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Les législateurs du Congrès américains font pression sur les co-fondateurs de la société Robinhood, Vladimir Tenev et Baiju Bhatt. Dans une lettre, ils demandent que l’accès à la plateforme soit davantage limité dans le cas de stratégies d’investissement plus risquées, par exemple le trading d’options, rapporte le Financial Planning.

La société a récemment attiré l’attention des médias et du Congrès, après le suicide d’un investisseur de 20 ans, Alex Kearns, qui croyait que son compte affichait un solde négatif de 730 000 dollars.

Dans sa lettre de suicide partagée par sa famille sur Twitter, ce dernier se demande comment un jeune sans revenu a pu obtenir près d’un million de dollars sous forme de prêt levier.

« Je n’avais aucune intention de me voir attribuer autant [d’argent] et de prendre un si grand risque. Je pensais seulement risquer l’argent que je possédais réellement », peut-on lire dans la lettre où Alex Kearns souligne qu’il n’avait « aucune idée » de ce qu’il faisait.

Les législateurs, depuis, se questionnent sur la sécurité des consommateurs qui utilisent la plateforme, d’autant que les investisseurs visés par Robinhood sont plutôt inexpérimentés.

« Robinhood a réussi à se faire connaître comme un service de courtage facile à utiliser et peu coûteux auprès des nouveaux investisseurs, surtout ces derniers mois. En cherchant à cultiver une clientèle d’investisseurs relativement inexpérimentés, vous devez également assumé une responsabilité particulièrement importante qui consiste à vous assurer que vos clients sont protégés et reçoivent toujours des informations claires et précises », soulignent-ils aux co-fondateurs dans leur lettre.

Cette dernière comprend une dizaine de questions sur la mécanique de négociation d’options de la plateforme Robinhood et sur la manière dont la société détermine quels utilisateurs sont éligibles à investir, entre autres.

Les deux co-fondateurs ont publié un billet de blogue en juin proposant des changements dans la négociation d’options de leur plateforme, évoquant notamment l’ajout de critères supplémentaires pour les clients qui négocient des options, un contenu plus éducatif et des améliorations de l’interface utilisateur, comme les messages aux clients et la façon dont les informations sont affichées dans l’application.

« Nous prenons au sérieux notre responsabilité envers nos clients et nous travaillerons avec les représentants et les sénateurs pour répondre à leurs questions et préoccupations », a déclaré un porte-parole de Robinhood dans une déclaration envoyée par courriel à Financial Planning.

Les législateurs se demandent toutefois si ces mesures seront suffisantes. Surtout que « [l’] absence de garde-fous semble nourrir le fait que les utilisateurs de Robinhood s’engagent dans des activités de trading beaucoup plus risquées et fréquentes que les clients d’autres maisons de courtage de détail », note la lettre.

Effectivement, au premier trimestre de 2020, le nombre de transactions d’options par dollar sur un compte Robinhood moyen était dix fois plus élevé que celui de son concurrent le plus proche, selon le New York Times.

Ce n’est pas la première fois que des reproches sont adressés à la plateforme de courtage. En décembre dernier, Robinhood a été condamnée à une amende de 1,25 M$ par le régulateur  pour avoir omis de « tenir compte raisonnablement » de facteurs tels que l’évolution des prix lors de l’évaluation faites par les courtiers qui exécutent les transactions.

Malgré ces difficultés, Robinhood a attiré 320 M$ supplémentaires en investissement au début de la semaine dernière, ce qui porte la valeur de la société à 8,6 G$.