Gracieuseté

Il aurait pu devenir astrophysicien ou docteur en neurosciences. Vladimir Buslayev a plutôt choisi de faire carrière dans la finance. « En voyant les défis que ma famille a dû surmonter quand elle a émigré de l’Ukraine, j’ai pu constater l’impact concret de la finance sur la vie des gens », dit le conseiller de 22 ans associé chez IG Gestion de patrimoine depuis novembre 2021.

Vladimir Buslayev a commencé à servir ses premiers clients à l’âge de 19 ans. « Après l’école, j’enfilais mon costume et j’embarquais dans ma voiture pour aller rencontrer des clients. » Concilier travail et études n’a pas été de tout repos. « J’ai finalement décidé de ralentir l’accélération professionnelle pour me consacrer davantage à mes études », raconte-t-il avec sagesse.

Le jeune homme a commencé à s’intéresser de près à la finance durant ses études en sciences humaines au Collège Brébeuf. Il donne alors un coup de main à son beau-père, courtier hypothécaire, sur quelques dossiers. Il travaillera ensuite brièvement dans ce secteur et songera même à y faire carrière avant de s’orienter vers le conseil. « Dans un dossier hypothécaire, la relation avec le client prend fin à l’achat de la maison. J’avais envie de développer la composante relationnelle à plus long terme. »

En juin 2019, tout en commençant un baccalauréat en finance à HEC Montréal, il se joint à l’équipe de SFL Nord-Ouest afin d’ajouter l’expertise en assurance à son expérience. Au cours de cet emploi, il explore la planification financière, un domaine qui répond davantage à ses attentes, « car il permet d’accompagner les clients dans tous les aspects de leurs finances ».

Relation multigénérationnelle

En novembre 2021, il intègre l’équipe de Vicken Durgerian chez IG, dans l’Ouest de l’île de Montréal, comme conseiller en sécurité financière. Il devient associé quelques mois plus tard.

Composée de quatre personnes, l’équipe de Vicken Durgerian gère un volume d’actifs de 110 millions de dollars pour un actif moyen par client de 450 000 $. La clientèle se compose principalement d’entrepreneurs qui ont des besoins particuliers en planification fiscale. Vladimir Buslayev souhaite établir avec eux une relation qu’il qualifie de « multigénérationnelle ». « J’aimerais les suivre tout au long de leur vie, les voir avoir des enfants, les accompagner dans l’achat de leur première maison et de leur chalet », illustre-t-il.

Entre-temps, il obtient ses permis d’exercice et suit plusieurs cours sur les fonds communs de placement. Son baccalauréat en finance en poche, en avril dernier, il se lance dans un certificat en planification financière. « J’ai toujours aimé être occupé. Cela fait partie intégrante de ma vie. Je reste fidèle à moi-même », dit-il en riant.

Les études avant tout

Arrivé au Canada à l’âge de quatre ans, élevé par une mère et une grand-mère diplômées universitaires qui ont quitté des carrières prometteuses en Ukraine dans l’espoir d’un avenir meilleur, Vladimir Buslayev a été formé très jeune à la valeur des études.

Le garçon excellait dans les matières scientifiques et a été vivement encouragé dans cette voie par son entourage. « Ma mère a vraiment poussé mon éducation. Elle me formait à la maison, m’achetait des livres de maths. Je fréquentais une école privée russe deux fois par semaine », raconte le jeune homme qui maîtrise parfaitement le français, l’anglais, le russe et connaît le mandarin.

Audacieux et charismatique

« Vladimir Buslayev est un homme très spécial. Il est aventureux, audacieux, mais surtout charismatique », décrit sa biographie sur le site Internet du Collège Sainte-Anne, où il a participé au programme Défi Monde durant ses études secondaires.

Cette formation l’a mené en Chine, puis en Inde, où il a contribué à la création d’une classe d’enseignement de l’anglais dans une école primaire. Une expérience qui l’a marqué. « Ces années ont constitué la meilleure période de ma jeunesse. Elles m’ont apporté une ouverture d’esprit et une façon de penser différente qui me sont utiles aujourd’hui dans mon travail », ajoute le passionné d’échecs et de mathématiques.

La valeur de l’argent

Comment ce Z né en janvier 2000, représentant d’une génération réputée peu intéressée par la valeur de l’argent, envisage-t-il la finance ? « Après la pandémie, beaucoup de jeunes privilégient la valeur du moment présent à celle de l’argent, car ils n’ont pas eu la chance de profiter normalement de la vie », observe-t-il.

Il constate que certains de ses amis dépensent sans faire de budget. Certains jeunes parmi ses clients ont déjà accumulé un montant d’épargne important, mais il leur manque l’éducation financière de base pour savoir gérer leurs finances. « Je viens de terminer mes études universitaires et j’ai l’impression de seulement commencer à apprendre sur la finance », illustre-t-il.

Un des défis pour les jeunes, selon lui, réside dans le fait que l’industrie est peu séduisante de prime abord. « La finance a longtemps été associée à des hommes sérieux en veston gris qui utilisent des mots compliqués. Ça a l’air de quelque chose de ‘pas le fun’. » Il aimerait que l’éducation financière soit plus présente et qu’on enseigne aux jeunes certaines bases sur la finance, comment bâtir son crédit par exemple.

Intelligence artificielle et fintechs

Vladimir Buslayev porte un regard neuf sur plusieurs facettes de l’industrie. Il croit notamment que certains processus administratifs chronophages pour les conseillers pourraient être optimisés grâce aux technologies issues de l’intelligence artificielle et aux fintechs.

« L’IA peut amener la profession à un autre niveau en permettant des planifications financières plus poussées, par exemple pour repérer le meilleur scénario de décaissement à la retraite. »

Le travail des conseillers est donc amené à évoluer considérablement au cours des prochaines années, estime-t-il. « Ils devront aller chercher des expertises plus pointues, notamment en informatique, pour exécuter les scénarios mis en place par les logiciels pilotés par l’intelligence artificielle. »

Sources d’espoir pour l’Ukraine

Les derniers mois ont été difficiles sur le plan émotionnel pour Vladimir Buslayev. « J’ai encore de la famille en Ukraine. C’est un sujet qui me touche », dit-il la gorge serrée, confiant avoir eu parfois du mal à dormir au début des événements. « Ma grand-tante est toujours à Kyiv. Elle a dû se cacher dans des souterrains. Le quartier où j’ai grandi a été bombardé. Des bâtiments de mon enfance ont été rasés. »

« Cela me brise le cœur pour les Ukrainiens », soupire-t-il. La résistance et la force de son peuple sont cependant à ses yeux une grande source d’espoir pour l’avenir. « Je suis très fier de voir le courage des gens, en particulier des jeunes et des femmes », dit-il, saluant du même souffle l’importance du secours apporté par la solidarité internationale.