Une photo d'un écran de téléphone où on voit les applications TikTok, Twitter et Facebook.
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C’est la conclusion à laquelle est arrivée Peter Huminski, fondateur de Thorium Wealth Management. Si celui-ci a d’abord téléchargé TikTok pour voir les vidéos d’un de ses enfants, il est rapidement tombé sur nombre de vidéos offrant de « mauvais » conseils financiers, selon ce qu’il confie au Financial Planning.

« C’est incroyable la quantité de fausses informations et de vidéos à moitié vraies qui circulent », commente-t-il.

Il s’inquiète de l’effet de ces vidéos sur les décisions financières de la prochaine génération. Surtout que des applications de libre-échange comme Robinhood permettent aux jeunes investisseurs de mettre en œuvre facilement ces conseils douteux.

De plus, la popularité de TikTok signifie que ces conseils, qu’il juge comme « dangereux », peuvent rapidement atteindre un large public.

Rappelons que cette application de partage de vidéos, de maximum 60 secondes, a atteint 2 milliards de téléchargements en avril. La société mère de TikTok, ByteDance, est évaluée à plus de 100 milliards de dollars, selon CNBC.

Bien que les utilisateurs de l’application semblent avoir un intérêt relativement faible pour la finance – par comparaison le tag #investing a 400 millions de vues alors que #skincare en a 11,2 milliards – les vidéos touchent tout de même beaucoup de jeunes consommateurs.

Selon Taylor Venanzi, propriétaire d’Activate Wealth, les programmes présentant « un enrichissement rapide » semblent être les vidéos de finance ayant le plus de succès.

« Il y a ce type qui n’arrête pas d’apparaître sur mon flux, comparant en gros l’investissement immobilier à l’investissement en Bourse. C’est une information manifestement erronée, et il n’y a aucun moyen pour le consommateur, en particulier le consommateur non éduqué, de s’y retrouver », s’inquiète-t-il.

Afin de sensibiliser les autres professionnels de la finance à ce problème, il partage un « délinquant TikTok du jour » sur son fil Twitter.

Un manque de précision

Peter Huminski estime que si certains conseils ne sont pas forcément mauvais, ils sont surtout incomplets. Il pense ainsi à une vidéo de Paula Heckenast, une utilisatrice de TikTok.

« Avec le 401(k), votre argent va fluctuer avec la Bourse. Avec une rente, il ne fera qu’augmenter, assure-t-elle dans une de ses vidéos. Cela signifie donc qu’à mesure que la Bourse monte, votre capital augmente. Si elle baisse, il reste stable. Il ne baisse jamais. »

Dans cette vidéo, la jeune femme ne parle pas des frais, qui peuvent diminuer la valeur monétaire d’une rente dans une année de croissance nulle ou négative, souligne Peter Huminski. Selon lui, la limitation de temps de 60 secondes imposée par le format de TikTok rend impossible la possibilité de discuter de quelque chose d’aussi complexe que les annuités avec la nuance qu’elles requièrent.

« Ce qu’elle a dit n’était pas nécessairement faux, mais il y a plus que cela. C’est très trompeur par rapport à la façon dont elle a positionné beaucoup de choses, et c’est là que je commence à me poser des questions », commente-t-il.

Le cas de cette vidéaste est également problématique pour une autre raison. Paula Heckenast est en réalité une maquilleuse professionnelle qui vend des assurances vie en parallèle, selon un lien qu’elle a partagé sur les médias sociaux. Son rôle de vendeuse n’apparaît pas immédiatement sur son profil TikTok ou dans ses vidéos de promotion de produits d’assurance, affirme Huminksi, alors qu’il y a conflit d’intérêt.

Pas que du mauvais

Toutefois, TikTok n’est pas forcément une plateforme néfaste pour les investisseurs et les professionnels de la finance. Certains conseillers jouissent même d’un certain succès sur l’application.

Ian Bloom, propriétaire de Open World Financial Life Planning, a commencé à utiliser TikTok il y a trois semaines pour partager de courts clips vidéo qu’il publie déjà sur YouTube. Pour un effort minimal, ses vidéos TikTok reçoivent en moyenne 150 vues chacune. Si ce chiffre n’est pas extraordinaire pour TikTok, il est nettement supérieur au nombre de vues qu’il obtient sur des plateformes comme YouTube, Twitter ou Instagram, dit-il.

Ian Bloom voit dans cette plateforme une chance d’établir la confiance avec une communauté actuellement ignorée par la plupart des entreprises de services financiers et par les conseillers.

« Il n’y a pas de conseillers d’Edward Jones ou de Raymond James sur ce site. Je suis en quelque sorte le seul planificateur dans cette mer de non-planificateurs », confie-t-il.

Malgré les mauvais conseils présents, des conseillers comme Peter Huminki et Taylor Venanzi sont optimistes sur TikTok comme moyen d’introduire l’investissement et la planification financière à la prochaine génération.