Finance et Investissement: avec le Forum Fintech 2013 Montréal, on sent que le gouvernement et l’industrie financière ont la volonté de faire de Montréal un pôle en matière de logiciel financier. Est-ce que c’est une tendance que vous observez également?

Isabelle Gervasio, gestionnaire du marketing de produit chez Croesus
: « On sent, avec le mouvement amorcé par Finance Montréal et par le support du gouvernement, qu’il y semble y avoir un intérêt pour supporter l’industrie du logiciel financier. Il y a plusieurs entreprises qui existent dans le domaine ici, on sent qu’il y a une base de talent en logiciel financier.»

Vincent Guyaux, vice-président développement des affaires chez Croesus
: « Je la vois cette tendance, on sent qu’elle s’amorce, mais ça reste à confirmer. Selon moi, il y a encore beaucoup de sièges sociaux de grandes institutions financières à Toronto et ça fait une différence dans le développement de l’industrie. La qualité du logiciel importe, mais les équipes veulent souvent se rapprocher physiquement des institutions financières qui sont, elles, à Toronto. Pourtant, chez Croesus, nous réussissons très bien à nous tirer d’affaires en ayant seulement un petit bureau à Toronto. La grande majorité de notre équipe est basée ici à Montréal.»

FI: Quels sont les défis de votre industrie?

IG: « Je crois qu’il y en a deux: rester à l’affut des nouvelles réglementations et répondre aux besoins changeants des clients. Pour s’adapter aux changements réglementaires, nous supportons l’industrie financière, notamment en étant impliqués avec l’Association canadienne du commerce des valeurs mobilières (ACCVM). Notre directeur de produits s’est joint à deux comités de l’ACCVM, dont le groupe de travail lié à l’implantation de la deuxième version du modèle de relation client. Nous sommes aussi impliqués dans le groupe de travail relié aux méthodes d’évaluation de la valeur marchandes, dont le but est de de réviser en détail les exigences en matière de divulgation et d’information. Nous nous efforçons aussi d’être très près de nos clients afin de réussir à leur offrir de nouveaux modules avant qu’ils en aient besoin.»

FI: Vous vous attaquez au marché américain?

VG: « L’effet 2008 n’a pas été ressenti au Canada de la même façon qu’aux États-Unis. C’est un peu comme si la crise avait prouvé que nous étions sur la bonne voie. Dans les faits, nous sommes présents aux États-Unis depuis un an, mais nous avons passé notre temps à surtout développer nos contacts et notre stratégie. Cette année, ce sera celle du grand lancement. Nous visons, d’abord, le marché des Registered Investment Advisor (RIA). Il y en a près de 20 000 aux États-Unis et ce sont tous des petites firmes. Dans une deuxième phase, nous voulons nous attaquer au marché des grandes firmes de courtage. »

FI: en quoi est-ce que le marché américain est différent de celui du Canada?

VG:
« Au Canada, il n’y a que quelques petits joueurs alors qu’aux États-Unis il y a entre 20 et 30 compagnies qui font le même genre de chose que nous. La compétition est de taille et très diversifiée. Il y a de grandes compagnies publiques qui offrent une vingtaine de produits et qui s’attaquent aux grandes banques et il y aussi de plus petits joueurs qui se concentrent sur un seul produit, un peu comme nous. Nous arrivons quand même à nous démarquer puisque, comme nous avons cinq des huit plus grandes institutions bancaires canadiennes parmi nos clients, nous sommes perçus comme une firme sécuritaire qui offre un système performant.»

 

FI : Avez-vous de la difficulté à recruter de la main d’oeuvre qualifiée?

VG: « Nous n’avons pas de problème de recrutement et nous sommes maintenant près d’une centaine d’employés. Nos postes ne demeurent pas ouverts longtemps puisque nous avons de bonnes stratégies qui utilisent notamment les sites Internet et les médias sociaux, comme LinkedIn. Nous avons aussi maintenant des candidats qui viennent d’aussi loin que la France où il y a beaucoup de gens surqualifiés qui ne trouvent pas de postes. Toutefois, si ce n’est pas un défi pour nous, ça peut l’être pour certaines firmes que je connais.»

FI : En dehors de votre expansion américaine, avez-vous d’autres projets?

IG: « Cette année, nous lancerons la version numéro neuf de notre logiciel qui comprendra, entre autres, une gestion avancée des transactions avec les ordres et les allocations de blocs d’actions. Les conseillers pourront ajouter une position avec une opération spécifique pour plusieurs comptes, changer plusieurs titres par d’autres titres. Cet ajout permettra une gestion avancée des transactions. Nous allons aussi lancer une version mobile pour les conseillers et leurs clients. Le conseiller va pouvoir utiliser, sur son téléphone ou sa tablette, pour avoir accès à toutes ses informations sur ses clients. Pour sa part, le client aura son propre accès et pourra voir ses historiques de transaction, son portefeuille et ses rendements.»