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Un groupe de 13 employés américains de Goldman Sachs a décrié les conditions de travail « inhumaines » auxquelles il faisait face. Évoquant des semaines de 95h et 5h de sommeil par nuit, ces employés se sont plaints à la direction. Affirmant faire preuve d’écoute, le patron de l’institution a toutefois affirmé que la pandémie obligeait tout le monde à se dépasser, rapporte la BBC.

« Cela dépasse le niveau de ‘travailleur acharné’, c’est inhumain/abusif », a réagi un des 13 employés.

Ce à quoi David Salomon, le directeur général de la Goldman Sachs, a répondu : « N’oubliez pas : si nous faisons tous un effort supplémentaire pour notre client, même lorsque nous avons l’impression d’atteindre nos limites, cela peut vraiment faire la différence dans nos performances ».

David Salomon a toutefois souligné être à l’écoute de ses employés. « C’est formidable que ce groupe d’analystes se soit adressé à leur direction », a-t-il affirmé, ajoutant qu’il voulait que Goldman Sachs soit « un lieu de travail où les gens peuvent partager librement leurs préoccupations… »

Surfant sur cette ambiguïté, il a déclaré qu’il s’attendait à ce que ses employés continuent à faire face à la forte demande de la part des clients. Il a souligné la nécessité de relever le défi, en disant que le travail acharné était récompensé.

En parallèle, il a ajouté que son équipe de direction et lui-même prenaient très au sérieux la plainte du groupe de 13 employés.

Un équilibre complexe

Déjà avant la pandémie, le monde de l’investissement avait la réputation d’être très exigeant pour les professionnels du secteur. Le travail à distance a toutefois rendu encore plus floue la frontière entre le bureau et la maison, empiétant largement sur les heures traditionnellement réservées à la vie privée.

Goldman Sachs est loin d’être la seule entreprise où le personnel parle d’épuisement professionnel. Près de 90 % des travailleurs affirment que l’équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie privée se dégrade, selon une enquête récente publiée par le Harvard Business Review auprès de 1 500 personnes dans 46 pays.

À la suite de la plainte de ce groupe d’employés, Goldman Sachs affirme avoir pris des mesures pour lutter contre l’épuisement de ses employés. « Nous accélérons nos efforts pour recruter de nouveaux banquiers juniors dans l’ensemble de la banque d’investissement et nous transférons en interne des banquiers vers les lignes d’activité où les niveaux d’activité sont les plus élevés », a résumé David Solomon.

La PDG de Citi fait preuve de plus de compassion

 La nouvelle patronne de Citi, Jane Fraser, a décidé de réagir avant que des plaintes de nature similaire fassent échos depuis son organisation. Elle a envoyé un mémo décrétant les vendredis sans télétravail et a rappelé au personnel de prévoir autant que possible leurs appels pendant les heures de travail régulières.

Elle a également  fixé un jour férié à la fin du mois de mai, en invoquant « le besoin d’une remise à zéro ».

« Je sais, d’après vos commentaires et ma propre expérience, que le flou actuel qui marque la frontière entre la maison et le travail, et l’intensité que représente une journée de travail en temps de pandémie, ont eu des répercussions sur notre bien-être, a-t-elle signalé dans le mémo. Ce n’est tout simplement pas viable. »

Elle a précisé que lorsque le travail débordait sur les fins de semaine, les nuits et l’aurore, cela nuisait à la capacité de bien recharger ses batteries, ce qui au final ne servait ni les intérêts  de l’employé ni ceux de l’entreprise.

Elle a demandé finalement à ses employés de s’exprimer avant qu’il ne soit trop tard. « Si vous avez besoin de davantage de temps pour une remise à zéro, ce n’est pas un signe de faiblesse ; nous ressentons tous la lassitude. »