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Le CELIAPP proposé dans le dernier budget du gouvernement fédéral a suscité des sentiments mitigés chez les conseillers.

Ty Cooke, conseiller en gestion de patrimoine chez Orlic Harding Cooke Wealth Management Group, une unité de Richardson Wealth à Burlington, en Ontario, le décrit comme « un outil très puissant » permettant aux jeunes générations d’accéder à la propriété. La contribution déductible d’impôt de 8 000 $ par année étant l’aspect que lui-même trouve le plus attrayant.

Cependant, il a déclaré que la limite de contribution à vie de 40 000 $, « bien qu’elle aide à verser un acompte, ne sera pas suffisante pour le prix moyen d’une maison de plus de 800 000 $ ».

Ahmed El-Shaboury, conseiller associé chez Assante Capital Management à Ottawa, est d’accord. Le CELIAPP « est certainement un pas dans la bonne direction, [mais] j’aurais espéré que les limites soient supérieures à 40 000 $, souligne-t-il, ce n’est pas suffisant pour les prix des maisons que nous voyons aujourd’hui ».

L’expert rappelle également que les particuliers ne peuvent pas utiliser à la fois le CELIAPP et le Régime d’accession à la propriété (RAP). Le RAP permet à un acheteur d’une première maison de retirer jusqu’à 35 000 $ de son REER pour acheter ou construire une maison, à condition de rembourser les fonds dans les 15 ans.

« C’est l’un ou l’autre. Je pense que c’est un des gros inconvénients de cette mesure, précise-t-il. Si l’on combine les 40 000 $ du CELIAPP et les 35 000 $ du RAP, l’acheteur d’une nouvelle maison aurait reçu 75 000 $. Si on parle d’un couple, c’est 150 000 $. C’est une bonne mise de fonds pour le marché du logement que nous connaissons actuellement. »

Malgré ces préoccupations, Ahmed El-Shaboury et Ty Cooke recommanderaient tous deux le CELIAPP aux clients qui achètent leur première maison.

Selon Ahmed El-Shaboury, le fait de cotiser au CELIAPP aidera les clients qui terminent leurs études postsecondaires, qu’ils aient ou non des projets immédiats d’achat d’une maison.

Outre le fait que les cotisations sont déductibles d’impôt et que les retraits sont libres d’impôt, « les consommateurs ont 15 ans pour faire cet achat. S’ils ne le font pas, ils peuvent, en fin de compte, le transférer dans un REER », rappelle Ahmed El-Shaboury considérant ce point comme un avantage.

L’expert assure qu’il parlera du CELIAPP aux clients âgés de 20 à 30 ans qui n’ont jamais été propriétaires d’une maison.

Plus précisément, il parlera à l’un de ses jeunes clients, un professionnel qui travaille et qui maximise ses cotisations à un REER et à un CELI. Les deux ont discuté de son entrée sur le marché de l’habitation, mais il trouvait les prix trop élevés.

« Je lui dirai : « Une fois que ces programmes seront disponibles en 2023, en plus de vos cotisations au REER et de votre cotisation non imposable, vous pourrez ajouter 8 000 $ par année. Ce montant sera déduit de votre revenu. C’est donc un grand avantage pour vous. Vous continuerez à ajouter les 8 000 $ pendant les cinq prochaines années et vous laisserez ensuite le compte fructifier » », affirme-t-il.

Ty Cooke proposera également le compte à certains de ses clients, principalement ceux qui viennent de terminer leurs études et qui n’ont jamais été propriétaires. Mais en fin de compte, il recommandera le compte s’il correspond aux besoins et aux objectifs spécifiques du client.

« Le fait que vous bénéficiez d’une déduction fiscale comme dans le cas d’un REER, mais que vous ayez la possibilité de le retirer en franchise d’impôt – vous avez essentiellement deux des plus grands avantages d’un REER et d’un CELI réunis en un seul, et il fournit un montant plus élevé que le [RAP] », constate-t-il.

Cependant, Zainab Williams, de Elleverity Wealth Management à Milton, en Ontario, estime que les clients qui ont commencé à utiliser des comptes existants pour épargner en vue d’un versement initial devraient généralement maintenir le cap.

« S’ils ont déjà commencé à épargner par l’entremise de leur REER, il ne serait pas avantageux d’arrêter et de [reprendre] l’épargne par l’entremise du CELIAPP, dit-elle, puisque la proposition interdit d’utiliser à la fois le CELIAPP et le RAP. De plus, vous ne pouvez pas transférer la totalité des 35 000 $ de votre REER dans votre compte CELIAPP en raison de la limite de cotisation annuelle de 8 000 $. »

Étant donné que les droits de cotisation au CELIAPP ne sont pas reportés et que les droits de cotisation au CELI le sont, Zainab Williams indique que les clients qui doivent choisir entre cotiser aux deux comptes devraient d’abord utiliser le CELIAPP. « De cette façon, ils ne perdent pas leurs droits de cotisation au CELI », précise-t-elle.