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Les autorités américaines ont saisi la banque régionale First Republic Bank et conclu un accord pour vendre l’essentiel de ses activités à JPMorgan Chase, dans une tentative pour mettre fin à une crise bancaire qui a débuté en mars avec les faillites de la banque Silicon Valley et de Signature, victimes de retraits massifs. Les actions de First Republic ont perdu la quasi-totalité de leur valeur depuis le début de la crise.

Selon l’entente conclue avec la Federal Deposit Insurance Corporation (F.D.I.C.), JP Morgan prend en charge la totalité des 124 milliards de dollars (G$) de dépôts de First Republic, assurés ou non. Elle achète également la plupart des actifs de la banque, dont environ 234 G$ de prêts et 40 G$ de titres, selon le Wall Street Journal.

L’accord a été annoncé le lundi 1er mai, quelques heures avant l’ouverture des marchés américains. La F.D.I.C. a indiqué dans un communiqué que son fonds d’assurance devrait débourser environ 18 G$ pour couvrir les pertes de la banque régionale. Elle a affirmé également que la banque serait « très bien capitalisée » après avoir atteint un ratio de solvabilité Common Equity Tier1 (CET1) conforme à son objectif de 13,5 % pour le premier trimestre 2024, et qu’elle maintiendrait des réserves de liquidités saines.

Réouverture de 84 succursales

JPMorgan a déclaré pour sa part que la F.D.I.C. lui fournirait un financement de 68 G$. Dans le cadre de cet accord, 84 succursales de First Republic dans huit États ont rouvert leurs portes en tant que succursales de JPMorgan lundi, selon une déclaration de l’institution financière.

À la fin de la semaine dernière, la F.D.I.C. avait contacté plusieurs institutions financières américaines pour leur demander de présenter des offres pour acheter la First Republic. Les soumissionnaires avaient jusqu’à dimanche midi pour manifester leur intérêt, rapporte le New York Times.

« Notre gouvernement nous a invités, ainsi que d’autres, à intervenir, et nous l’avons fait », a déclaré Jamie Dimon, directeur général de JPMorgan. Il a ajouté que la transaction visait à « minimiser les coûts pour le fonds d’assurance-dépôts ».

Après l’annonce du rachat, les actions de JPMorgan ont augmenté d’environ 3 % dans les échanges de pré-marché, selon Bloomberg.

First Republic avait reçu en mars une bouée de sauvetage de 40 G$ de la part de 11 des plus grandes banques du pays. JPMorgan a indiqué que ces sommes seraient remboursées après la conclusion de la transaction.

Des faillites « inévitables »

« Nous devons reconnaître que les faillites bancaires sont inévitables dans un système financier dynamique et innovant », a déclaré Jonathan McKernan, membre du conseil d’administration de la FDIC, dans un communiqué. « Nous devons nous préparer à ces faillites bancaires en nous concentrant sur des exigences de fonds propres élevées et un cadre de résolution efficace, qui constituent notre meilleur espoir de mettre un terme à la culture de sauvetage de notre pays, qui privatise les gains tout en socialisant les pertes. »

First Republic marquera l’histoire comme la deuxième plus grande banque américaine en termes d’actifs à s’effondrer après Washington Mutual, qui a fait faillite en 2008. Fondée en 1985, la banque régionale se situait au 14e rang des banques des États-Unis au début de cette année, avec 80 bureaux dans sept États et plus de 7 200 employés.

De son côté, JPMorgan a réalisé de nombreuses acquisitions depuis 2021. Elle a racheté une trentaine d’entreprises pour une valeur totale de plus de 5 G$ américains, ce qui fait craindre une trop grande concentration bancaire à certains observateurs ainsi qu’aux régulateurs américains.

Par ailleurs, les récentes faillites bancaires et la hausse des taux d’intérêt ont contraint les banques américaines à diminuer leurs activités de prêt, freinant la croissance des entreprises et les achats des particuliers, ce qui a provoqué un ralentissement de l’économie aux États-Unis.