Mes premières années comme conseiller : réussir malgré des débuts difficiles
Bloomberg

L’objectif du jeune homme n’était pas de compenser la perte de ses revenus en effectuant des placements; il voulait plutôt savoir ce qu’il devait faire pour travailler lui aussi dans le domaine de la finance.

« Trois mois plus tard, je décrochais mes titres de représentant en épargne collective, de représentant en assurance de personnes, de même que mon permis de courtier hypothécaire», raconte-t-il.

Éric Charbonneau revenait ainsi à ses premières amours. «Dans le cadre de mon cours d’éducation au choix de carrière, au secondaire, j’étais allé passer une journée dans une banque, et j’avais adoré ça. Au cégep, je me suis donc orienté vers l’administration, et j’ai essayé de décrocher des stages dans des institutions comme Nesbitt Burns ou TD. Comme ces tentatives ont toutes échoué, j’ai décidé de fonder une compagnie d’informatique avec un ami», dit-il.

C’est d’ailleurs grâce à cette expérience qu’il avait été embauché par Agilent Technologies, une ancienne filiale d’Hewlett-Packard.

Une fois ses permis de conseiller en poche, Éric Charbonneau s’est joint au cabinet de son propre conseiller financier, en tant que représentant autonome. Mais à peine avait-il commencé à recruter des clients qu’il est tombé gravement malade. «On m’a diagnostiqué un cancer des poumons et j’ai dû subir l’ablation d’un lobe complet. Même s’il n’y a pas eu d’autres complications, comme des métastases, j’ai quand même été obligé de prendre un temps d’arrêt.»

À son retour au travail, le jeune conseiller a décidé de louer un bureau. «J’aurais pu travailler à partir de la maison, mais j’avais peur de ne pas avoir la discipline nécessaire pour y arriver. En me rendant au bureau, je rencontrais d’autres professionnels, et nous échangions des trucs. D’ailleurs, il n’y avait rien qui me motivait plus que de voir que les autres avaient rencontré plus de clients que moi pendant la semaine; ça m’incitait à me dépasser encore plus durant les semaines suivantes», indique-t-il.

Pour bâtir sa clientèle, Éric Charbonneau a d’abord sollicité son bassin naturel, ainsi que les nombreux contacts de son père, qui est entrepreneur général. «J’ai fait un seul « cold call », et ça s’est très mal passé. L’appel a duré tout au plus deux minutes, mais ça m’a paru une éternité. Cette méthode n’est pas faite pour moi; pour croître, j’ai plutôt misé sur les références.»

En 2007, le conseiller qui l’avait pris sous son aile lui a fait part de son intention de vendre son cabinet  Groupe financier Strategia. «Il m’a demandé si j’étais intéressé à le racheter, en me disant que j’avais tout ce qu’il fallait pour prendre sa relève. À cause de mon manque d’expérience, j’étais un peu hésitant, mais après avoir pesé le pour et le contre, j’ai finalement accepté de relever le défi.»

Bien que la transition se soit très bien déroulée, Éric Charbonneau n’avait pas prévu que les marchés s’effondreraient l’année suivante. Pour passer à travers cette tempête, il a interrogé plusieurs conseillers expérimentés et il a invité ses clients à participer à une conférence avec un gestionnaire de portefeuille. Malgré tout, il estime avoir perdu 10% de sa clientèle.

« Tout comme mon cancer, c’était un dur moment à traverser. Mais maintenant que j’ai survécu à tout ça, je me dis qu’il n’y a vraiment rien à mon épreuve!», lance celui qui est aujourd’hui à la tête de Groupe financier Strategia.