment les mises à pied pourraient impacter nos clients et en aucune mesure on vise à réduire le service, assure le président et chef de la direction de la Banque Laurentienne, Éric Provost, en entrevue jeudi. En fait, je veux vraiment l’améliorer. »

Dans l’ensemble, 55 employés ont appris qu’ils perdaient leur emploi cette semaine. L’institution financière montréalaise a précisé qu’une « majorité » des employés visés étaient situés à l’extérieur du Québec.

Arrivé en poste au début du mois d’octobre, Éric Provost estime que la Banque Laurentienne n’en a pas fait suffisamment pour réduire le poids de ses dépenses. « Je crois qu’on n’a pas attaqué la réduction de dépenses à la vitesse qui devait être requise pour atteindre les objectifs qu’on s’était fixés l’an passé. »

Il faudra attendre au printemps prochain pour connaître les détails du nouveau plan stratégique. Éric Provost affirme qu’il veut simplifier les activités de la banque et miser sur la satisfaction de la clientèle.

Un autre plan stratégique

Ce n’est pas la première fois qu’on promet un renouveau à la tête de la Banque Laurentienne. En 2015, François Desjardins plaidait la patience avec son plan de transformation qui devait durer sept ans. En décembre 2021, sa successeure, Rania Llewellyn, n’avait pas mis de gants blancs pour décrire ses prédécesseurs qui auraient mal exécuté la transformation technologique promise, selon elle.

Sous Rania Llewellyn, la Laurentienne a tout de même mieux fait. La banque s’est dotée d’une application mobile, longtemps attendue, et a réussi à atteindre certains indicateurs clés de son plan stratégique. Le ralentissement économique, une tentative avortée de se mettre en vente et une panne informatique majeure ont toutefois eu raison de la dirigeante qui a été remplacée au pied levé par Éric Provost en octobre.

Quand on lui demande ce qu’il répond aux actionnaires qui se demandent si le nouveau plan réussira cette fois, le dirigeant offre une réponse qui évoque le souvenir de celle qu’avait donnée Rania Llewellyn deux ans plus tôt. « On revient toujours à une question d’exécution, répond Éric Provost. […] Faut qu’on en parle moins puis qu’on exécute. »

Les mises à pied de cette semaine seraient une démonstration de sa volonté de passer à l’action.

Pas seulement une question de panne

La Banque Laurentienne a dévoilé des résultats inférieurs aux attentes des analystes, plus tôt jeudi, dans la foulée de la panne informatique qui a perturbé ses activités en septembre.

La panne a eu des conséquences financières au quatrième trimestre clos le 31 octobre, mais elle n’a pas entraîné un exode de la clientèle, souligne Éric Provost, qui répète qu’un tel évènement était « inacceptable ».

La banque a inscrit une charge de 5,3 millions de dollars (M$) en raison de la panne, dont 2,2 M$ sont liés à l’annulation des frais bancaires en septembre et octobre.

La taille des dépôts des particuliers a reculé de 50 M$ en trois mois, mais cette variation est modeste sur une base de plus de 22,3 milliards $. « [Ce n’est] rien d’anormal par rapport à une gestion de milliards et milliards de trésoreries. Ça donne un signe fort que notre clientèle est quand même fidèle à la banque. »

Par rapport à la panne, l’analyste Meny Grauman, de Banque Scotia, croit que la Laurentienne est parvenue à sauver les meubles. « En fait, je dirais même que l’impact de la panne sur le bilan a été moins grand que certains ne craignaient. »

Les résultats décevants, notamment la diminution des marges d’intérêt, démontrent que les difficultés de l’institution « ne se limitent pas à ce seul évènement », selon l’analyste.

Le bénéfice net a reculé de 45 % à 30,6 M$. Le bénéfice ajusté dilué par action est de 1 $. Les revenus, pour leur part, ont diminué de 4 % à 247,4 M$.

Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient un bénéfice ajusté dilué par action de 1,16 $ et des revenus de 262 M$, selon la firme de données financière Refinitiv.

L’action de la Banque Laurentienne perd 38 cents, ou 1,44 %, à 26,01 $ à la Bourse de Toronto en après-midi.