Maxime Ménard prendra officiellement la tête de Fiera Capital le 1er juillet prochain à titre de président et chef de la direction mondiale. Il succède ainsi à Jean-Guy Desjardins. Cette transition marque la fin de l’ère fondateur-dirigeant et le début d’un nouveau chapitre plus institutionnel pour Fiera.
Interrogé sur ses différences avec Jean-Guy Desjardins, Maxime Ménard préfère insister sur les similitudes qui le rapprochent de celui qu’il considère comme « un grand entrepreneur ».
« J’ai moi aussi un style de leadership très entrepreneurial. Je privilégie une approche axée sur la performance, l’exécution et la collaboration », souligne celui qui est déterminé à marcher dans les pas de son prédécesseur.
D’ailleurs, Jean-Guy Desjardins ne quitte pas Fiera Capital. Maxime Ménard met tout de suite les points sur les i : « un fondateur reste toujours présent dans l’organisation. Son rôle évolue ».
Il précise que Jean-Guy Desjardins restera étroitement impliqué dans l’entreprise puisqu’il assumera désormais le poste de président exécutif du conseil et chef de la répartition globale de l’actif. « Il passera beaucoup de temps avec moi. Son rôle s’orientera davantage vers l’allocation d’actifs globale. Jean-Guy est économiste de formation et l’investissement est sa passion. L’objectif, c’est de le maintenir dans un rôle où il se plaît, où il excelle et où son impact est le plus fort. »
Mener à terme un virage amorcé de longue date
Arrivé chez Fiera Capital il y a 18 mois, Maxime Ménard entend mener à bien un chantier déjà bien amorcé : celui de la régionalisation de l’organisation.
Pour rappel, Fiera Capital est maintenant structurée en quatre grandes régions dont le Canada est la plus grande. Viennent ensuite les États-Unis, la région EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique) et l’Asie, un marché en pleine croissance.
« Nous avons des bureaux un peu partout dans le monde : dont un important à Londres, et d’autres à Abu Dhabi, un bureau à New York, à Boston et à Dayton », rapporte Maxime Ménard.
Pour en savoir davantage sur cette régionalisation, lisez : Un nouveau tournant pour Fiera Capital
Cette stratégie de régionalisation, déjà en marche avant son arrivée, s’est accélérée avec sa nomination. « Mon arrivée a renforcé ce positionnement, et en tant que chef de la direction, ma priorité sera de poursuivre l’exécution de cette stratégie et de consacrer beaucoup de temps à l’international », explique-t-il.
Avec plus de 115 milliards de dollars en actifs gérés au Canada, Maxime Ménard est convaincu que l’avenir de Fiera Capital passe par son rayonnement mondial. « C’est pourquoi cette régionalisation sera au cœur de mon action dans les premiers mois », insiste-t-il.
Ce modèle décentralisé permet à chaque région d’avoir son propre chef de la direction, doté d’une pleine autonomie opérationnelle. « Chaque équipe de placement au sein de notre organisation fonctionne selon ce même principe : elles sont responsables de leur performance et s’appuient sur leur propre capacité à livrer des résultats », résume-t-il.
Son rôle, à lui, consiste à soutenir ces équipes en veillant à ce qu’elles disposent des ressources nécessaires pour réaliser leur mission commune. « Dans ce cadre, les CIO peuvent mettre de l’avant leurs idées et conserver leur esprit entrepreneurial tout en contribuant activement à l’organisation. »
Pour encourager cette culture d’entreprise axée sur l’initiative, Fiera mise également sur la participation directe des employés à la réussite de la firme. Récemment, celle-ci a eu l’occasion de racheter les actions détenues par Desjardins, une démarche qui s’inscrit pleinement dans cette volonté de favoriser l’implication directe des employés dans la croissance de la firme.
Des phases critiques du plan
Maxime Ménard considère la gestion de portefeuille comme le cœur de métier de Fiera Capital. « Notre priorité absolue, c’est la qualité de notre plateforme d’investissement. Nous gérons près de 140 milliards de dollars en actifs sur les marchés publics, auxquels s’ajoutent 20 milliards en gestion privée. La combinaison de ces deux univers crée pour nous une opportunité unique », affirme-t-il.
