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Alors que nombre de personnes regardent l’inflation avec crainte, CIBC, par la voix de Patrick O’Toole, VP titres mondiaux à revenu fixe, Gestion d’actifs CIBC, expose son analyse de ce phénomène et se veut rassurante sur la durée de cette dernière.

En 2021, CIBC considérait l’inflation comme le problème de l’année et affirmait que cette dernière serait supérieure aux attentes consensuelles. Désormais, CIBC s’attend à ce que l’inflation soit légèrement inférieure aux prévisions pour la deuxième moitié de 2022. Comment expliquer ce revirement?

CIBC ne s’attend pas à ce que l’inflation chute d’un seul coup. Au contraire, les experts de l’institution s’attendent à ce que cette dernière persiste un peu à son niveau élevé actuel et qu’elle ne plafonne pas avant le premier trimestre de 2022. Toutefois, ils estiment que celle-ci redescendra sous 2,5 % dès la moitié de l’année.

Un facteur explique essentiellement leur raisonnement : le PIB. Ce dernier a atteint un sommet aux États-Unis au deuxième trimestre de 2021 et devrait faire de même au Canada prochainement.

CIBC rappelle que les mesures gouvernementales devraient baisser. Alors que la politique budgétaire a stimulé le PIB de 12 % en 2021, elle le freinera, selon lui, d’environ 5 % cette année. Au Canada, le ratio du déficit budgétaire au PIB a été d’environ 6 % l’an passé. CIBC s’attend à un ratio d’environ 3 % en 2022. Pour ce qui est du déficit budgétaire américain, ce dernier s’est établi à 15 % en 2021 et devrait atteindre 6 % en 2022. Cette baisse du PIB devrait ralentir l’inflation.

Patrick O’Toole s’attend également à ce que la réduction des transferts gouvernementaux nuise aux revenus des ménages, sans compter que les gouvernements devraient réduire leur programme d’assouplissement quantitatif.

L’expert avance aussi que les goulots d’étranglement des chaînes d’approvisionnement vont s’estomper au fur et à mesure que l’année avance. Autant de nouvelles qui vont contre la croissance de l’inflation.

Toutefois, il note encore quelques préoccupations :

  • les coûts unitaires de main-d’œuvre qui ont bondi aux États-Unis;
  • la hausse des prix du pétrole, des voitures et des aliments;
  • l’augmentation des salaires.

Ces trois facteurs ont suscité des craintes vis-à-vis de l’inflation.

Toutefois, il note que les prix du bois d’œuvre, du maïs et même du pétrole sont déjà en baisse. Le taux du salaire moyen a certes augmenté aux États-Unis, mais pas autant au Canada. Selon les données évolutives de la « surveillance des salaires » compilées par la Réserve fédérale d’Atlanta, les hausses des salaires se concentrent essentiellement sur les jeunes (18 à 24 ans) et non sur les autres tranches d’âge.

Les banques centrales, inquiétude à l’horizon

L’annonce de la réduction et de l’éventuelle fin du programme d’achat d’obligation de la Réserve fédérale américaine (Fed) a agité les marchés. La Fed pourrait ainsi hausser ses taux directeurs dès le troisième trimestre de 2022. La Banque du Canada a annoncé qu’elle-même pourrait hausser les taux dès le milieu de 2022. Plus tôt que ce que prévoyait le marché. Cela a fait s’agiter les marchés des contrats à terme, presque trop selon Patrick O’Toole, pour tenir compte des hausses de taux. L’expert rappelle que les marchés des contrats à terme se trompent souvent et prévoient fréquemment des hausses de façon trop excessives.

Lui-même estime qu’une légère hausse des taux obligataires serait justifiée et que la banque centrale pourrait à ce moment-là hausser les taux, mais pas autant que ce que le marché prévoit actuellement.

Les titres à revenu fixe

Les titres à revenu fixe permettent de diversifier les portefeuilles, obtenir un revenu et préserver son capital. Cela n’a rien changé selon Patrick O’Toole. Il estime que, obligations et actions pourraient enregistrer des rendements similaires dans la prochaine décennie, après inflation.

Les obligations procurent encore un revenu, certes plus faible que par le passé, mais c’est la même situation pour la croissance et l’inflation si l’on examine l’inflation en fonction de ses moyennes à long terme, souligne-t-il.

« Toutes les raisons de détenir des obligations sont toujours bonnes », ajoute-t-il.

Selon lui, la question devrait davantage être : qu’est-ce que j’achète dans ma composante à revenu fixe? Il estime que cette dernière devrait contenir des produits qui contiennent des obligations à rendement élevé, des obligations étrangères, peut-être des titres de créances de sociétés fermées, etc.

Il suggère à ceux qui estiment que les taux augmenteront de façon importante, d’envisager des produits à duration plus courte.

Il ne conseille pas de ne plus investir dans les obligations, mais au contraire de favoriser la diversification de leviers. « Les obligations demeurent un levier important pour les investisseurs », conclut Patrick O’Toole.