
Bien que les États-Unis aient commencé à reculer sur certaines menaces tarifaires, l’incertitude créée par la politique commerciale américaine erratique commence à peser sur l’économie canadienne — ce qui incitera probablement à reprendre les réductions de taux le mois prochain, selon la Financière Banque Nationale (FBN).
Dans un nouveau rapport, la FBN souligne que, même si le taux tarifaire effectif reste pour l’instant relativement bas, l’incertitude liée à l’évolution constante de la politique commerciale américaine a des effets économiques tangibles. Comme le résume le rapport : « les entreprises sont paralysées par le manque de visibilité ».
« Alors que les intentions d’investissement laissaient présager une reprise en 2025 il y a quelques mois, la situation a radicalement changé, de nombreux projets étant désormais en suspens », indique l’institution, citant les données de la dernière enquête sur les perspectives des entreprises — qui a vu les intentions d’investissement chuter à des taux qui n’ont été égalés que par les précédents chocs négatifs majeurs, tels que la crise financière et la pandémie.
L’effet de cette incertitude élevée « commence également à se refléter sur le marché du travail, qui montre à nouveau des signes d’affaiblissement », rapporte la FBN, notant que les intentions d’embauche sont tombées à leur niveau le plus bas depuis des années, que le taux de chômage a augmenté au cours des deux derniers mois et que l’emploi dans le secteur privé a diminué de 75 000 postes.
L’incertitude croissante pèse également sur le marché du logement.
« Les ventes de biens immobiliers résidentiels ont chuté de 31 % depuis novembre dernier, atteignant des niveaux jamais vus pendant la pandémie ou la récession de 2008-2009. »
Dans ce contexte, la FBN prévoit une légère récession aux deuxième et troisième trimestres, avec une croissance du PIB sur l’ensemble de l’année de seulement 1,1 % en 2025, et un taux de chômage atteignant 7,4 % au quatrième trimestre.
En réponse, la FBN s’attend à de nouvelles baisses de taux de la part de la Banque du Canada.
« Compte tenu de la détérioration des conditions économiques, nous pensons que la pause dans l’assouplissement de la politique monétaire de la Banque du Canada sera de courte durée et que les réductions de taux d’intérêt reprendront en juin », explique la FBN.
Bien que les signes d’une reprise de l’inflation aient pu maintenir la banque centrale sur la touche en avril, « cette reprise de l’inflation est probablement une anomalie temporaire », soutient l’institution.
« Pour l’instant, nos stratèges en matière de taux d’intérêt prévoient une réduction du taux directeur à 2,0 % d’ici la fin de l’année, ce qui serait suffisant étant donné que le gouvernement fédéral a également l’intention d’intervenir pour limiter les dégâts économiques. »