Cette approche intégrée permet à Fiera de développer des solutions d’investissement qu’il qualifie d’innovantes, alliant performance pour les gestionnaires et pertinence pour les clients. « Cela peut se traduire, par exemple, par des stratégies de multigestion intégrant des actifs privés, des solutions axées sur le revenu fixe ou la liquidité pour les fonds de pension », donne-t-il comme exemple.
« Dans toutes ces classes d’actifs, que ce soit au Canada ou à l’échelle mondiale, peu de gestionnaires peuvent offrir l’ensemble de la gamme sur une seule plateforme. Ils sont encore moins nombreux à être capables d’innover en combinant ces solutions pour créer une véritable valeur ajoutée à travers une approche multi-actifs intégrée. »
Toutefois, mener ces chantiers de transformation implique des choix difficiles. Dans un souci de rationalisation et d’efficacité, Fiera Capital a dû procéder à des réductions de postes. « Quand on est une organisation de 850 personnes, rester entrepreneurial et agile demande parfois de recentrer nos efforts, ce qui peut malheureusement entraîner des départs. »
Cette nouvelle organisation décentralisée, qui mise sur l’autonomie des équipes, s’avère néanmoins très bénéfique. Elle permet aux différentes unités de se distinguer sur leurs marchés respectifs — un avantage stratégique, notamment à l’international.
Maxime Ménard cite le marché américain en exemple. « Contrairement au Canada, où nous pouvons proposer l’ensemble de nos solutions, les États-Unis sont un marché où une approche plus ciblée, plus de niche, nous permet de nous démarquer. »
Dans ce contexte, Fiera mise sur des relations solides avec des intermédiaires locaux, pour développer ses activités de manière progressive. « Notre stratégie n’est pas de dépenser massivement en espérant que ça prenne. On bâtit sur des relations durables — avec de grandes banques américaines, des consultants influents ou encore des caisses de retraite — pour développer graduellement notre présence. »
D’autres nominations importantes
En plus de la nomination de Maxime Ménard, deux membres de la haute direction élargissent leur mandat :
- Gabriel Castiglio devient chef de l’exploitation (COO), responsable des opérations et de l’alignement organisationnel.
- Lucas Pontillo ajoute la stratégie d’entreprise à ses fonctions actuelles de chef des finances (CFO), avec un mandat élargi sur la planification et l’exécution stratégique.
Les deux hommes relèveront désormais directement de Maxime Ménard. Ce dernier précise toutefois qu’il avait déjà l’habitude de travailler en étroite collaboration avec eux. « Le rôle de Gabriel était déjà effectif, mais il n’avait pas encore le titre. Ce titre vient reconnaître l’ampleur de ses responsabilités à l’échelle mondiale », explique-t-il.
« Le fait d’avoir une proximité avec mes deux collègues, un agenda clair et des responsabilités bien définies va nous permettre d’accélérer l’exécution. Nous fonctionnons beaucoup par équipe. Mon approche est très collaborative », ajoute-t-il.
Naviguer dans un marché incertain
Maxime Ménard reconnaît que le marché actuel est pour le moins incertain. Il s’attend d’ailleurs à ce que l’industrie traverse énormément de consolidations au cours des cinq prochaines années.
« L’importance d’avoir beaucoup d’actifs nous aide à pouvoir traverser des périodes plus difficiles. Notre modèle repose également sur le fait que chaque équipe a la capacité de pouvoir générer sa propre profitabilité comme organisation. Donc, c’est un modèle qui est axé sur un partage des revenus pour les gestionnaires de portefeuille. »
Pour ce qui est des clients, il comprend que ces derniers recherchent avant tout une certaine confiance en matière de placement, mais aussi une diminution de volatilité et une performance stable à long terme. Il assure que Fiera Capital en est pleinement consciente et entend maintenir une relation étroite avec sa clientèle pour répondre à ses attentes.
Quant à l’avenir, Maxime Ménard compte poursuivre sur sa lancée bien amorcée. « L’idée, c’est de continuer à bâtir notre plateforme publique, notre plateforme privée et de déployer nos ressources à travers le monde, d’avoir des assises très importantes, soit en Europe, à Londres, aux États-Unis, puis de continuer à accroître la qualité de nos gestionnaires de portefeuille sur nos plateformes. »
Et au-delà de la performance, il ambitionne de faire de Fiera une référence mondiale : « Je veux q